Entre chien et loup, comment les différencier?

Comment distinguer chien et loup ? Blessée alors qu'elle promenait son chien à la nuit tombée, une Puydômoise a décidé de porter l’affaire en justice, car elle pense avoir été victime d’un loup. Si l'animal fait régulièrement l'objet de récits d'attaques réelles ou supposées, c'est aussi parce qu'il est régulièrement confondu avec des chiens errants à la morphologie très proche.

Qu'on veuille l'observer ou qu'on redoute de le croiser, c'est toujours la même affaire :  il est extrêmement difficile de faire la différence entre le loup qui se déplace à travers la France hexagonale, et plusieurs races de chiens dont la morphologie peut être très proche. 

Le grand canidé sauvage peut désormais, potentiellement, être croisé sur tout le territoire auquel sa grande adaptabilité, sa discrétion, son endurance et sa capacité de dispersion lui permettent d'accéder. Il ne s'y installe pas pour autant, mais les craintes et rumeurs le précèdent souvent.

Dans l'attente des résultats d'expertise, la plainte déposée en justice par une Puydômoise  violemment attaquée en Montagne bourbonnaise (Allier) fin avril, est propre à réveiller les fantasmes les plus courants sur la présence d'animaux dangereux.

Il convient d'abord de rappeler que le loup est un animal farouche, qui aura plutôt tendance à fuir l'homme. C'est un prédateur opportuniste : il préfère se nourrir de petit gibier et de proies faciles à portée de crocs plutôt qu'aller affronter les troupeaux gardés.

Morsures et confusions

Les morsures que l'on retrouve sur les ongulés prédatés peuvent prêter à confusion. De nombreuses races de chiens sont susceptibles d’être à l’origine d’attaques et de dégâts sur des troupeaux auxquels ils infligent de puissantes morsures. Celles des huskys ou bas-rouges, peuvent être quasiment impossibles à distinguer de celles des loups. Seul le matériel génétique (poils, excréments...) prélevé sur place pourra alors permettre d'attribuer avec certitude la nature du prédateur. "Ils peuvent alors avoir été en partie dévorés par d’autres animaux sauvages, comme les renards, rendant impossible une infirmation ou confirmation définitive de l’attaque par un loup", expliquent régulièrement les services de l'Etat.

Pouvoir disposer d’indices exploitables est déterminant. Or, les signalements sont souvent trop tardifs et les cadavres des animaux attaqués ne sont pas protégés.

Les images et vidéos amateurs peuvent aussi porter à confusion. Sur son portail internet, l'Office français de la biodiversité met en avant plusieurs critères d'identification pour distinguer un loup gris, de chiens aux morphologies très proche : par exemple le chien-loup de Saarloos ou le chien tchèque, deux espèces connues pour leur besoin d'activité et leur capacité à attaquer des troupeaux lorsqu'ils fuguent.

Les signes distinctifs

1. Son pelage. Il est nuancé entre gris et roux plus ou moins prononcés, sombre sur le dos et clair sur le ventre

2 . Sa tête. Le loup porte un "masque labial" clair : cette zone blanche s'étend du museau à la partie inférieure du coup, en passant sous la mâchoire inférieure.

3. Ses pattes. Une ligne noire descend sur l'avant de chacune de ses pattes antérieures.

4 . Ses oreilles. Elles sont plus courtes que celles d'un chien loup, et légèrement arrondies.

5. Sa queue. Souvent tombante et se terminant avec un "pinceau" noir, elle est courte pour un canidé : "jamais en dessous de l'articulation du tarse".

6. Son allure générale. Sa taille avoisine 90 cm de la tête aux pattes, et entre 60 et 70 cm au garrot, ce qui lui donne l'allure plus chétive et haute sur pattes qu'un chien domestique. Le dos droit, il est long de 110 à 150 cm sans la queue.

7 . Sa trace. Le loup se déplace la plupart du temps au trot. Ce faisant, il laisse au sol une trace, rectiligne sur plus de 50 mètres, ce dont ne sont a priori pas capable les chiens.

Les différences morphologiques sont subtiles, d'où...

Ainsi, dans le secteur de Montagne bourbonnaise où la victime a été blessée, la responsabilité du loup alimente régulièrement les rumeurs.

En décembre 2022, les réseaux sociaux avaient relayé la découverte de carcasses de chevreuil, d'un veau et de brebis dans le département de l'Allier. Cela avait suffit à faire gonfler la rumeur d'attaques de loup. Au point que le 23 décembre, la préfecture du département avait dû communiquer sur la présence connue de l'animal dans l'Allier et faire la lumière sur ces dégâts qui ne lui étaient pas attribuables.  

Une attaque d’un troupeau de brebis survenue le 17 décembre 22 a fait l’objet sur les réseaux sociaux d’une instrumentalisation volontairement erronée qui visait à l’imputer au loup alors que les constatations et analyses réalisées par les services de l’État sont parvenues à la conclusion qu’il s’agissait d’une attaque par deux chiens errants.

Le suivi des populations de loups en France métropolitaine

Il est organisé en réseau, et piloté par l’OFB, avec une organisation régionale qui compte plus de 5.350 correspondants formés dont 4.600 actifs en 2023 (données OFB). Présents sur tout le territoire, ces derniers se portent sur les lieux d'une présence possible pour des expertises visuelles et/ou génétiques.

Les enjeux sont à la fois sociétaux et financiers. Aussi, les départements concernés par le possible présence de loups (dont l'Allier) réunissent régulièrement les acteurs locaux en Comité départemental de suivi du loup-lynx (avec administrations, représentants de la profession agricole, associations naturalistes, représentants des chasseurs et élus).

Ce comité départemental s’est réuni dans l'Allier le 7 décembre 2023 pour présenter les indices collectés dans le département. Concernant la présence de loup dans l’Allier et les suspicions de prédation, "le service départemental de l’OFB avait effectué, au 31 novembre 2023, 36 constats sur bétail. L’analyse de ces constats a conduit à ne pas écarter la responsabilité du loup sur 10 d’entre eux, représentant 17 victimes ovines indemnisées. Sur ces 10 suspicions, où la responsabilité du loup n’a pas été écartée, cinq d’entre elles apparaissent non typiques de ce prédateur, mais le doute bénéficie néanmoins à l’éleveur." Lequel est alors indemnisable.

Pour en savoir plus, consulter le portail internet du réseau loup lynx, ou avec le Bulletin loup, tous les deux hébergés par le site de l'Office français de la biodiversité (OFB).

Anne Bourgesanne.bourges@centrefrance.com