"Un déferlement de violence" : l'agresseur de deux videurs d'une discothèque de Clermont-Ferrand a été condamné

Allongé en position latérale de sécurité, perdant beaucoup de sang, le vigile de la discothèque Ô Lili Pop, dans le centre-ville de Clermont-Ferrand, s’est écroulé au sol. Poignardé au bras, touché au flanc (*), il a été conduit à l’hôpital avec un pronostic vital engagé. Il y a un mois, dimanche 16 mai, à 4 h 30 du matin, il vient aider son collègue à l’entrée du club agressé au couteau au ventre par l’homme auquel il vient de refuser l’entrée. Le client était ivre. « Il a foncé devant, la tête à l’intérieur, comme un boxeur », décrit un témoin entendu dans l’enquête. Effroi dans la discothèque. Un client filme la fuite, en scooter puis en Golf de l’agresseur. Une vidéo qui a permis aux policiers d’identifier la plaque d’immatriculation et le propriétaire de la voiture, le père du suspect. A 11 heures, les enquêteurs frappent à sa porte. Son fils dort dans la cuisine. Il est interpellé.

Jugé ce mercredi en renvoi de comparution immédiate au tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand, Paolo Marinaj, 31 ans, casier vierge, est avare d’explications. Par la voix d’un interprète - il est de nationalité albanaise en situation régulière - il reconnaît avoir poignardé les deux agents de sécurité. Il indique en revanche ne plus se souvenir ni de l’agression, ni d’avoir eu un couteau dans les mains. « Je ne suis jamais allé dans ce bar. Pourquoi je me serai rendu là-bas ce soir-là ? ». Le couteau : « Je n’ai jamais porté de couteau de toute ma vie. Ça fait un mois que j’essaie de réfléchir où j’ai pu trouver ce couteau, je n’ai pas trouvé de réponse ».

Deux agents de sécurité blessés à l'arme blanche à Clermont-Ferrand

Ce qu'il se remémore, c'est d’avoir garé la Golf sur la place Gaillard près du Ô Lili Pop et d’avoir bu, dans un ou deux bars, un litre et dem de whisky. « Je ne voulais pas faire de mal aux vigiles ». Deux hommes qui ont laissé leur avocat, Me  Béranger, évoqué « le déferlement de violence » qui s’est abattu sur eux. « Leur seul tort, c’est d’avoir voulu exercer leur métier ». Avant de requérir quatre ans de prison dont trois ferme, la procureure Dominique Puechmaille, a pointé « des faits graves et extrêmement inquiétants ». En défense, Me  Khanifar, avait exhorté le tribunal à « ne  pas donner à ce dossier une gravité qu’il n’a pas ». Les juges ont condamné son client à trois ans de prison dont dix-huit mois ferme pour violence aggravée. Il a quitté la salle d’audience pour regagner la prison en laissant les victimes sur leur faim quant à la raison de son geste : « Etait-ce de la rancoeur, de la vengence ? Etait-ce gratuit ?  », a demandé Me Béranger. « On n’a pas la réponse et c’est bien dommage ». 

(*) Il a eu 21 jours d’ITT et 15 jours ont été prescrits à son collègue.

Leïla Aberkane