Quel est ce chantier à 47 millions d'euros qui va enfin être lancé dans le sud de la Creuse ?
![Quel est ce chantier à 47 millions d'euros qui va enfin être lancé dans le sud de la Creuse ?](http://www.lamontagne.fr/photoSRC/VVZTJ19dUTgIDAVOBQwd/yoann-campocasso-directeur-du-ch-d-aubusson-projet-architect_6872526.jpeg)
Enfin ! Le chantier de restructuration de l’hôpital d’Aubusson est officiellement annoncé : la première pierre sera posée en 2026. Des travaux qui devraient durer quatre ans pour un coût de 47 millions d’euros.
On en parle depuis si longtemps que personne n’est capable aujourd’hui d’en dater la première évocation : « Je dirais qu’on en parle depuis au moins quinze ans », sourit le directeur du centre hospitalier d’Aubusson, bien loin d’être en poste à l’époque d’ailleurs. Las. Après moult déconvenues (dont la dernière en date – l’Ehpad du Chabanou – n’est toujours pas réglée, lire ci-dessous), enfin, au moins une date que personne ne va oublier de sitôt : celle du lancement des travaux pour début 2026.
Deux Ehpad en un, lequel sera opérationnel en 2028Une bonne nouvelle que Yoann Campocasso s’est empressé de partager au personnel avant de l’annoncer officiellement en ce début de semaine, les derniers sujets de blocage étant levés :
"Le terrain a été acquis par le centre hospitalier il y a un an et demi et l’accord sur le nombre de lits a été validé par le conseil de surveillance, l’ARS et le Conseil départemental."
Sur ce terrain jouxtant l’actuel hôpital du Mont, le bâtiment neuf de 3.750 m2 accueillera ainsi 148 lits et six places d’accueil de jour : « Il fallait que le nombre soit adapté au territoire. 28 places seront réservées aux personnes atteintes d’Alzheimer et malades apparentés ».
Cet Ehpad, qui fera de l’hébergement permanent et temporaire, remplacera donc les deux Ehpad actuels du Mont et de Saint-Jean (qui accueillent aujourd’hui respectivement 88 et 80 résidents) dès 2028. Quand commencera alors la rénovation de l’hôpital qui sera réservé, lui, à toute la partie sanitaire : ici, seront donc rapatriées les activités du site de la Croix-Blanche (urgences, médecine, consultations externes…).
Des zones d’espaces verts partagés seront aménagées, tout comme un petit héliport.« Ce bâtiment sera complètement refait et les travaux devraient, là aussi, durer deux ans », poursuit le directeur. Un chantier simplifié par l’étage alors libéré de sa partie Ehpad. Il faudra donc attendre 2030 pour que l’ensemble, avec ces deux bâtiments différenciés mais connectés, soit opérationnel : une paille finalement pour un projet aux allures d’arlésienne pendant un temps.
Des aides financières de l’ARS déjà actéesUn chantier au coût total de 47 millions d’euros dont l’Agence régionale de santé a déjà annoncé deux aides – l’une de 5 millions d’euros pour la partie médico-sociale, l’autre de 6,5 millions pour la partie sanitaire.
"Une deuxième enveloppe pour la partie sanitaire est en cours de calibrage. Et d’autres subventions pourront venir. Le reste sera pris en charge en autofinancement par l’hôpital."
De son côté, l’Ehpad Saint-Jean pourra bénéficier de mesures dérogatoires, assorties de mesures supplémentaires en termes de sécurité, pour fonctionner jusqu’à son déménagement sur le site du Mont. Des mesures dérogatoires déjà accordées en contrepartie de l’engagement pris par le centre hospitalier de réaliser ce chantier d’envergure. Le site de Saint-Jean, comme celui de la Croix-Blanche, tous deux propriétés de l’hôpital, seront ensuite mis en vente.
L’an passé, la situation financière de cet établissement de La Courtine (*) faisait encore peser une lourde menace sur la restructuration de l’hôpital, tant et si bien que deux camps s’affrontaient et qu’un temps, la fermeture de l’Ehpad fut même évoquée. Un nouveau feuilleton sur fond de profonds désaccords mais avec « toujours un dialogue maintenu » qui aboutissait au lancement d’un audit en septembre dernier. Audit aujourd’hui terminé.
"Les cent pages nous ont présentées fin mars. En résumé, il conclut que, un, cet Ehpad ne peut être viable tout seul : il faut au moins 80 lits, il n’en a que 40. Sans le centre hospitalier, Le Chabanou aurait été en faillite. Deux, il y a de très faibles marges de manœuvre. On verse un loyer de 230.000 € par an, qui est deux fois supérieur aux recommandations nationales."
Aujourd’hui, « heureusement, ça ne bloque pas notre projet architectural. Il faudra bien sûr trouver une solution pour La Courtine, l’idée n’étant pas de s’opposer les uns aux autres mais de trouver une solution pour chaque site ».
Trois possibilitésLaquelle pour celui du Chabanou ? Le directeur évoque trois possibilités : « Soit on a des dotations supplémentaires (de l’ARS, du Conseil départemental et de la Com-com de Haute Corrèze Communauté), une baisse des charges et on réfléchit aussi à l’accueil d’un autre public. Soit il n’y a pas de volonté de soutien financier et l’établissement est confié à un autre gestionnaire (la Com-com, un associatif ou un privé). Dernière solution mais qui est inenvisageable, c’est la fermeture de l’établissement. En tout cas, il y a urgence : vu le déficit cumulé, plus on attend, plus il sera important. Et il y a aussi le côté social pour les agents, les résidents et leur famille. L’incertitude pèse ».
(*) Ouvert en 2013, l’établissement est en déficit chaque année. Un déficit qui a aujourd’hui atteint les trois millions d’euros. Le centre hospitalier d’Aubusson verse chaque année un loyer de 230.000 € à Haute Corrèze Communauté, correspondant à l’emprunt de la collectivité. Depuis fin 2022, « ces loyers sont mis de côté à la trésorerie de Santé publique », précise Yoann Campocasso.
Séverine Perrier