Deux blessés à coups de couteau lors d'une bagarre à Brive : "J'ai eu peur pour ma vie", explique le prévenu
![Deux blessés à coups de couteau lors d'une bagarre à Brive :](http://www.lamontagne.fr/photoSRC/VVZTJ19dUTgIDAVOBQwd/illustration-tribunal-brive_6870344.jpeg)
Un jeune homme de 25 ans était seul à la barre du tribunal correctionnel de Brive (Corrèze) pour une bagarre qui a mis aux prises, à l'automne 2021, plusieurs dizaines de personnes et la rivalité entre deux quartiers de la ville.
Lors de ses premières auditions, il avait nié en bloc, affirmant même ne pas être à Brive (Corrèze) ce jour-là. Trente mois plus tard, le mardi 9 avril 2024, cette fois devant le tribunal correctionnel, le jeune homme a une tout autre version : oui, il est bien à l'origine des coups de couteau qui ont blessé deux personnes, dont un mineur, à l'issue d'une impressionnante bagarre.
Le qualificatif n'est pas usurpé. Le 10 octobre 2021, vers 5 heures du matin, une rixe, née dans un établissement de nuit de l'avenue Pompidou, va dégénérer en bataille rangée dans les rues du quartier des Chapélies, à l'est de Brive.
À coups de poing ou de barres de fer, une trentaine de personnes se sont affrontées, en plusieurs endroits, pendant vingt à trente minutes, dans le cadre d'une rivalité de quartiers, entre celui de Tujac et celui des Chapélies.
Une soirée en boîte, une forte consommation d'alcool et une "embrouille"Tout le monde se connaît, mais personne ne dit rien. Malgré cette loi du silence, les enquêteurs parviennent à identifier un des participants, un homme de 25 ans aujourd'hui, sorti de prison en janvier 2024, une libération conditionnelle.
Son casier judiciaire est bien chargé, avec des condamnations pour détention, offre ou cession de stupéfiants, prononcées à Brive ou Marseille ; un CV judiciaire qui, selon le procureur de la République, donne le profil d'un "trafiquant chevronné".
Pourtant, la bagarre d'octobre 2021 n'a rien à voir avec la drogue. Une soirée en boîte de nuit, une forte consommation d'alcool et une "embrouille" seraient les engrenages d'une première rixe entre six individus, sur la voie publique, vers 5 heures du matin. Les "renforts" ont rappliqué de tous les côtés.
Le prévenu dit avoir été frappé par "plusieurs personnes", avoir perdu connaissance :
J'ai eu peur pour ma vie. J'étais en panique
Impossible pour lui d'expliquer, devant la juge unique, comment il a eu entre les mains un couteau dont la lame faisait dix centimètres de long. En tout cas, il en a fait usage, comme le montrent les traces ADN qui ont permis de l'identifier.
La lame va d'abord s'enfoncer dans l'abdomen d'un jeune homme, puis dans les fesses d'un adolescent de 16 ans à l'époque, tous les deux conduits aux urgences dans la foulée. Pas forcément des enfants de chœur : le premier est actuellement incarcéré, le second sous contrôle judiciaire, dans le cadre d'autres affaires.
A la barre, le prévenu, qui semble vouloir sortir de la délinquance (il travaille en CDD et dit avoir réduit sa consommation de cannabis) va même jusqu'à les mettre en cause, car deux autres personnes ont été "plantées", ce matin d'octobre 2021. Elles n'apparaissent pas dans le dossier.
En état de "légitime défense" ?La défense s'étonne justement de toutes "ces zones d'ombre" et de voir son client, seul à la barre, "pour l'intégralité d'une bagarre qui a mis aux prises une trentaine de personnes (...) Il ne peut pas porter seul la responsabilité d'une affaire aussi grave."
Le conseil a plaidé la relaxe, mettant en avant un état de "légitime défense" : "Il s'est retrouvé seul face à de nombreux individus armés de barres de fer".
Une version fortement contestée par l'unique partie civile, représentant l'adolescent, et par le parquet ; ils mettent en avant une "disproportion totale" entre coups de poing et coups de couteau. "Ce n'est pas de la légitime défense, c'est de la vengeance" a estimé l'avocate de la partie civile.
Le parquet a insisté sur la "gravité des faits et des comportements", requérant 24 mois de prison, dont 12 avec sursis probatoire durant deux ans et interdiction de porter une arme pendant cinq ans. Le délibéré sera rendu le 2 mai 2024.