Le séisme des européennes secoue à plusieurs reprises le conseil municipal d'Aurillac
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Quatre jours après le séisme des européennes, le conseil municipal ne s’est pas déroulé sans accroc, jeudi 13 juin. La droite a réprouvé une alliance contre-nature du maire avec La France insoumise aux législatives, jusqu’à quitter la séance. Une de ses adjointes a exprimé les mêmes critiques. La majorité de gauche s’en est défendue. Le ton de la campagne est donné.
L’élu d’opposition Jean-Paul Nicolas s’est retrouvé très vite isolé lors du conseil municipal. La droite a quitté la séance avant même que l’ordre du jour ne commence :« L’heure est grave. La montée de l’extrême droite est une alerte […] Les trois piliers fondamentaux de notre démocratie sont remis en cause par les extrêmes qui piétinent nos valeurs. Monsieur le maire, nous sommes très étonnés que vous ayez oublié d’évoquer votre candidature pour un parti qui vient de sceller une alliance qui va jusqu’à l’extrême gauche et, en l’occurrence LFI, dont les élus se sont radicalisés au cours des derniers mois en tenant des propos haineux et antisémites. Nous ne ferons jamais aucune compromission avec les extrêmes. » Sylvie Lachaize, Marie-Josée Ortigues et Jamel Belaïdi ont claqué la porte (*).
La vie politique française, et locale aussi, est entrée dans une période d’incertitudes inédite depuis l’annonce de la dissolution par le chef de l’État et le fort score de l’extrême droite. Près de 30 % à Aurillac en cumulant les listes du Rassemblement national (25,72 %) et de Reconquête (4,22 %). Beaucoup trop haut pour le maire socialiste Pierre Mathonier.
C’est une première, c’est un signal qui nous est envoyé. Ce résultat, c’est un échec patent de la politique mise en place par le président de la République
Pierre Mathonier avait confirmé dans la matinée sa candidature aux législatives anticipées sur la circonscription d’Aurillac pour le nouveau « front populaire », comme suppléant de Valérie Rueda, adjointe au maire.
L'ombre LFIAu départ des élus de droite, Pierre Mathonier annonçait alors « la signature d’un accord programmatique de dix engagements » des forces de gauche. « Le Hamas est condamné comme une organisation terroriste. Monsieur Mélenchon n’interviendra plus, semble-t-il, dans la campagne des législatives. LFI s’est pliée aux exigences des autres partis. » Une déclaration prématurée. L’accord a été officialisé près de deux heures plus tard et son contenu précis n'a pas été dévoilé dans la soirée.
L’ombre de l’Insoumis Mélenchon a plané sur ce conseil. « La somme des candidatures des Verts, des communistes et des socialistes est supérieure à celle de LFI. La majorité a été retravaillée au regard des résultats des dernières élections. La diabolisation de LFI, au-delà des outrances inacceptables d’un certain nombre de leurs représentants, a été orchestrée par le gouvernement pour essayer de paraître comme les seuls représentants de la République », a affirmé Stéphane Fréchou (majorité, Europe Écologie - Les Verts) pour lequel « il y a nécessité à faire urgemment le front populaire parce que les gouvernements d’extrême droite, on sait ce que c’est. Toujours la même rengaine : le droit des femmes supprimé, le droit des étrangers, la liberté de la presse et la justice indépendante qui sont attaqués. Il ne s’agit pas de tambouilles électorales, mais de sauver ce qui est sauvable. Cet accord est digne ».
Une seconde secousseEt ce n’est pas Sébastien Prat (majorité, Parti communiste) qui l'a contredit :
Un certain nombre de personnes ont utilisé le bulletin de vote Bardella ou Marion Maréchal comme un véhicule à leur colère. La droite nous fait un effet de manche alors que le moment est grave. Il peut y avoir une bascule. La République est attaquée. Je ne crois pas que le sujet, ce sont les propositions de LFI. Il faut répondre à l’urgence sociale, il faut parler des salaires, de la retraite, du droit des femmes, de planification écologique
La candidate du « front populaire » Valérie Rueda a regretté l’attitude de la droite et appelé à « l’union pour sauver la démocratie et nos valeurs ».Le séisme des européennes a secoué le conseil, une seconde fois. « Là, ça va moins vous plaire, a averti l’adjointe Nicole Soulenq-Coussain (majorité, MoDem), en regardant le maire. Au vu des comportements et déclarations à l’Assemblée et ailleurs sur le plan national comme international des extrêmes et des accords de façade électoralistes et populistes à l’issue incertaine, et je pense à Mélenchon, faire barrage aux extrêmes est justifié mais ne justifie pas les compromissions, à droite et à gauche. »
Les abstentionnistesSeul opposant à bord et proche de la majorité présidentielle, Jean-Paul Nicolas a dénoncé « une élection axée » contre le Président et a invité les abstentionnistes « à prendre la mesure de la gravité de la situation en prenant connaissance du programme du Rassemblement national. Il y a un combat à mener ». Avant le dépôt des candidatures pour les législatives fixé à dimanche, la campagne est déjà lancée. Et le ton est donné. (*) Trois autres élus de l’opposition n’ont pas siégé : Catherine Amalric, Angélique Brugeron et Géraud Delpuech.
Pierre Raynaud