Après la phase de démolition, la dépollution de la friche Engie va démarrer à Aurillac
Après la déconstruction des bâtiments, la Ville d'Aurillac (Cantal) attaque le chantier de dépollution du sol de la friche Engie, une ancienne usine de production de gaz de houille.
Le stationnement est interdit jusqu’au vendredi 12 avril sur le cours d’Angoulême et sur le parking du Champ-de-Foire (foirail). La raison ? Une équipe de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) sonde le sous-sol des abords de la friche Engie afin de vérifier si le site ne recèle pas des vestiges, en amont des travaux de dépollution à venir. De quoi rappeler des souvenirs à Pierre Mathonier, maire d’Aurillac, quand un jour de novembre 2013, des vestiges médiévaux mis au jour sur le site de futurs logements sociaux et d’un parking, qui ne se feront jamais, ont permis de découvrir l’histoire oubliée de l’abbaye Saint-Géraud, haut lieu du pèlerinage au Moyen Âge ?
« C’est différent. Contrairement aux jardins qui entouraient l’abbatiale, la friche Engie est un site qui a déjà été bouleversé : il est exploité depuis le XIXe siècle. Selon les scanners effectués en amont du chantier pour voir l’état du sol, il présenterait un intérêt peu significatif selon les témoignages patrimoniaux. »
9.000 m2 aux portes du centre-villeDepuis le début de l’année, le terrain, qui a longtemps hébergé un ancien site industriel de 9.000 mètres carrés, aux portes du centre-ville, a été mis à nu. La déconstruction des bâtiments s’est étalée de la mi-octobre à la mi-janvier. À partir de la semaine prochaine, place au groupement d’entreprises Perrier TP et Colas environnement pour la dépollution. Le sol de cette ancienne usine, qui a produit du gaz de houille (le gaz piégé dans des veines de charbon, composé à près de 95 % de méthane), de la fin du XIXe siècle jusqu’en 1960, est pollué aux HPA (Hydrocarbures aromatiques polycycliques) et BTEX (Benzène, toluène, éthylbenzène et xylène), des composés organiques volatils mono-aromatiques que l’on trouve sur les sites industriels.
« L’entreprise va creuser jusqu’à six mètres de profondeur maximum. Les matériaux pollués seront évacués dans une filière de traitement. On en réutilisera une partie, ainsi que du concassage et des gravats pour combler le terrain. »
Tout doit être fini au 31 décembre 2024Concernant la date, la seule certitude est que les travaux de dépollution doivent être achevés au 31 décembre 2024 afin de pouvoir bénéficier de l’intégralité des subventions accordées. Entre l’acquisition de l’emprise, la dépollution des sols, la déconstruction et le désamiantage des bâtiments puis la réhabilitation du terrain et des infrastructures (voirie, réseaux, espaces publics et espaces verts), le coût total de l’opération est estimé à 7,2 millions d’euros hors taxes. La municipalité est soutenue à hauteur de 3,2 millions par l’État. Elle bénéficie de 1,26 million du fonds friches et de 1,82 million en provenance de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Engie, le dernier exploitant, débourse 2,8 millions pour dépolluer les deux hectares sur lesquels la Ville souhaite relocaliser l’office de tourisme, proposer un espace de restauration, de l’habitat, une halle d’exposition, du stationnement…
Dans les coulisses du chantier de démolition de la friche Engie, à Aurillac
Une inauguration en 2028-2029 ?Pierre Mathonier ne veut pas perdre de temps sur ce projet « capital au niveau touristique et culturel » pour le devenir de la cité géraldienne. Les opérations de construction seront déclenchées « rapidement après la dépollution de la friche », souhaite-t-il. « Nous serons accompagnés par un bureau d’études qui travaillera sur ce projet en essayant de consigner tous les aspects initialement prévus dans le projet Europan, qui invitait des architectes à repenser Aurillac. Tout ne se fera pas d’un seul coup. On doit réfléchir à l’occupation du site avec tous les partenaires qui pourraient intervenir », estime Pierre Mathonier, qui imagine une inauguration pour 2028-2029.
Les vestiges Saint-Géraud pour fin 2024. En 2013, le projet de construction d’un ensemble immobilier jouxtant la partie sud l’abbatiale Saint-Géraud a mis au jour des vestiges non soupçonnés et d’un intérêt exceptionnel pour les scientifiques. Cette découverte majeure pour la connaissance de l’histoire de la cité géraldienne a conduit très rapidement à l’abandon définitif du projet immobilier. Outre la valorisation de ce site patrimonial, la Ville d’Aurillac a souhaité profiter de cette opportunité pour proposer un projet de redynamisation du quartier historique Saint-Géraud : jardins suspendus, terrasses, prairie archéologique, cheminements piétonniers pour relier la place Gerbert, la place Saint-Géraud et le square de Vic, avec l’abbatiale au cœur de ce triptyque, trouée vers la rue du Monastère, réflexion sur la qualification de la rue de la Fontaine-de-l’Aumône (entre le square de Vic et l’abbatiale)… La troisième et dernière phase de ce chantier concerne le cœur d’îlot, avec l’aménagement de pierres de Bouzentès verticales aux murs, jusqu’à la fin de l’année. Les pierres nécessaires au chantier sont stockées place Gerbert. Afin d’assurer la sécurité des usagers, des riverains et des ouvriers, la circulation est maintenue mais le stationnement interdit sur dix places jusqu’au 31 décembre.
Emmanuel Tremet