Pour le Clermontois Pierre-Charles Peuf, « les jeunes ont pris le pouvoir » en équipe de France

Qu’avez-vous pensé de l’équipe de France aux championnats d’Europe (7-12 juin) ?

J’ai trouvé les athlètes très engagés, dans un excellent état d’esprit, performants. Sur nos statistiques arrivées au championnat, places européennes et résultats, on est extrêmement positif. On a eu beaucoup de personnal best (record personnel) et de season best (meilleure performance de la saison), pour plus de la moitié des athlètes. C’est un peu tôt dans la saison mais pour début juin, les athlètes étaient très, très en forme.

Les jeunes d’Ambition 2024 (*) dont je m’occupe ont clairement pris le pouvoir. Les petits jeunes qui arrivent sont devenus des tauliers.

Comment l’expliquez-vous ?

Il y a le passage obligé des championnats de France (28-30 juin) pour valider les billets olympiques et puis cette année, on a fait le choix de partir aux Europe avec des gens en forme, pas en recherche de repères, et ça a plutôt payé. Il y a eu une excellente dynamique dès le début et elle ne s’est pas démentie. Auriana (Lazraq Khlass, heptathlon, 2e) et Cyréna (Samba-Mayela, 100 m haies, 1ere) ont inspiré tout le monde. Les jeunes d’Ambition 2024 (*) dont je m’occupe ont clairement pris le pouvoir. Les petits jeunes qui arrivent sont devenus des tauliers.

Qui sont-ils ?

Les moins de 26 ans aux JO de Paris comme Cyréna, Rose Loga (marteau, 3e), Thomas Gogois (triple saut, 3e), Agathe Guillemot (1.500 m, 3e), Gabriel Tual (800 m, 1er)... 

Tual, l’archétype ?

Tual, c’est la classe. C’était notre troisième meilleur coureur de 800 et il est champion d’Europe. Ce qui veut dire, derrière pour les Jeux, qu’avec Yanis (Meziane) et Benjamin (Robert), on a trois clients potentiels pour la finale. En termes d’état d’esprit, Auriana et Makenson (Gletty, décathlon) ont vraiment dépassé leurs limites et Cyréna s’est affirmée comme potentiel à la médaille olympique.

Y en aura-t-il d’autres ?

Quelques-uns vont rentrer en plus, Rénelle Lamote (800 m), Sasha Zhoya, Wilhem Belocian (110 m haies), une réserve à très haut niveau qui a fait des choix de saison différents. Mais, franchement, on partait à ces championnats avec une équipe qui pouvait friser le zéro médaille aux JO et on en revient avec une équipe qui peut nourrir quelques ambitions.

"Rome se classe comme le 3e championnat d’Europe en termes de médailles (16) pour l'équipe de France"

En termes de médailles ?

Oui, clairement. Historiquement, Rome se classe comme le troisième championnat d’Europe en termes de médailles (16) derrière Zurich (25 en 2014) et Barcelone (18 en 2010). On est au niveau des meilleures équipes de France qu’on ait eues.

Au sortir de cette revue européenne, quelles sont les attentes aux championnats de France ?

Ils doivent valider les derniers tickets et remplir le bateau pour aller aux Jeux avec l’équipe la plus complète possible.

Ce serait avec combien d’athlètes ?

Avec la qualification des relais, de la marche et des marathoniennes, on est déjà à 35-40 athlètes. Une soixantaine si on rajoute les auteurs des minima et les protégés, finalistes à Budapest (Finot, Collet, Zhoya). On peut peut-être aller à 80, 85, voire plus.

"Le stadium Pellez, il n'y a pas d'aussi belles salles en France"

Les leaders seront-ils ceux des Europe ?

Oui et non. Yann (Chaussinand, marteau) par exemple, sa 5e place européenne vaut quasiment une 5e place mondiale. En demi-fond, avec les pays africains, les places reculent vraiment.

Yann, l’illustration de la traditionnelle présence auvergnate ?

L’Auvergne, c’est une anomalie statistique. Par rapport à sa population, ce qu’elle fournit en internationaux sur les championnats va à l’encontre de toutes les stats. C’est un pôle qui fonctionne bien avec des entraîneurs de niveau international, les Philippe d’Encausse, Jeff Pontier, des jeunes, David Chaussinand qui reprend du service avec Yann. La tradition continue de se perpétuer. Et puis, il y a le Stadium Pellez ; il n’y a pas d’aussi belles salles en France.

Francis Laporte(*) Lancé en novembre 2021, le dispositif de la FFA accompagne 56 jeunes athlètes de talent identifiés pour leurs performances et leur potentiel olympique.