De la charrue à bœuf à l'électronique : cette ferme du Puy-de-Dôme a tout connu et fêtera ça en mai
![De la charrue à bœuf à l'électronique : cette ferme du Puy-de-Dôme a tout connu et fêtera ça en mai](http://www.lamontagne.fr/photoSRC/VVZTJ19dUTgIDAVOBQwd/ferme-des-roziers-aux-rosiers-a-lezoux-adeline-allegre-et-la_6916436.jpeg)
L’agriculture, c’est souvent une histoire de famille. Pour fêter la sienne, la Ferme des Roziers, dans le Puy-de-Dôme, organise une grande fête ouverte à tous en mai, afin de célébrer les cinq générations qui se sont succédé, mais aussi montrer les coulisses de la profession qu’elles ont embrassée.
Derrière nombre de fermes françaises, se cache une histoire de famille. La Ferme des Roziers fait partie de celles-là. Cinq générations s’y sont succédé. Et même s’il n’a encore que neuf mois, le petit Antoine pourrait écrire la prochaine page de cette histoire qui a commencé par un autre Antoine, il y a cent dix ans à Lezoux, dans le Puy-de-Dôme.
Jusqu’en 1848, un grand bois dit « Bois de Lezoux » s’étend sur les routes de Maringues, Thiers et Ambert. En 1846, le Marquis de Pierre (propriétaire du château d’Aulteribe à Sermentizon) l’achète, ainsi que le droit de passage dont jouissaient jusqu’alors les Lezoviens. Il lance une vaste campagne de défrichement, d’importants travaux de terrassement et fait construire une première métairie. Le Marquis de Pierre possède alors un seul domaine d’une superficie de 480 hectares, partagé par la suite en quinze métairies, toutes bâties dans le même style et vendues entre 1885 et 1912.
Cinq générationsParmi ces métairies, « Les Rosiers ». C’est elle qu’achète Antoine il y a 110 ans, afin de s’y installer en 1914. « Mon grand-père était agriculteur, mon père aussi et moi je me suis marié avec la fille du laitier ! », s’amuse Antoine Barrier, troisième génération à avoir exploité ces terres. Double actif, il ramassait le lait entre deux traites de la vingtaine de vaches qu’il possédait avec Marie-Paule. « Je faisais toute la plaine de la Limagne. J’étais payé à la tournée », dit-il. Ce qui l’a surtout marqué entre son installation en 1966 et sa retraite en 2002, c’est la modernisation de la profession. « J’ai connu la charrue avec les bœufs, avec le cheval, puis j’ai vu les roues en fer… J’ai connu la mécanisation dès le début. C’est énorme ! Et l’agriculture a augmenté en flèche. »
Car il faut nourrir la population. « On ne savait pas ce que c'étaient les vacances. J’ai toujours rêvé d’écrire un livre là-dessus, parce que ça a été une évolution et j’ai tout vu », abonde Antoine, avant de remettre en perspective deux époques avec sa femme Marie-Paule : « On vivait avec 100 litres de lait par jour. Maintenant, il en faut 1.000 ».
Entraide et vie partagéeAutre différence avec l’époque contemporaine : l’entraide, le travail en commun. Avec leurs voisins arrivés dans les années 1968-1970, ils étaient toujours ensemble : pour les moissons, les foins, les Noël et Nouvel an… « On vivait vraiment en autarcie ! », se souvient Daniel Barrier, l’un des cinq enfants de Marie-Paule et d’Antoine.
C’est lui qui a repris l’exploitation en s’installant en Gaec avec sa mère, en 1987. « Et on a monté le poulailler », précise-t-il. Il y a aussi eu le passage au bio pour le lait au moment de la crise et l’installation de sa femme, Nathalie, en 2007, lorsque Marie-Paule est partie en retraite. Non-issue du milieu agricole, Nathalie travaillait en usine. « Et je ne voulais pas qu’Anthony s’installe. Je trouvais qu’il était très bien à travailler en dehors », lâche-t-elle.
Cela fait deux ans qu’Anthony a rejoint la Ferme des Roziers. Au départ commercial, le métier d’agriculteur l’a toujours fait rêver. Il a cependant gardé le lien avec la clientèle, puisque c’est lui qui assure les livraisons et vend les produits de la ferme sur les marchés de Lezoux, sur la place de Jaude à Clermont-Ferrand et à Pont-du-Château. Produits qu’il a lui-même développés depuis son arrivée - avec des crèmes dessert et des glaces -, alors que son épouse, Adeline, a lancé la fabrication d’une quinzaine de fromages. D’abord comme salariée dès 2017, puis comme installée depuis 2019. En 2023, 50.000 litres de lait ont été transformés sur la ferme et 230.000 autres vendus à la coopérative Sodiaal.
Transformer pour mieux valoriser« À la base, je n’aimais que les vaches à viande, pas les laitières, sourit Adeline. Le frère de Marie-Paule faisait des fromages dans une laiterie. Il m’a montré comment on faisait. Je suis retournée à l’école, ça me mettait un pied dans l’agriculture, car j’ai besoin d’être au contact des bêtes. »
Suite à son installation, un labo de 150 m² a été aménagé. « La transformation permet de mieux valoriser nos produits. C’est aussi très valorisant de pouvoir amener le produit de l’animal à l’assiette du consommateur ! »
Lors des premières ouvertes, Adeline se souvient avec émotion l’arrivée d’une cliente avec un bouquet de fleurs pour la remercier. « C’est valorisant ! »
Une grande fête le 25 maiEt parce qu’elle a envie de montrer au grand public les coulisses de ses productions et qu’elle veut mettre en avant ces 110 ans d’histoire familiale intimement liée à l’agriculture, la famille Barrier s’est lancée dans l’organisation d’une grande fête ouverte à tous à la Ferme des Roziers, le 25 mai prochain. « Ça fait deux ans qu’on y travaille et en deux ans, on a eu plein d’idées », prévient la famille.
D’un petit marché de producteurs au départ, elle a vu progressivement plus grand. Une trentaine de stands seront répartis sur la ferme pour montrer le savoir-faire de producteurs et d’artisans locaux, ainsi qu’un château gonflable, un taureau mécanique… « On exposera le matériel qu’on utilise pour travailler sur la ferme et dans les fermes environnantes. Guillaume Morel fera des démonstrations de chiens de troupeau. Il y aura des démonstrations d’épareuse, de tondeuse, de poterie sigillée… », annonce Anthony.Il y aura aussi une large série d’animations pour petits et grands : tire à la corde, port de seaux d’eau, planter de clous, origami, concours de dessin… La restauration ne sera pas oubliée entre la tête de veau (à 9 h 30) et quelque 400 repas déjà réservés le midi. Cette restauration sera assurée par leur premier client professionnel, Francis Martin, du Tour de cou, et par le chocolatier lezovien Loïc Girard.
Un concert gratuit des Flying tractors clôturera cette journée dans la bonne humeur, à 20 h 30, tandis qu’une quarantaine de bénévoles viendront prêter main-forte pour faire de cette journée du 25 mai une grande fête, de 9 h 30 à 23 heures.
Infos. Sur Facebook, La ferme des Roziers.
Texte : Gaëlle Chazal
Photos : Francis Campagnoni et Elena Malakhova