Royat pourra-t-il loger ses futurs habitants ?

Casse-tête du développement urbain de Royat qui se retrouve sans solution, et avec des constructions séculaires totalement inadaptées.

C’est comme un mur invisible qui se dresse devant l’avenir de Royat. Comment grandir ? Comment s’étendre ? Comment faire dans ces communes à la topographie grimpante et à la densité étouffante pour construire ? Un chiffre, un seul, pour comprendre la situation. 0,8 hectare. C’est, en tout et pour tout, la superficie encore constructible selon le maire de la ville. 0,8 hectare éparpillé façon puzzle.

Selon l’Insee, Royat affiche un taux de près de 25 % de logement non occupés. Mais il s’agit là d’un trompe-l’œil. Un héritage du thermalisme. Des logements secondaires de curistes. En fait, ce ne sont pas 756 logements inoccupés, mais plutôt 113 selon les impôts.Et encore, parmi les 643 logements restants, une bonne centaine de caves, garages, greniers… « La déclaration des impôts par internet a amené beaucoup d’erreurs, estime André Gazet, adjoint à l’urbanisme, qui s’est lui-même fait avoir. Les impôts vont reprendre tout cela au cas par cas cette année. »Reste toujours 113 logements vacants.

Autour de l’église, dans le vieux Royat. Ce sont des logements qui ont 150 ou 200 ans. 20 m² au sol sur trois niveaux, explique le maire Marcel Aldo. Personne n’en veut. Ce sont souvent des héritages, avec des propriétaires qui ne veulent pas vendre.

Selon André Gazet, il y aurait actuellement six ou sept maisons de bourg en vente, mais ne possédant pas de garage, marque de leur ancienneté. Au début de la rue Nationale, un lieu permettrait « de faire un commerce et trois appartements en haut. Les bailleurs ont visité, mais il faut refaire le plancher et les poutres… C’est comme ça partout. »

Marcel Aledo, maire de Royat.  

Pourquoi ne pas s’étendre alors ? Il y aurait des solutions du côté de Charade, mais là le maire se montre défavorable. Il y a bien eu les Jardins d’Isabelle il y a une dizaine d’années, mais depuis…

D’abord, je veux garder la nature et la vue près de Charade. Et puis, si on vit là-haut, on n’est pas de Royat. Déjà que nous sommes la commune la plus traversée de la Métropole, ces habitants viendraient juste prendre le pain ou déposer les enfants à l’école… 

Ne resterait alors qu’une seule possibilité : la verticalité. Des gratte-ciel à Royat. Un sourire passe sur les lèvres, mais Marcel Aledo reste sérieux. « C’est exactement ce que nous demande le nouveau PLU (plan local d’urbanisme) de la Métropole. » Son adjoint semble aussi consterné. « Il faut trouver des fondations pour cela. Dans le centre, tu tombes une maison, celle d’à-côté est fissurée. Elles sont toutes construites les unes contre les autres. »

Après le casse-tête de l’assainissement des comptes, voici venir celui de l’urbanisme. Mais Royat semble toujours s’adapter aux difficultés. Comme ses frontières avec Chamalières tracées à une heure beaucoup trop tardive. « Dans certains appartements, la cuisine est à Royat et la chambre à Chamalières. » Bienvenue dans une ville pas comme les autres. 

Simon Antony