Dans la Creuse, vous pouvez vous offrir un ancien tribunal pour 30.000 €
Depuis que l’annonce a été mise en ligne sur le site Leboncoin, la mairie de Bourganeuf croule sous les appels. Il faut dire qu’elle est alléchante à première vue : 418 m² habitables pour 30.000 €. Mais les travaux seront conséquents pour rénover cet ancien tribunal.
« Onze pièces, 418 m², édifice de style néoclassique, constitué d’un fronton sculpté et de colonnes, daté des années 1850. Construit sur deux étages composés d’une succession de salles, de bureaux, de sanitaires avec la salle des audiences. En sous-sol, de nombreuses caves et réserves. Terrain de 1.161 m². Prix de vente : 30.000 €. »
Non, vous ne rêvez pas. Si l’annonce est actuellement en pause sur le site Leboncoin, le bien existe bel et bien à Bourganeuf. Et même en vente depuis quelques années.
Visite guidée
« Une très belle salle d’audience, de beaux bureaux de juges, des boiseries, un joli jardin » Quel avenir pour le lieu ? « Il pourrait y avoir plusieurs appartements ici, imagine cette élue. Ou un bel hôtel. » Au prix de travaux conséquents… Fuites, nuisibles, champignons ont causé des dégâts.
« On l’avait mis en vente dès 2021 et on avait eu une touche à ce moment-là, rapporte Marie-Hélène Pouget-Chauvat, adjointe chargée de la culture et des finances. Mais ça a traîné et la personne a fini par lâcher prise. Donc, on a décidé de mettre l’annonce sur Leboncoin et depuis, ça n’arrête pas. »
La mairie croule sous les appels. Tant qu’elle a décidé de suspendre l’annonce. Les visites du lieu sont d’ailleurs organisées par groupes.
Un peu d'histoire
« Bourganeuf était l’un des quatre tribunaux de justice que comptait la Creuse, un par canton, raconte Marie-Hélène Pouget-Chauvat. En 1930, celui de Chambon était supprimé. Et, quand en 1958, une première réforme a distingué tribunaux d’instance et tribunaux de première instance, Aubusson et Bourganeuf sont devenus des tribunaux d’instance, qui traitaient les affaires de la vie courante. En 2007, la réforme de la carte judiciaire de Rachida Dati a supprimé les tribunaux d’instance. Ici, on traitait 150 affaires par an : on nous a dit que ce n’était pas suffisant pour garantir la qualité de la réponse judiciaire. Tout est parti à Guéret ! » Le tribunal de Bourganeuf a fermé ses portes le 1er octobre 2008. Propriété de la collectivité, il a été « entièrement débarrassé en 2010 ». Sans être toutefois totalement dépourvu d’activité : « Le GDA (Groupement de développement agricole) a occupé un espace au premier étage. À un moment, on a eu aussi le Conservatoire départemental de musique ».
Ce n’est pas le premier bien que la mairie met en vente. L’an passé, la municipalité a ainsi vendu la chapelle de l’Arrier. Un compromis de vente vient d’être signé pour la salle de sport Jean-Jaurès. Et « on a quelques demandes pour la maison Morlat ».
Vendre, pour une raison simple : le manque de moyens pour conserver et/ou restaurer tout ce patrimoine.
« On est en phase de désendettement, certes, mais il faut supprimer des choses, poursuit l’adjointe chargée des finances. On a déjà restauré la chapelle de Notre-Dame du Puy pour 250.000 €. Là, on est sur l’église Saint-Jean-Baptiste : rien que l’échafaudage, c’est 300.000 € et la restauration du clocher est estimée à 1,3 million ! Sans oublier la tour Zizim, la tour Lastic et la tour de l’Escalier. »
Séverine PerrierPhotos : Floris Bressy