Condamné pour avoir violé sa belle-fille dans le Cantal : "J'ai regardé ses yeux, je savais qu'elle était réveillée"
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Âgée de 17 ans, elle dénoncé les faits dans l’instant, permettant une interpellation rapide de l’accusé : un homme a été condamné à huit ans de prison, ce lundi 8 avril, pour avoir violé la fille de sa compagne, en 2021, à Aurillac.
Elle a presque 18 ans, le 27 novembre 2021. C’est un samedi, elle profite d’une grasse matinée chez sa mère quand le compagnon de celle-ci vient s’asseoir sur son lit. Elle émerge, allongée sur le côté. Dans son dos, il en est conscient :
« J’ai regardé ses yeux, je savais qu’elle était réveillée. »
Le récit du quinquagénaire et de l’adolescente se rejoint, un temps. Ils décrivent des caresses sur le dos, les seins, le sexe. Il baisse son pyjama, dégrafe le soutien-gorge, lui demande s’il peut continuer. Elle ne répond pas, immobile, « tétanisée ».
Elle décrit ensuite un viol, alors qu’il explique s’être masturbé, derrière elle, dans le lit. Puis elle part, en claquant la porte, alors qu’il l’apostrophe : « Tu aurais pu me dire non ». Pendant que cet ancien militaire refait le lit de l’adolescente et met son tee-shirt à laver, elle dénonce les faits. Cinq heures plus tard, l’accusé, 54 ans, est interpellé, dans le calme, chez lui.
Il appelle l'accusé « le monsieur ». C'est avec cet homme que sa compagne est partie, et c'est cet homme qui a violé sa fille. Le jour du viol, il n'a pensé qu'à sa fille, la menant à l'hôpital, l'écoutant, l'accompagnant. Depuis, avec sa fille, ils sont liés, « on en parle, beaucoup, pour qu'on soit fort tous les deux, ensemble, que l'on continue à vivre, que l'on surmonte. » Un comportement salué par l'expert psychologue, qui note la résilience de la jeune femme, en gardant une inquiétude pour l'avenir : « C'est une bombe à retardement », craint Me Marion Fournier, son avocate. Une chose a changé : les contacts physiques sont devenus rares. « Il y a quelque chose qui s'est cassé, regrette-t-il. Le lendemain matin, je ne l'ai pas réveillée. Je n'ai pas osé rentrer dans sa chambre. »
Détenu depuis sa mise en examen, il comparaissait, ce lundi 8 avril, devant la cour criminelle du Cantal. Inconnu de la justice, apprécié de tous, le quinquagénaire a laissé son entourage abasourdi en reconnaissant rapidement les attouchements.
Il nie le violMais il a beaucoup fluctué pendant l’enquête, s’est parfois cogné à la réalité du dossier, par exemple en assurant au juge d’instruction que son ADN resterait introuvable ; les analyses en révèlent sur les sous-vêtements de la jeune femme.
À l’audience, la jeune femme est accompagnée par son père. Sa mère est toujours dans sa vie, mais celle-ci reste au fond de la salle, assume garder des sentiments pour l’homme qu’elle dénonce. C’est compliqué, mais la jeune femme reste claire, limpide. Elle répète le même récit, jamais contredit par l’enquête, qui se termine par un viol qu’il nie.
Le comportement de la mère a beaucoup interrogé, jusqu'à l'avocate de la défense, Me Depardieu : « Cela me paraît insoutenable, invivable. Je ne peux me l'imaginer. » Elle assume avoir laissé son ex-mari gérer la crise, le jour des faits, puis elle s'est retrouvée entre sa fille et un homme pour qui elle garde des sentiments, « quelqu'un qui est très proche pour moi ». Aujourd'hui, sa fille continue de vivre une semaine sur deux chez elle, comme avant. Mais la jeune femme s'étonne qu'elle ait gardé contact avec l'accusé. « Je n'ai pas demandé la permission, explique sa mère. Mais je ne l'ai jamais caché. »
Comme un contraste, il reste flou, se contredit, reconnaît avoir « fauté ». Il tente de réfuter toute notion d’attirance sexuelle, se reprend finalement. Il hésite, parle de « honte. »
huit ans de prison« C’est une manière de retirer toute substance à son comportement, ce n’est pas entendable, tance Charlotte Trabut, l’avocate générale. Il est dans le déni, la mise à distance des faits, pour ne pas les expliquer, ni les comprendre », conclut-elle, en requérant dix ans de réclusion criminelle. « Il ne fait pas face, sa parole n’est pas fiable. »
Le quinquagénaire a été condamné à huit ans de prison. À sa sortie, il aura un suivi sociojudiciaire pendant cinq ans, avec obligation de soin, et interdiction de rentrer en contact avec la victime, à qui il doit verser 15.000 €. Il aura interdiction de revenir dans le Cantal pendant dix ans, et de pratiquer toute activité en lien avec des enfants pour toute la fin de sa vie.
Pierre Chambaud