Qui est ce pompier creusois, qui consacre sa vie aux habitants de Pontarion ?
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Chef du centre de secours de Pontarion, le Capitaine Laurent Courty a dû faire face avec ses hommes à la terrible tornade du 9 mars 2023. Portrait d’un héros du quotidien, qui a sa commune chevillée au cœur.
Comme tous les matins, après avoir nourri sa centaine de vaches, le Capitaine Laurent Courty se rend au centre de secours de Pontarion. En se garant au 4 chemin Perrières, ce pompier volontaire depuis trente ans, fait face à la toiture entièrement bâchée du château médiéval de la commune. Ces stigmates, les plus symboliques de la tornade du 9 mars 2023, sont une douloureuse piqûre de rappel quotidienne.
« J’étais en train de travailler sur l’exploitation quand la tornade est passée, se souvient Laurent Courty, chef du centre. Ma femme m’a tout de suite téléphoné. En arrivant en ville, j’ai découvert un cataclysme. Il y avait des cheminées, des tuiles et des poubelles partout dans les rues. J’ai immédiatement appelé notre direction pour leur dire qu’on faisait face à une catastrophe ».
200 interventions en trois joursEn quelques minutes, l’ensemble des pompiers de la caserne, tous volontaires également, rejoignent le capitaine Courty. « Certains avaient pourtant subi des dégâts importants chez eux, mais ils sont venus spontanément au centre de secours, dit-il en essayant de contenir son émotion. Je ne saurais pas l’expliquer, c’est dans la nature de mes hommes. Ils ont d’abord été chez les autres et quand tout était fini, ils se sont occupés de leur maison ».
Le flux d’appels continue d’augmenter. Les pompiers de Pontarion sont dépassés et ne peuvent plus répondre seuls aux demandes. Des femmes et des hommes de tous les centres du SDIS 23 viennent rapidement leur donner un coup de main. Quelques heures plus tard, par solidarité, des pompiers de Charentes, de Haute-Vienne et de Corrèze arrivent également pour les épauler. En trois jours, tous ensemble, ils réaliseront plus de 200 interventions. Soit quasiment le même nombre que sur une année normale à Pontarion. Et pourtant malgré l’ampleur de la crise, aucun habitant n’a été blessé par le passage de la tornade.
Selon Laurent Courty, le regard des Pontarionnais sur leurs pompiers n’a pas changé depuis cette crise, car elle a toujours été bonne. Il tient cependant à rappeler qu’il manque d’effectifs. « Le problème c’est la journée, lorsque les gens travaillent. Il nous faut plus de personnel disponible surtout l’après-midi ».
Une affaire de famille chez les CourtyÉtonnamment, cet épisode douloureux n’est pas celui qui a le plus marqué sa carrière de pompier. « J’ai été envoyé en renfort en Charentes Maritimes lors de la tempête Xynthia, se rappelle-t-il en essuyant ses verres de lunettes. Tout était dévasté, inondé. Il y avait des maisons entières détruites. Elles avaient complètement disparu de leurs emplacements ».
Aujourd’hui âgé de 62 ans, cet ancien élu municipal se rapproche de la retraite. Il passe beaucoup de temps avec ses jeunes recrues. « Je leur dis qu’il faut y croire, avoir envie de porter secours, d’aider les autres, et d’aimer son prochain, détaille-t-il. Quand ils s’engagent, à nous de les élever comme des enfants, comme mes chefs m’ont élevé quand je suis arrivé ici, il y a 30 ans ».
Toute sa famille s’est engagée avec lui au sein du SDIS. Sa femme Sylvie le rejoint à la caserne en 1997 (elle est à la retraite depuis trois ans), puis son fils Benoît en 2007. Ils passent beaucoup de temps avec ce dernier car ils gèrent ensemble l’exploitation agricole. Et même s’ils consacrent leur vie au service des autres, le bien-être de leurs bêtes, des limousines et des blondes d’Aquitaine, restent au quotidien « leur première priorité ».
« Ici, c’est mon père le chef, c’est lui qui décide, alors qu’au boulot quand on n’est pas d’accord, on se le dit franchement, détaille le caporal-chef Benoît Courty, 33 ans. Mais on n’est pas rancuniers. On va se fâcher et cinq minutes après, c’est terminé ». Tout petit, il regardait son père et sa mère avec des yeux emplis d’admiration. Ils souhaitaient déjà les rejoindre. Il s’inscrit d’ailleurs chez les jeunes pompiers en 1999, avant de pouvoir rejoindre ses parents au centre de secours, huit ans plus tard.
« Nous sommes souvent partis en interventions tous les trois, détaille-t-il. Mais nous n’avons jamais agi différemment parce que nous étions en famille. Nous savons ce que nous avons à faire et nous ne mélangeons pas tout. Par contre si quelque chose nous a marqués, ça peut nous arriver d’en parler autour de la table tous ensemble à la maison ». Benoît Courty appréhende un peu la retraite pour son père, lui qui est totalement dévoué au centre de secours de Pontarion. « Ça va lui manquer mais il sera toujours dans les parages, dit-il en souriant. Cela sera bien pour lui de passer la main, mais ça va être compliqué je pense ».
Un chef à l’écoute de ses hommesUn sentiment que partage l’adjudant-chef Jean-Francois Devautour, pompier depuis 23 ans à Pontarion. « Il n’arrivera pas à couper le cordon, assure cet employé de mairie de 43 ans. Je l’ai toujours connu le capitaine. Nous sommes très complices malgré son grade. Il fait beaucoup de blagues, mais il est aussi très à l’écoute de nos recommandations. Tout le monde se parle dans le centre ». Quand on lui demande si le capitaine va lui manquer, il lâche difficilement un « ben oui » empli de peine et de pudeur.
Un sixième incendie en dix jours vers Reterre
Le première classe Maxime Charrier, pompier seulement depuis deux ans, salue également la gestion de Laurent Courty. « Le capitaine est toujours très accessible et très humain, assure ce chef d’entreprise dans le chauffage et l’isolation. Il rend les choses faciles et il est toujours disponible pour parler avec nous ». Tous assurent que la direction départementale et les cadres du centre commencent déjà à préparer le futur, notamment au travers de formations qualifiantes. « Il y a forcément des discussions sur la suite, et c’est normal qu’on se pose des questions, conclut Maxime Charrier. Mais l’important c’est d’être toujours en capacité de répondre quand on a besoin de nous ».