Fin de vie : "il faut accompagner l'euthanasie" pour le professeur Touraine, en conférence à Montluçon
Examinée à l’Assemblée nationale, l’aide à la fin de vie s’invite ce 23 mai à Montluçon (Allier), à l’occasion d’une conférence animée par un spécialiste et partisan du sujet.
Il anime ce jeudi soir une conférence autour de l’aide à la fin de vie, en sa qualité de spécialiste du sujet. Le professeur émérite Jean-Louis Touraine, député honoraire et membre du comité d’honneur de l’ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité) qui l’invite, se range parmi les partisans du projet de loi examiné à l’Assemblée nationale. Entretien.
Que comptez-vous aborder lors de cette conférence ?
Les différents aspects de la fin de vie. On peut considérer que la plupart des gens interrogés confieront souhaiter mourir à domicile entourés de leurs proches, même si c’est une semaine ou deux plus tôt. Mais le plus souvent, ils meurent dans les services des hôpitaux, seuls. Une mort solitaire dans des conditions inacceptables, alors qu’ils aimeraient une mort solidaire.
Vous dites souvent que le sujet resté lié aux soins palliatifs.
En effet, or à peine la moitié des Français peuvent y accéder. Le président de la République a fait des annonces, mais même avec des milliards sur la table, il reste des carences à régler. Cela s’explique, le premier choix des médecins est rarement de s’occuper des gens qui vont mourir.
En la matière aussi, il existe des inégalités territoriales ?
Il reste encore une vingtaine de départements sans centre de soins palliatifs. Même s’il faut davantage privilégier les équipes mobiles, elles restent l’émanation de ces centres.
Pourquoi le sujet de l’aide à la fin de vie reste-t-il clivant ?
Les 4 % qui s’opposent à la mesure sont très extrémistes, traditionnels - même si je respecte leurs idées et que je me battrai pour qu’elles soient reconnues. Mais je ne vois pas en quoi ils veulent les imposer.
Quelles questions faut-il régler ?
La première est législative, puisque la grande majorité des Français sont favorables à la mesure. Mais tant que la loi ne passe pas, que l’euthanasie reste illégale, pas contrôlée, elle se fait de façon critiquable. Au lieu de continuer à la considérer comme un délit, il faut la reconnaître, l’accompagner.
Conférence de Jean-Louis Touraine, "fin de vie : les François souhaitent avoir le choix", ce jeudi 23 mai à partir de 18 heures, à l’Espace Boris-Vian, salle C26 Henri Nourrissat, à Montluçon. Rendez-vous proposé par l’ADMD, avec le cercle Condorcet.
Julien Pépinot