Viol d'une enfant de 12 ans approchée sur les réseaux sociaux : un trentenaire nivernais condamné
Ce jeudi 11 avril, la cour criminelle du Cantal a condamné un homme de 36 ans à 16 ans de réclusion criminelle pour avoir violé une enfant de douze ans. Ce Nivernais avait approché la victime sur les réseaux sociaux, avant de la séduire.
Stéphane Juillard y voit un dossier « qui concerne tout le monde », celui de « l'enfer des téléphones pour les enfants ». L'avocat de la mère de la victime résume tristement ce dossier, en deux temps.
— Pierre Chambaud (@Pierre_Chambaud) April 11, 2024D'un côté, il y a cette femme qui propose un environnement sécurisé à la collégienne, dans un village cantalien, et « qui n'imaginait pas le garçon dans le box comme le premier amoureux de sa fille ».
Caché sur les réseaux sociaux, le trentenaire avait séduit et violé une Cantalienne de 12 ans
De l'autre, il y a cette enfant, qui, en février 2022, n'a son portable que depuis un mois. Elle entame rapidement des discussions avec l'accusé, un Nivernais de 34 ans alors. Ils parlent d'amour, puis de sexe. Il vient, deux fois, dans le Cantal. Elle fait sa première fois avec lui, dans un champ, sur une couverture bleue, en avril 2022. Sa mère l'apprend, coupe immédiatement la relation.
ManipulateurSa fille est tombée sur un « prédateur », pour le parquet. À travers son téléphone portable, elle a quitté la sécurité de sa vallée, s'est engouffrée dans un univers bien plus dangereux. Elle ne savait pas. « On est face à une criminalité qui n'a plus de frontières, quelqu'un, par l'intermédiaire des réseaux, peut venir chez nous, dans un village du Cantal, note Stéphane Juillard. Ça aurait pu être ma fille. »
Pour l'avocat général Paolo Giambiasi, les faits sont graves, mais les caractériser est « tragiquement simple ». La relation sexuelle est établie par les messages échangés et par les deux protagonistes, qui ne l'ont jamais niée.
L'enjeu, c'est la peine pour cet homme qui a eu l'occasion de répéter que « l'amour n'a pas d'âge » tout au long de sa sombre vie, marquée par quatre enfants, de trois compagnes différentes, tous placés aujourd'hui. Deux des trois compagnes étaient mineures, bien plus jeunes que lui. Il a été condamné, deux jours après le viol dans le Cantal, à sept ans de prison ferme pour avoir prostitué et frappé plusieurs de ses compagnes. Toutes mineures. Il a, depuis, été condamné pour avoir touché sa fille alors qu'elle avait quatre ans.
La mère de la victime ne le comprend pas et Stéphane Juillard a traduit cette incompréhension en termes juridiques : que faisait l'accusé dehors, à deux jours d'une convocation pour proxénétisme aggravé et violences conjugales qui lui a valu 7 ans de prison ? Placé en garde à vue en novembre 2021, il s'était vu remettre une convocation pour avril 2022, et avait été laissé libre. L'avocat s'étonne, imagine une comparution immédiate ou une ouverture d'information judiciaire. « Il y a eu quatre gardes à vue, des alertes du Conseil départemental depuis 2018. Il n'aurait pas dû être dehors. »
Paolo Giambiasi reprend le dossier, cite les proches. « Il est manipulateur, mythomane, pervers, il cible les mineurs pour mieux les dominer. » Il reprend les expertises aussi. Terribles.
Ni le psychologue ni le psychiatre n'entrevoient le moindre espoir pour cet homme attiré par les enfants, menteur pathologique, qui, sexuellement, prend ce qu'il veut, ne fait aucun cas des désirs ou des limites des autres, et frappe quand il est frustré. « Ses chances de réinsertion sont particulièrement faibles, voire obérées », estime le parquet.
Pendant une journée, l'accusé a inondé le tribunal d'un discours convenu, attendu, sans jamais montrer aucun signe de fatigue, à l'image des longues conversations téléphoniques qu'il pouvait entretenir avec la victime, toute une nuit durant. Le parquet écarte cette logorrhée : « Il fait acte de contrition » mais c'est un « discours de façade » que les experts notent également.
Thibault De Saulce Latour, en défense, a le même dossier, les mêmes regrets et note que son client n'a été pris en compte par la justice que récemment. Il refait l'histoire de la triste vie de l'accusé et plaide une réelle naïveté. « Il veut vraiment déménager, il appelle un collège alors même qu'il sait que ses enfants, placés, ne viendront pas. Il descend une première fois dans le Cantal, il ne se passe rien, que des bisous ! » Pour lui, il est amoureux, sans idée derrière la tête.
16 ans de réclusion criminelle« Il n'a jamais été cadré de sa vie. Adolescent, il est soutenu par sa mère contre les éducateurs. À 20 ans, il se défonce à l'héroïne. Il avait les quatre dents de devant, noires à l'époque. C'était ça, sa jeunesse. Ce n'est pas une excuse, c'est la réalité. Il va falloir du travail, mais, malgré tout, on a des prémices. Vous devez, par votre décision, faire en sorte qu'il avance. Elle doit faire preuve de pédagogie, l'encourager à évoluer. »
Conformément aux réquisitions, l'accusé a été condamné à 16 ans de réclusion criminelle. Il a également un suivi socio-judiciaire, avec injonction de soins et interdiction de contact avec les victimes, pendant dix ans. Il ne pourra plus faire aucune activité en lien avec des mineurs.
Le Nivernais, qui avait séduit une Cantalienne de douze ans pour la violer, a interdiction de revenir dans le département pendant dix ans, à sa sortie de prison.
Pierre Chambaud