Tentes place du 1er-Mai, "asile municipal" à Clermont, familles à la rue, aide au retour... Le préfet maintient sa ligne
Alors que familles et militants ont quitté le campement de la place du 1er-Mai pour demander "l'asile municipal" au maire de Clermont-Ferrand à la Maison du peuple, jeudi 11 avril, en soirée, le préfet du Puy-de-Dôme maintient sa position, dans un entretien à La Montagne, vendredi 12 avril.
Dans un entretien à La Montagne, le préfet est revenu sur la situation des familles étrangères qui, depuis lundi 8 avril, dorment sous des tentes, à Clermont-Ferrand. Place du 1er-Mai durant trois nuits, puis aux abords de la Maison du peuple, depuis jeudi soir, où les militants et citoyens qui les accompagnent réclament au maire socialiste Olivier Bianchi "l’asile municipal".
Pas de changement de ligne du préfetLe préfet du Puy-de-Dôme Joël Mathurin, auquel il est reproché des "actions inhumaines" sur la gestion de l’hébergement d’urgence, par des élus de gauche et des collectifs, n’a pas changé de ligne. Il a martelé que des propositions étaient systématiquement apportées aux personnes.
“Il est évident que dans un espace public, nous n’avons pas vocation à avoir un campement, tentes, squat ou de dispositif qui ne soit pas digne de l’accueil des personnes, a-t-il appuyé. Donc j’ai pris la décision de mettre en place une équipe mobile pour qu’il y ait un diagnostic de situation systématique et une solution en fonction des statuts et de la vulnérabilité. C’est ce qui a été fait. Il y a eu tous les jours une équipe sur les lieux."
Un hébergement pour préparer l'expulsionSelon lui, des demandeurs d’asile "ont été repérés et les solutions d’hébergement d’urgence leur ont été proposées."
Mais, le point de crispation concerne principalement les familles. Le Secours populaire a identifié à Clermont-Ferrand plusieurs dizaines de personnes, dont une quinzaine de familles avec une trentaine d'enfants, parfois très jeunes, quand la préfecture affirme ne pas disposer d’un chiffrage précis.
Pour celles qui sont déboutées du droit d’asile, la position du préfet reste inchangée. Elles "ne peuvent pas être accueillies dans les centres d’hébergement pour demandeurs d’asile, elles sont prises en charge dans le cadre du dispositif de l’hébergement d’urgence", détaille Joël Mathurin. Elles n’ont pas vocation à rester dans l’une des 1.750 places. Des propositions leur sont faites."
En cas de refus, aux familles de trouver "un moyen par elles-mêmes"Les personnes en situation irrégulière sont orientées vers un hébergement pour préparer leur retour dans leur pays d’origine. Une option généralement déclinée. "Certaines familles refusent malheureusement, admet le préfet. Nous sommes dans un pays libre, elles sont sous obligation de retour, mais pas sous coercition."
Pour le représentant de l’État, en cas de réponse négative, "elles se mettent dans une situation où elles n’ont pas de prise en charge" et "prennent la responsabilité de trouver un moyen par elles-mêmes". La rue donc ou les tentes, un hébergement solidaire par des citoyens ou des associations.
Le Secours populaire a fait savoir qu’il avait déboursé 25.000 euros depuis le début de l’année pour offrir un toit à des familles sans-abri, précisant que ses finances ne le permettent plus.
A disposition de la Ville pour entrer à la Maison du peupleAprès les visites répétées des services préfectoraux et de la police aux frontières place du 1er-Mai, l’élan s’est essoufflé et la crainte installée, poussant les familles et militants à frapper à la porte de la municipalité, en centre-ville, dans le bâtiment occupé par les syndicats.
Sans l’accord ou la demande de la Ville, les services de la préfecture ne pourront aller au contact des familles et personnes étrangères hébergées. Mais le préfet maintient sa ligne : "Nous sommes à disposition, inlassablement, parce qu’accueillir des personnes sous une tente, ce n’est pas digne".
Malik Kebour