Les familles mises à la rue s'invitent dans les débats du conseil municipal de Clermont-Ferrand
L’ordre du jour du conseil municipal qui se tenait ce vendredi 12 avril était léger. Mais chacun attendait que la question des familles mises à la rue soit abordée. Il n’aura pas fallu attendre longtemps.
Les anglophones parlent d’un « éléphant dans la pièce ». Les amoureux de théâtre citeraient volontiers le fusil de Tchekhov. De ces sujets que tout le monde voit, mais qu’on ne mentionne pas.L’on pouvait se demander, ce vendredi, à quel moment la question des familles mises à la rue, du campement place du 1er-Mai, allait être abordée. Il y avait bien ce vœu de la majorité prévu en fin de séance. Mais les élus tiendraient-ils si longtemps. Réponse : Non.
Porter plainte contre l'Etat ou pas ?Dès la fin de la première intervention de Jérôme Auslender présentant le bilan de l’action internationale de la ville, Marianne Maximi prenait la parole. Et changeait de sujet. "Je suis surprise que la situation ne soit pas posée en propos liminaire." Comprendre en introduction préalable aux débats. La députée LFI d’appeler à une prise de position forte de la ville.
Pourquoi ne pas attaquer l’État comme l’ont fait d’autres villes. Nous sommes dans une bascule politique où l’extrême droite s’insinue partout. Notre conseil s’honorerait à se positionner.
Le maire Olivier Bianchi a rappelé alors que des villes ont porté plainte parce qu’elles se sont substituées à l’État en assurant l’hébergement des personnes mises à la rue. Une plainte pour obtenir remboursement. Trois millions d’euros pour Rennes, par exemple. "Nous ne nous substituerons pas à l’État. Parce que l’État n’assume pas ses responsabilités dans d’autres dossiers. Nous apprenons, par exemple, devoir contribuer au rééquilibrage des comptes de l’État, alors que nous n’avons pas participé à creuser le trou." Et que les collectivités ont l’obligation légale de présenter des comptes équilibrés. Elles.
Si nous nous substituons, dans six mois ou un an nous ne pourrons plus suivre. Tout le monde doit comprendre qui doit faire quoi.
S'opposer frontalement à l'Etat a minima ?Et de lister ensuite les efforts faits dans le cadre des compétences de la Ville : cantines gratuites, accès aux douches publiques… "Mais la situation est absolument choquante pour une démocratie comme la nôtre."Hochement de tête côté LFI. Sur ce point de débat, la majorité et le groupe Clermont en Commun-France Insoumise s’accordent sur le fond et sur l’analyse. Pas sur la méthode et la réponse. D’ailleurs, en fin de séance, Marianne Maximi est revenue à la charge. "Oui, il y a des compétences, mais il y a aussi des rapports de force. Nous devons être dans un rapport de force plus prononcé avec ceux qui ont des défaillances politiques. Nous nous sommes déjà substitués au Département sur la question des femmes victimes de violence. Et nous nous en sommes félicités. L’accueil au centre Jean-Richepin est déjà une substitution à l’État. C’est l’État qui se met hors-la-loi. Nous vivons une crise d’accueil, pas une crise migratoire."
La situation inconfortable de la majorité présidentielleEt l’opposition de la droite et du centre dans tout ça ? Silencieuse ce vendredi. Difficile politiquement de se prononcer contre une loi votée en janvier notamment par les députés Renaissance (131 pour) et Républicains (62 pour). Mais difficile humainement de se prononcer pour le maintien de familles à la rue. C’est d’ailleurs Cécile Audet (majorité) qui conclut cette séance par un tonitruant :
Ce qui m’étonne, c’est le silence de la majorité présidentielle. Vous ne pouvez pas nous dire que c’est un débat national. Là, c’est notre ville qui est impactée. Quelle est votre position ? Que feriez-vous ?
Vous l’aurez compris, question restée sans réponse.
Simon Antony