40 ans après le titre de l'équipe de France en 1984, l'ancien de l'AJA Jean-Marc Ferreri raconte l'exploit des Bleus
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Le coup d'envoi de l'Euro 2024 a été donné ce vendredi 14 juin au soir. Quarante ans après le premier sacre de l’équipe de France à l’Euro, Jean-Marc Ferreri, à l’époque l’un des deux joueurs de l’AJ Auxerre dans l’effectif avec Joël Bats, revient sur la compétition et ce premier trophée acquis par les Bleus.
Quarante ans après, quels souvenirs vous gardez de cette campagne victorieuse de l’Euro 84 ?
C’était extraordinaire. J’étais le petit jeune de l’équipe, j’avais 22 ans. J’arrivais au milieu de la génération Platini, Tigana et Giresse. Je n’en garde que des bons souvenirs avec ce titre.
Avec un match peut-être qui sort du lot ?
Pour moi, le match phare, c’est France - Yougoslavie à Saint-Étienne. Michel Platini marque trois buts dont un sur une passe décisive de ma part. Ce n’était que du bonheur. Surtout, comme je suis de Roanne, j’avais toute ma famille dans les tribunes. J’étais en plus hyper heureux que Michel Hidalgo (le sélectionneur) m’ait titularisé.
Cet Euro 84, c’est votre meilleur souvenir de joueur ?
J’ai fait la Coupe du Monde au Mexique deux ans après, ça aussi, c’était merveilleux. Mais l'Euro, c’est le premier titre d’une équipe de France. Avec un Michel (Platini) qui nous a porté. Il a marqué neuf buts, c’était un joueur magique.
À quel moment avez-vous senti que vous pouviez gagner la compétition ?
C’est petit à petit. Mais quand on bat la Belgique 5-0 à Nantes, c’est peut-être le déclencheur. Les Belges avaient une grosse équipe. Alors leur en mettre cinq… On a marqué les esprits. Mais on savait aussi qu’on était fort. Il y avait la dynamique de la Coupe du Monde en Espagne (demi-finaliste, éliminée par l’Allemagne aux tirs au but). Et puis Tigana-Giresse-Platini, c’était énorme au milieu de terrain. Les trois meilleurs joueurs d’Europe à ce poste, et Michel Platini sans doute du monde à ce moment-là.
Il y avait aussi le fait de jouer à domicile. Ça a dû aider ?
Mais il y avait de la pression. D’ailleurs, le premier match était compliqué. Contre le Danemark, on gagne sur la fin dans un match très tendu (ndlr 1-0, but de Michel Platini à la 78e). Mais à partir du deuxième, on était plus relâché, on a vu notre vrai niveau.
Vous aviez un groupe soudé ?
Ah oui?! Il y avait une bonne entente. Mais c’est aussi parce qu’elle avait déjà été créée deux ans auparavant, au Mondial. C’était le même noyau. L’échec de France-Allemagne était resté dans la tête donc tout le monde était revanchard. L’osmose était parfaite. Avec en plus nous, les petits jeunes, Daniel Bravo, Bruno Bellone et moi.
C’était facile de faire votre place ?
Pas vraiment. Avec les vieux briscards, c’était un peu compliqué. Nous, on était là en qualité un peu de jokers.
Vous vous attendiez à être sélectionné ?
On va dire que je m’en doutais. Parce que j’avais fait un gros match amical face aux Pays-Bas juste avant (victoire 2-1). Je me souviens que tout le monde parlait de moi. Et puis je faisais de grosses prestations avec l’AJA. C’était mon tremplin.
Jean-Marc Ferreri entouré d'anciens joueurs de l'AJ Auxerre autour des plaques du musée de l'AJA.
Et vous retrouvez, en plus, Joël Bats, gardien et coéquipier à l’AJ Auxerre ?
Oui, je n’étais pas tout seul. Mais j’avais aussi de bons liens avec les jeunes de ma génération. Parce qu’on avait fait l’équipe de France jeunes cadets, espoirs ensemble. On se connaissait déjà par cœur.
Même si vous ne l’aviez pas jouée, la finale reste en mémoire ?
Forcément, mais moi, je retiens encore plus la demi-finale. France-Portugal à Marseille. L’ambiance était magique. Quand je vais au Vélodrome, les gens me parlent encore de ce match. 55.000 personnes avec un scénario incroyable. Une qualification dans les prolongations. En plus, je suis rentré en remplacement de Giresse. J’ai fait la fin de match et la prolong’. Franchement, on a été porté par le public marseillais. Après, la finale au Parc des Princes (victoire 2-0 contre l’Espagne), ce n’était pas pareil. Il n’y avait pas les vrais supporters des Bleus. Mais bon, c’est une date qui a changé le football français.
La France à l'Euro 1984
Gardiens de but. Joël Bats (AJ Auxerre), Philippe Bergerôo (Toulouse FC), Albert Rust (FC Sochaux-Montbéliard).
Défenseurs. Manuel Amoros (AS Monaco), Patrick Battiston (Girondins de Bordeaux), Maxime Bossis (FC Nantes), Jean-François Domergue (Toulouse FC), Yvon Le Roux (AS Monaco), Thierry Tusseau (Girondins de Bordeaux).
Milieux de terrain. Luis Fernandez (Paris Saint-Germain), Jean-Marc Ferreri (AJ Auxerre), Bernard Genghini (AS Monaco), Alain Giresse (Girondins de Bordeaux), Michel Platini (Juventus Turin), Jean Tigana (Girondins de Bordeaux).
Attaquants. Bruno Bellone (AS Monaco), Daniel Bravo (AS Monaco), Bernard Lacombe (Girondins de Bordeaux), Dominique Rocheteau (Paris Saint-Germain), Didier Six (FC Mulhouse).
Staff technique et médical. Michel Hidalgo (sélectionneur), Marc Bourrier (adjoint), Henri Guérin (adjoint), Gérard Banide (adjoint en charge des gardiens de but), Maurice Vrillac (médecin), Jean-Paul Sereni et Philippe Daguillon (kinésithérapeutes).
Yohann Tritz avec B.J.