La scierie Bourdier, à Lurcy-Lévis, face à des défis économiques et climatiques

Camille Bourdier est la septième génération à la tête de l’entreprise de scierie éponyme à Lurcy-Lévis.

Cet emplacement est stratégique au cœur des forêts de chêne de France. Spécialisé dans le chêne français de premier choix, la scierie Bourdier fabrique essentiellement des plots* et des merrains**. L’entreprise réalise un chiffre d’affaires qui avoisine les 6,5 millions d’euros. Elle exporte principalement ce qui est issu de la scierie vers l’Europe pour des portes-fenêtres, des escaliers, etc. et ce qui sort de la merranderie reste en France et est vendu dans le Bordelais, la Bourgogne et le Cognac.

L’entreprise familiale qui compte une vingtaine de salariés est face à différents défis. Elle doit répondre rapidement aux demandes des clients alors qu’un plot pour être prêt à vendre demande de 24 à 48 mois. Il faut le scier, puis le ressuyer avant de le sécher. "Les arbres mettent 150 ans à pousser, on peut leur laisser deux trois ans pour sécher", glisse Camille Bourdier.

Mais le temps économique et le temps du bois sont donc à l’opposé, ce qui implique d’avoir une très grande surface de stockage (le parc de l’entreprise faire 8 hectares), ainsi qu’un fonds de roulement important.

Autre défi pour l’entreprise : le climat. Avec les sécheresses à répétition, les forêts s’appauvrissent. Les bois de première qualité sont de moins en moins nombreux : "Avant, on s’adaptait au bois, mais désormais, on ne veut aucune trace de piquage", déplore Camille Bourdier. L’entreprise a également besoin d’arroser son bois. "Avec les sécheresses, nous avons besoin de plus en plus d’eau, alors que les précipitions sont de moins en moins lissées. Nous avons donc construit un deuxième bassin de récupération d’eau pour lequel nous avons été aidés par la région. Toute l’eau qui ruisselle des bâtiments est récupérée".

Pour valoriser le bois qui ne va ni pour des plots ni pour des merrains l’entreprise fait un peu de charpentes. Elle récupère également ses déchets pour les transformer en plaquettes pour la chaufferie de Commentry. Elle voulait également proposer autre chose avec le chêne massif. Depuis cette année, elle fabrique du mobilier : table basse, bar, table, etc. Les premiers modèles ornent les bureaux de l’entreprise.Une table va être livrée dans les jours à venir pour un chai pour servir aux dégustations. "Nous souhaitons mettre en valeur le bois avec la beauté de ses nœuds de sa couleur". Cette nouvelle offre s’adresse aussi bien aux particuliers qu’aux professionnels. 

(*) Ensemble de plateaux de bois en chêne obtenus par le sciage d’une grume dans la longueur. Le plot en chêne est particulièrement apprécié pour la réalisation de menuiserie intérieure, de parquet, d’escalier, de meuble.(**) qui sert à fabriquer les tonneaux essentiellement pour la vinification.

Marie Collinet