Au procès de viol et actes de barbarie, à Riom, les accusés se renvoient la balle
Qui a fait quoi dans cette affaire de viol et actes de barbarie jugée depuis le 25 mars devant la cour criminelle du Puy-de-Dôme, à Riom. Les cinq accusés reconnaissent avoir participé au supplice de Grégoire mais se renvoient la balle pour l'essentiel.
A chaque interrogatoire des accusés, la présidente Diane Amacker passe en revue les coups infligés à Grégoire (prénom d'emprunt), les humiliations qu’il aurait subis. C’est un film d’épouvante : boire de l’urine, s’habiller en femme, manger du pâté pour chien, se mettre à genoux sur une barre de fer… Grégoire a été le souffre-douleur durant deux mois, entre mars et mai 2020, des cinq accusés - Roland Léonard, Thierry Priva, Audrey Servier, le couple Mickaël et Virginie Manceau - jugés depuis lundi 25 mars devant la cour criminelle du Puy-de-Dôme, à Riom, dans cette affaire de viol et d’actes de barbarie. Qui a fait quoi ?
"Je reconnais mes torts mais je ne suis pas là pour encaisser les conneries que je n’ai pas faites"
Surnommé JohnnyLe 16 mars 2020, le groupe se retrouve à fêter l’anniversaire de Virginie Manceau, dans la petite maison de bourg de Roland Léonard, à Riom. Un homme surnommé Johnny car il prétend avoir été garde du corps du chanteur, que Grégoire connaissait depuis qu’il avait croisé aux Restos du Cœur. Mais l’ami se serait mû en véritable bourreau. Reconnaissant a minima les coups qu’ils ont portés à la victime pour de divers motifs - ll m’a traité de salope » (V. Manceau), « Il draguait ma femme », (M. Manceau), « Il a insulté ma mère » (A.Servier) - c’est Roland Léonard qu’ils accablent.
Tous ont dit avoir eu peur de lui. Une peur paralysante qui les aurait empêché de quitter la maison et empêcher de réagir. La peur aussi, explique Thierry Priva, accusé de viol, qui l’a poussé à exécuter les ordres de Roland Léonard, d’enfoncer une sucette dans l’anus de la victime et de lui demander une fellation.
Jeu sexuelEntendu ce mardi 26 mars, en fin de journée, Roland Léonard, 52 ans, accusé de complicité de viol, a affirmé n’avoir « rien demandé à Priva ». « Tous, on faisait un jeu sexuel avec des dés et des gages, mais je voulais pas qu’on le fasse au réel. Quand j’ai vu la sucette, j’ai dit non ». La fellation ? « Il n’y en a pas eu et j’ai dit de ne pas le faire ».
Le quinquagénaire, pris de vertiges, s’assoit dans le box et baisse le micro. Il admet avoir brûlé Grégoire sur le torse avec une assiette sortie du mirco-onde, de l’avoir frappé parce qu’il avait frappé son chien. A-t-il privé Grégoire de nourriture ? Non. « Il a perdu 30 kilos en deux mois… » reprend la présidente. « Je ne me l’explique pas ». Le pâté pour chien servi à la victime ? « Je me suis trompé d’assiette ». La couche portée par Grégoire ? « C’est Virginie qui lui a mise. Grégoire voulait pas l’enlever ». La croix gammée qu’il a tatouée sur l’épaule de Grégoire ? « J’ai voulu faire une croix bouddhiste ». Roland Léonard, 52 ans, évoque un complot ourdit par les époux Manceau et Audrey Servier pour « [m]’envoyer en prison ». « Je reconnais mes torts mais je ne suis pas là pour encaisser les conneries que je n’ai pas faites ».
Le verdict est attendu jeudi 28 mars.
Leïla Aberkane