Le Clermont Foot doit manger du Lyon pour espérer rester en Ligue 1
Pour ce qui risque d'être son ultime match de la saison à domicile, qui pourrait aussi bien être son dernier en Ligue 1 sur sa pelouse, Clermont conserve malgré tout encore une infime chance de salut ce dimanche soir (21 heures). La pente, on vous l’accorde, est ardue. Explications.
Il y a déjà, à la base, un invraisemblable et finalement joyeux paradoxe clermontois. Qui aurait pu imaginer que cette équipe - qui n’est jamais sortie de la zone rouge de toute la saison - puisse encore être en capacité de rester en Ligue 1 à deux haies de la ligne d’arrivée ?
Car avec 25 maigres points dans son escarcelle, et seulement cinq succès à son actif au fil de trente-deux journées disputées le plus souvent sous le signe de la déception ou de la désespérance, voilà les partenaires de Yohann Magnin toujours en capacité de se sauver ! « Il y a des choses inexplicables dans le football », auxquels le milieu de terrain auvergnat entend justement se raccrocher.
Matois et lucide au crépuscule de sa carrière, le défenseur Florent Ogier veut même y voir « un signe du destin ». Plus encore à l’aune du scénario fou qui s’est dessiné à Metz le week-end dernier, Clermont passant une demi-heure au purgatoire avant l’improbable retournement de situation et les deux buts rennais venus de nulle part qui le laissent encore en vie par procuration.
« On aura besoin d’un truc particulier, avec le public derrière nous »Le stade Gabriel-Montpied fera le plein ce soir. Sans qu’on sache très bien si le public a choisi de répondre présent parce qu’il pressent la fin de cette trilogie dans l’élite ou bien parce que cette incroyable possibilité qui s’offre à lui de continuer à rester en haut de l’affiche perle encore en filigrane… « On aura besoin d’un truc particulier, avec le public derrière nous », plaide en ce sens le capitaine auvergnat qui prône l’union sacrée. Une fois de plus, une dernière fois…
Car si la mise en œuvre s’annonce éminemment complexe, le schéma est assez simple finalement sur le papier. A deux journées de la fin, Clermont doit déjà réussir ce qu’il n’a jamais fait cette saison : à savoir remporter ses deux dernières levées, ici face à Lyon et dans une semaine à Lorient. Mais il n’a pas tout à fait son destin entre ses mains. Et doit aussi composer avec Metz, qui se déplace à Strasbourg avant d’accueillir le PSG.
Une chose est sûre, une victoire messine chez le voisin alsacien visserait sans retour les clous sur le cercueil clermontois. En revanche, en cas de revers lorrain en terre alsacienne, et toujours si Clermont réussit l’exploit de mâter un Lyon qui dévore depuis quatre mois à peu près tout ce qui s’offre à lui, là, les mouches changeraient d’âne. Et plus encore si Lorient, le troisième larron concerné par la descente, s’incline à Marseille. Car en l’espèce, le club breton serait quasi-condamné à la différence de buts avant même de recevoir Clermont !
On vous l’accorde, cela fait beaucoup de si… Pascal Gastien qui fut gâté lors de son passage à Marseille (doublé coupe-championnat), pourrait en témoigner : cela équivaut à croire au miracle de la Bonne Mère. Pour ne pas voir ce qui ressemble davantage à une frêle luciole qu’à une flamme s’éteindre définitivement ce soir, Clermont aura besoin de tout en vérité. De tout ce qui lui a fait défaut cette saison : d’un collectif à l’unisson; d’une prestation de grande qualité ; du coup de pouce de la chance ; d’une potentielle absence lyonnaise ; d’un public en ébullition.
Et même avec tout cela, il faudra serrer les rangs depuis Diaw jusqu’à Kyei. Yohann Magnin n’en démord pas, c’est faisable selon lui.
« Lyon est très fort en ce moment, mais pas plus que Paris face à qui on a réalisé de bons résultats »
Méthode Coué jugeront certains. Mais y a-t-il seulement un autre chemin au bord de ce qui ressemble à un précipice ?
Clermont sait contrarier LyonConcrètement, il faudra faire abstraction du contexte, oublier cette caravane si lourde que les Clermontois tirent comme une âme en peine depuis août dernier. Dans une ville où les trains arrivent trop souvent en retard, il faudra cette fois être pile au rendez-vous.
Sans vouloir jouer les Cassandre, la logique voudrait que Clermont déraille cette fois définitivement. Car le Lyon terrassé en octobre dernier au Groupama Stadium (1-2) est aujourd’hui une autre entité. De plus, l’OL, en s’imposant à Lille lundi soir (3-4) dans un style renversant devenu sa marque de fabrique ces dernières semaines, s’est donné le droit de croire à nouveau à l’Europe.
C’est évidemment dans ces hautes sphères que Lyon devrait grenouiller de façon ordinaire. Mais le foot, comme se plaisent à le répéter les Clermontois, réserve parfois des surprises et ne répond pas toujours aux seules logiques financières. Comme en témoignent les statistiques d’un « petit » Clermont Foot qui, comme la souris face à l’éléphant, s’ingénie à contrarier avec une rare constance son grand voisin depuis trois ans. Une fois de plus ? Pour cela, il faudra sortir vivant et victorieux de la fosse aux Lyon.
Valéry Lefort