Le réalisateur Aly Yeganeh a tourné un film à Uzerche : "le silence vaut parfois plus que des mots"
Tourné en partie à Uzerche en 2018, le film Le Silence de Sibel sort ce mercredi 1er mai au cinéma. Le cinéaste Aly Yeganeh revient sur ses choix de réalisation du film.
Le réalisateur Aly Yeganeh sort son premier film au cinéma français, Le Silence de Sibel, ce mercredi 1er mai. L’histoire, inspirée de faits réels, d’une jeune fille yézidie enlevée par les hommes de Daech, puis réduite à l’esclavage sexuel.
Les Yézidis, minorité ethnique kurdophone à la religion monothéiste, sont persécutés par l'Etat islamique, car considérés comme "hérétiques". Sibel, adoptée par une quarantenaire française, tente de refaire sa vie dans un cadre paisible.
Une partie du film a été tournée à Uzerche. Pourquoi avoir choisi cette ville ?
Il fallait un endroit avec une atmosphère sécurisante pour que Sibel puisse se reconstruire. Je voulais également qu’il y ait une rivière à côté, symbole de continuité. Après d’intenses mois de recherche, j’ai choisi Uzerche, qui était le candidat idéal par rapport aux critères que j'avais imposés.
Le contraste entre l’horrible histoire vécue par Sibel et les magnifiques images du film est assez déroutant…
Justement, mon objectif est de mettre les spectateurs presque mal à l’aise devant la beauté des images. Cela permet de sensibiliser les gens à l’horrible massacre des Yézidis. Dans le film, la violence n’est pas présente, elle est suggérée.Aly Yeganeh réalisateur du film Le silence de Sibel était présent vendredi 26 avril au cinéma Louis-Jouvet à Uzerche pour une avant-première.
Le personnage de Sibel aurait pu être très expressif après les horreurs qu'elle a vécues. Pourquoi avez-vous choisi, au contraire, d'en faire une personne très silencieuse ?
Le silence vaut parfois plus que des mots : je trouve que c’est plus puissant et marquant pour montrer la souffrance de Sibel. C’est une jeune fille que les hommes de Daech ont détruite à la fois de l’intérieur et de l’extérieur. Le silence, c'est la seule issue pour elle.
Pour jouer le rôle de Sibel, vous teniez à avoir une actrice du même âge (12-13 ans). Cela n’a pas été chose simple…
C’était délicat. Il fallait une jeune fille en qui je pouvais avoir confiance. Vu que ce n’est pas un rôle facile à endurer, surtout à cet âge-là, il a fallu une grosse préparation en amont.Aly Yeganeh.
Comment avez-vous préparé Mélissa Boros, l'actrice de Sibel ?
J'y suis allé étape par étape. Je ne lui ai pas révélé le rôle dès le début, pour que ce ne soit pas brutal. D’abord, je l’ai sensibilisée à la cause yézidie pour qu’elle s’imprègne du personnage. J’ai aussi fait en sorte qu’elle soit bien entourée pendant le tournage. Ne l’oublions pas, c’était encore une enfant de 12 ans à l’époque ! (rires)
En une phrase, le message que vous aimeriez faire passer à travers votre film ?
En sortant de la séance, les spectateurs doivent retenir que des histoires de massacre d’un peuple ne peuvent pas rester inaperçues.
Propos recueillis par Samuel Purdy