« Une ambiance de "barjot" » : l'ASM Clermont face à la ferveur catalane à Perpignan

« Ici, c’est le pire endroit pour perdre, mais le meilleur pour gagner ». Lorsqu’il était encore l’entraîneur principal de l’USAP, Patrick Arlettaz s’exprimait souvent de la sorte pour qualifier le public bouillant d’Aimé-Giral. Des supporters tellement fiers de leur identité catalane qu’ils peuvent basculer d’un extrême à un autre selon les résultats de leurs protégés.

Au pied des Pyrénées, on est rarement dans la demi-mesure. Actuellement, le peuple « sang et or » verse plutôt dans l’euphorie. Une allégresse qui a atteint son paroxysme il y a deux semaines à Montpellier où 5.000 supporters perpignanais se sont déplacés au GGL Stadium. Inventant là le concept de match à domicile disputé à l’extérieur.

Des hordes de Catalans déchaînés attendaient le bus de l’USAP avec les traditionnels fumigènes, mais aussi des feux d’artifice. Provoquant une certaine incrédulité dans l’effectif perpignanais. Notamment pour les joueurs venant de club à l’ambiance bien plus feutrée. C’est le cas pour Louis Dupichot qui évidemment n’avait jamais connu un telle démesure du côté du Racing…

« L’arrivée en bus, c’était incroyable. Je n’ai jamais vu ça de ma vie en rugby. Quand on est joueur et qu’on voit ça… Il faut essayer de rester concentré, mais ce n’est pas simple. Ça rajoute de la motivation. En tout cas, tu te dis qu’en termes de fierté et de supporters, tu es dans le meilleur club. »

Même son de cloche pour l’ancien Montpelliérain Kélian Galletier qui n’a pas hésité à qualifier le peuple catalan comme « le meilleur public de France ».

Ce court déplacement à Montpellier a bien évidemment marqué les esprits dans le paysage du rugby français. Du côté de Perpignan également. Cyrille Manière, journaliste pour France Bleu Roussillon, suit l’actualité de l’USAP depuis 13 saisons maintenant. Et il l’assure, il n’a jamais connu une telle fièvre autour du club. Il y avait déjà eu de grosses mobilisations ponctuelles pour des access matchs, mais jamais avec une telle intensité, durable de surcroît.

Perpignan présente le troisième meilleur bilan post-Coupe du monde. Avec 53 points inscrits après le Mondial, l’USAP se trouve derrière Toulouse (56) et le Stade Français (54). Les Catalans n’avaient marqué aucun point après les trois premières journées.

« Ce que l’on vit cette saison, c’est complètement barjot. 5.000 supporters à l’extérieur, c'est du jamais vu. Plus tôt dans la saison, il y en avait déjà un millier à Castres et près de 500 à Oyonnax. Ce ne sont pas des gens qui roulent sur l’or pour la plupart. Mais on le sent, ce club représente énormément de choses dans leur vie. »

La fameuse fierté catalane est décuplée cette saison par les très bons résultats glanés par les hommes de Franck Azéma. Habituée à jouer régulièrement le maintien en Top 14, l’USAP bataille cette saison avec les potentiels qualifiables pour les phases finales. Les supporters « sang et or » se prennent à rêver des grandes heures comme à la fin des années 2010.

« En rugby, actuellement, je pense qu’il n’y a pas d’équivalent. Les mecs qui arrivent du Racing ou de Lyon, ils sont hallucinés. Ils ont l’impression de jouer dans un club de foot. En ce moment, c’est totalement décuplé car le club reste sur cinq victoires consécutives. Et surtout, il y a cette sixième place au bout de la saison. Ce qui était encore totalement inenvisageable il y a seulement deux mois. Donc tout le monde s’enflamme », décrit Hugo Bové, journaliste pour le quotidien L’Indépendant.

Ce samedi, l’USAP va accueillir l’ASM dans un Aimé-Giral plein à ras bord. Le septième guichets fermés de la saison, le cinquième d’affilée. Les Clermontois ne se sont pas entraînés avec une bande son de chants catalans comme l’avait fait le LOU il y a quelques semaines, mais les hommes de Christophe Urios savent parfaitement à quoi s’attendre.

Arnaud Clergue