L'ASM Clermont, avec une équipe remaniée et une stratégie payante, a fini par renverser Perpignan

En souffrance plus d’une mi-temps, les Clermontois ont courbé l’échine avant de bénéficier d’un coup de fouet, venu du banc mais aussi de la performance majuscule de Jauneau, face à des Catalans pris dans les rucks et l’intensité. Et finalement battus 35-28 sur leur pelouse d'Aimé-Giral, où ils restaient sur neuf victoires d'affilée.

Franchement, à moins d’être devin, lire dans le marc de café, personne ne pouvait prédire un succès clermontois, à 21-6 pour l’USAP et un peu plus de vingt minutes à jouer. Jusque-là, dans la chaleur étouffante et le bruit assourdissant d’Aimé-Giral, les joueurs de Christophe Urios tiraient la langue et affichaient des défauts de maîtrise que l’on croyait rédhibitoires. Surtout dans ce contexte, face à une équipe en dynamique exponentielle qui s’est prise à rêver d’un retour en phases finales, une première depuis 2010.

Cela étant dit, à entendre Franck Azéma dans l’analyse d’après-match, même avec 15 points d’avance juste avant l’heure de jeu, il s’inquiétait du combat sur la ligne d’avantage que son équipe perdait peu à peu. « Il n’y a rien à dire sur l’issue de ce match ; on perd les collisions, on perd les rucks et on prend trois cartons jaunes, ce qui avec la chaleur accentue l’incidence ».

Perdant élégant, l’ancien manager de l’ASM a également clos rapidement le débat sur l’arbitrage de M. Rozier. « Ce serait malvenu de dire quoi que ce soit sur l’arbitre. Les cartons sont mérités. Après, on n’a pas été dans les standards de l’ASM en termes d’intensité. Depuis quelques matchs, cette équipe est plus consistante. Dans l’état d’esprit, ce qu’elle entreprend et ça se retrouve dans son jeu. Sur l’engagement, la physicalité également ».

Pourtant, sur les quarante premières minutes, Clermont a essentiellement subi. Prenant des vagues pour ne pas avoir su bien défendre les renversements de jeu catalans, en ratant un nombre incroyable de plaquages aussi. On s’est dit aussi que la chance était peut-être passée quand une passe caviardée d’Hériteau (15e) tua un deux contre zéro dans les 22 mètres de l’USAP.

Et que dire du scénario, souvent décisif, des derniers instants de la première période et les tout premiers de la seconde ; Perpignan alla deux fois à dame, passant d’un score de 3-3 à la 39e à 15-3 à la 44e. Là, on ne donnait pas cher de la peau de cette ASM, qui jouait bien en équipe, mais en petite équipe.L’indiscipline est un mal sournois qui ronge l’équipe la plus en difficulté. Cela s’est vérifié en suivant, avec trois buts catalans et une marque de 21-6, qui n’offrait plus grande perspective à la formation de Christophe Urios, qui s’acheminait alors, avec 19 JIFF sur la feuille, vers un nouveau voyage à vide.

Qu’est-ce qui a traversé alors l’esprit de Christophe Urios ? Croyait-il encore en un possible renversement de table ? « Oui, oui, j’y croyais, assurait-il après coup. Après je savais aussi qu’on pouvait en prendre 40. Parce que c’était le tarif de ce qui se passait ici dernièrement, avec notamment cette fusion avec le public. Donc c’était hyper dangereux. On a voulu changer assez vite parce que je ne nous trouvais pas assez joueur. Il fallait qu’on soit plus joueur, qu’on aille chercher le match ».

Pour aller chercher ce succès hautement improbable à la 55e minute, il fallait aussi des détonateurs. Ils sont venus du banc, mais surtout de Baptiste Jauneau, maître à bord et auteur de l’essai de la gagne.

Christophe Urios a apprécié :

Je trouve que Baptiste a sonné la révolte avec cet essai. Mais il a été incroyable sur le match. Défensivement, il a été très, très bon en première mi-temps quand on subissait et en 2e mi-temps, il a été excellent ; que ce soit dans la conduite du jeu, défensivement, dans la qualité de son jeu au pied.

Moins fébriles, un poil plus lucides dans les dernières secondes, les Clermontois ont su tenir ce résultat, qui leur permet de regarder pour de bon vers l’avant. Et plus avec la menace de l’arrière. 

À Perpignan, Christophe Buron

USA Perpignan 28  - ASM Clermont 35

PERPIGNAN (Stade Aimé-Giral). Score à la mi-temps : 10 à 3 pour Perpignan. Temps chaud et ensoleillé. Arbitrage de M. Rozier. 14.158 spectateurs.

Les points. Perpignan : 3 essais de Dubois (39e), McIntyre (44e), Veredamu (68e), 2 transformations de McIntyre (39e), Allan (69e) et 3 pénalités de McIntyre (8e, 49e) et Allan (54e).

ASM Clermont : 4 essais de Darricarrère (58e), Beria (64e), Fourcade (72e), Jauneau (75e), 3 transformations (58e, 72e, 75e) d’Urdapilleta et 3 pénalités de Belleau (16e, 46e) et Urdapilleta (80e).

Cartons jaunes. Perpignan : Brazo (57e), Ruiz (71e), Naqalevu (79e).

Évolution du score. 3-0 (Perpignan), 3-3, 10-3 ; 15-3, 15-6, 18-6, 21-6, 21-13, 21-18, 28-18, 28-25, 28-32, 28-35.

USA Perpignan. Dupichot ; Veredamu, Duguivalu (Naqalevu, 60e), De la Fuente (cap.) (Duguivalu, 70e), Dubois (Allan, 48e) ; (o) McIntyre, (o) Ecochard ; Brazo, Oviedo, Sobela (Fa’aso’o, 54e, Brazo, 67e) ; Tuilagi (Tanguy, 73e), Tanguy (Orie, 52e) ; Roelofse (Ceccarelli, 55e), Lam (Ruiz, 52e), Lotrian (Chiocci, 62e).

ASM Clermont. Newsome (Giral, 55e) ; Fall, Hériteau (Urdapilleta, 55e), Darricarrère, Jurand ; (o) Belleau (Belaubre, 57e), (m) Jauneau (cap.) ; Kremer, Yato (Hemery, 41e), Dessaigne (Tixeront, 57e) ; Jedrasiak (Yato, 55e), Lanen (Dessaigne, 73e) ; Slimani (Dzmanashvili, 55e), Beheregaray (Fourcade, 41e), Beria (Falgoux, 66e).