A-t-il fait venir des Marocains pour travailler comme ouvrier agricole en Auvergne ?
Soupçonné d'avoir fait venir des travailleurs marocains en Haute-Loire et de les avoir exploités comme ouvriers agricoles dans le Cantal, la Lozère, le Puy-de-Dôme, cet homme de 33 ans est mis en examen pour traite d’êtres humains.
Il était de retour du Maroc lorsque le 28 novembre 2023, la police de l’air et des frontières l’a arrêté à l’aéroport d’Aulnat. Ce ressortissant marocain installé à Brioude (Haute-Loire) avec femme et enfants, est soupçonné d’avoir fait venir des compatriotes en Haute-Loire leur promettant d’obtenir des papiers et un travail d’ouvrier agricole.
Arrachage de gentianesÀ la tête de deux sociétés, Jaouad M., 33 ans, casier judiciaire vierge, aurait ainsi recruté des dizaines de salariés pour travailler dans le Puy-de-Dôme, en Lozère, dans le Cantal… Ils auraient participé à des travaux de maraîchage et à l’arrachage des gentianes. Les enquêteurs soupçonnent des conditions de travail difficiles sans jours de congés, sans ou avec une faible rémunération. Mis en examen (*) pour traite d’êtres humains, participation à une association de malfaiteurs et aide à l’entrée et au séjour d’étrangers en France, le trentenaire aurait demandé 13.000 € à chaque travailleur en échange du voyage.
Il reste en détention provisoireEn détention provisoire depuis son interpellation, il conteste avoir exploité une main-d’œuvre marocaine : « Ce sont des hommes d’âge mûr, ils étaient en contact avec l’extérieur, avec leur famille. Ils étaient libres de leur mouvement », a expliqué Me Khanifar aux magistrats de la chambre de l’instruction à Riom (Puy-de-Dôme) avant de leur demander, mardi 16 avril, de placer son client sous contrôle judiciaire. « Il a un passeport, un domicile, une promesse d’embauche. Que voulez-vous de plus?? ».
Les juges ont estimé qu’il pourrait faire pression sur les plaignants s’il sortait de prison et qu’il risquait aussi d’être expulsé (son récépissé préfectoral est périmé). Ils l’ont donc maintenu en détention provisoire conformément aux réquisitions de l’avocat général. Ce dernier avait pointé « l’absence de garantie de représentation » du suspect et avait mis en avant la loi « immigration » : « Faire la guerre contre la traite d’êtres humains est l’un des grands objectifs ».
(*) Un autre homme, sous contrôle judiciaire, est mis en examen dans cette affaire.
Leïla Aberkane