A Ussel, un service hospitalier primordial : "Heureusement qu'on a la maternité, sinon où irait-on pour accoucher ?"

Si la maternité d’Ussel déroge au seuil minimal des 300 accouchements par an établi par la Cour des comptes, le service reste pour autant essentiel. Sur ce territoire rural nord-Corrézien, l’hôpital demeure la structure la plus proche pour les futures mamans.

Accrochés aux murs du service, une foule de messages et de photos de remerciement. Sur un carton figure Théo, né l’été 2022, et quelques lignes manuscrites : « Je ne pouvais pas imaginer mieux que la maternité d’Ussel pour mon accouchement […] Une équipe géniale qui a su nous rassurer dans nos derniers moments à deux et nous guider dans nos premiers pas à trois. » Avec 140 naissances en 2023, la maternité d’Ussel est pourtant nettement sous les seuils des 300 naissances a minima, voire 1.000 naissances, qu’a arrêtés le dernier rapport de la Cour des comptes. Les Sages de la rue de Cambon, régulièrement, préconisent en termes financiers les conditions de viabilité économique des établissements en France. Un cadre qui, dans ses ratios entre moyens financiers alloués et fléchissement démographique, dissone avec la réalité des territoires ruraux. Oui, la maternité d’Ussel est hors cadre établi par la Cour des comptes, mais le service hospitalier demeure néanmoins absolument indispensable à tout le bassin de vie.

Jeudi 13 juin, deux bébés venaient de naître et Marie-Amélie, future maman elle aussi, se préparait à accoucher sous peu. « On vient de Merlines et c’est super important et rassurant de pouvoir être pris en charge ici. Imaginer Tulle ou, encore plus loin, Clermont pour accoucher aurait ajouté du stress en plus », confie la jeune femme. À ses côtés, Cédric, le futur papa, affiche lui aussi un sourire confiant."On évoque 140 naissances l’an dernier, mais l’activité du service est bien plus large : c’est autant d’actes chirurgicaux avec le suivi des patientes, des diagnostics, des dépistages de cancers de l’utérus, des ovaires, du sein… C’est aussi ici qu’est proposé l’accès à l’IVG", explique le dr Chaouch, chef de pôle.

Christèle Védrine, sage-femme comme neuf autres collègues, participe à ce climat rassurant. Tout comme l’ensemble des équipes. « Avec un gynécologue à temps plein et 3 remplaçants, une pédiatre et trois anesthésistes, les effectifs répondent à une prise en charge en toute sécurité et en proximité, même si ça reste fragile », estime Yoann Balestrat, directeur de l’hôpital. De retour d’une intervention chirurgicale, le docteur Belgacem Chaouch acquiesce : « Des moyens supplémentaires seraient bienvenus. Il ne faut pas que je tombe malade ! ». Chef de pôle depuis 2016, le gynécologue-obstétricien est également chirurgien. « On évoque 140 naissances l’an dernier, mais l’activité du service est bien plus large : c’est autant d’actes chirurgicaux avec le suivi des patientes, des diagnostics, des dépistages de cancers de l’utérus, des ovaires, du sein… C’est aussi ici qu’est proposé l’accès à l’IVG. Et dans des délais très rapides, et on sait combien les délais sont importants dans les interruptions de grossesses. »

Le facteur temps constitue aussi, dans certains cas, un élément déterminant pour la prise en charge des futures mamans. Il y a quelques semaines, un cas d’hématome rétro placentaire a nécessité l’admission en urgence d’une patiente. La proximité du service hospitalier a permis de sauver la mère et l’enfant, qui a pu être extrait à temps.Le service, qui a enregistré l'an dernier 140 naissances, permet aussi le suivi pédiatrique des enfants.

« L’hémorragie de la délivrance, c’est notre angoisse à tous. Déjà dans un contexte médicalisé, c’est compliqué, mais sans ce dernier… Si les délais de prise en charge sont trop longs, il est clairement question de perte de chance », souligne le docteur Jean-Pierre Bouby, coordinateur médical entre les deux hôpitaux d’Ussel et de Tulle. Gynécologue obstétricien lui aussi, ancien chef de pôle à Tulle, le praticien souligne également l’orientation sur mesure qu’effectue au quotidien le service. « En cas de prises en charges spécifiques, nous orientons vers Tulle et Brive, qui sont des maternités de niveau 2. Et vers les deux CHU voisins, de niveau 3, pour des cas très spécifiques. »

Dans ce bassin de population de quelque 40.000 personnes, qui déborde sur les départements voisins du Cantal et du Puy-de-Dôme, l’accès aux consultations du docteur Anna Wachowiak, pédiatre, constitue également un plus pour les familles. « C’est aussi très rassurant d’avoir accès à un suivi pédiatrique », souligne un jeune papa au sortir d’une consultation. « Heureusement qu’on a la maternité d’Ussel. Sinon, où va-t-on ? »

Julien Bachellerie