Les Hautes Terres s’ouvrent aux musiques du monde
Le festival des Hautes Terres ne résonnera pas uniquement aux sons de la vielle à roue, de la cornemuse, de l’accordéon diatonique ou du violon pour cette édition qui s’ouvre demain, à Saint-Flour. Bien que, selon Patrick Bouffard, le roi de la vielle à roue, « c’est avant tout un instrument de musique avant d’être un instrument de musique populaire. Et on peut en faire ce qu’on veut ». Il le démontrera avec son groupe Soun, programmé dimanche, à 14 h 30, sur la scène de bal du Puy-Mary, sur les allées.Non, on n’y dansera pas que des bourrées, des gigues ou des scottishs. Non, il n’y aura pas que des groupes du Massif central, d’Occitanie ou de Bretagne. Non, la musique traditionnelle n’est pas ringarde. Mieux, elle est festive, conviviale, généreuse, riche et créative. En témoigne la manifestation sanfloraine qui s’ouvre, chaque année un peu plus, aux musiques du monde. Secret de sa longévité et de son succès.
21, 22 et 23 juin : Que réserve la 24e édition du festival des Hautes Terres ?
Ainsi, lorsque Fabienne Testu, l’organisatrice en chef du festival, s’attelle à la programmation, de nombreux mois à l’avance, souvent même plusieurs années, elle n’hésite plus à sortir des sentiers battus de la musique trad’ en invitant des groupes qui mêlent les sonorités traditionnelles aux rythmes actuels.Ce sera encore le cas, ce week-end, pour la 24e édition du festival des Hautes Terres.Rendez-vous pour un after electro samedi sur la place d'Armes avec Les Frères Tatane.À commencer par Les frères Tatane qui se produiront sur la scène Margeride, place d’Armes, samedi, à 23 h 15, pour un set live de près de 1 h 30. Derrière les platines, les boîtes à rythme et les synthés, Xavier à la mandoline électrique et Victor à l’hélicon amplifié, feront partager leurs pépites. Des morceaux de bandes originales connues ou complètement anonymes, chinés en Inde, en Turquie, au Maghreb ou dans les Balkans, au fil de leurs rencontres, en surfant sur internet ou puisés dans l’imposante collection de vinyles du monde entier que possède Victor et remixés à la sauce électro.
Avec pour seul mot d’ordre, que ce soit dansant.
Tout aussi dansant, le répertoire de Gros vivier, un groupe de cinq potes du Morvan, « tous de la même génération, trentenaires et passionnés de musique pop et disco ». Ils ont joué ensemble pour la première fois à la fête de la vielle, à Anost (Saône-et-Loire). Une révélation. Ils ont quitté leur groupe de musique traditionnel respectif, créé Gros vivier, en référence à « une expression de chez nous quand on passe un bon moment ensemble, indique Quentin.
On a commencé par ne jouer que de la musique collectée dans le Morvan, puis on a ajouté à ce collectage plein de notes, de tonalités, sans machine… On ne se refuse rien ! Ça donne une musique traditionnelle à danser, comme on aime, avec un son très roots. Ça frise un peu le kitch, mais on assume, c’est vraiment ce qu’on cherche.
Avec le groupe de Fédérico Sanchez, La 45 Salsa, « on sort du trad’ », annonce Fabienne Testu. Ses cinq musiciens et chanteurs en feront la démonstration demain, à 22 heures, place d’Armes, à travers un voyage qui transportera le public en Amérique latine, « de la musique trad’cubaine jusqu’aux sonorités actuelles », promettent-ils. Entre compositions originales et grands classiques, les trompettes, percussions latines, guitare classique à 12 cordes, basse, congas, timbales, violon et autres trombones, inviteront à danser sans modération.
Les rythmes latinos, le groupe Soun s’en empare aussi, mêlant, sans aucun complexe et de manière totalement assumée, les musiques bourbonnaises aux rythmes latinos. « Une fusion de musiques d’une petite province avec un immense continent », témoigne son leader, Patrick Bouffard qui, fort de ses expériences dans de nombreux groupes de pop, rock, jazz ou électro depuis une cinquantaine d’années, a su montrer, en pape de la vielle à roue qu’il est, que cet instrument se met vraiment à toutes les sauces. « Je suis un musicien sur la vielle avant d’être un vielleux ou un vielliste », clame-t-il.Mais si Soun casse les codes du trad’, « tout en conservant une mémoire collective », insiste Patrick Bouffard,
L’orientation latino est un prétexte pour faire entendre la musique du Massif central et faire comprendre aux gens qu’elle est nourrie de tout un tas d’influences.
Le pari est réussi. Les danseurs vont se régaler de swings chaloupés. « Chaque danse est compatible en latino ou en bourbonnais, assure-t-il. Quand ce sera une bourrée à deux temps, ils danseront une milonga, quand ce sera un forró, ils danseront une scottish… ».
Tous les concerts et bals sont gratuits.
Isabelle Barnérias