A la découverte de Romain Vennat, le Clermontois qui met les champions en lumière
De ses années de pratique du judo, il lui reste de solides épaules. Ainsi qu’une bonne compréhension de la psychologie de l’athlète. « J’ai vite pris conscience que je n’avais pas le niveau requis pour vivre de mon sport, qui n’est pas, en général, un sport dont on peut vivre », sourit Romain Vennat.
Ce Clermontois, « à 100 % », a donc trouvé une autre voie pour assouvir sa passion. Un métier pour approcher au plus près les grands champions, les accompagner par-delà les stades, les mettre en lumière quand ils triment la plupart du temps dans l’ombre.
Du All Star Perche avec Renaud Lavillenie à l'agence GollazoC’est à la sortie de l’École supérieure de commerce de Clermont, où il a validé un double diplôme dans une université écossaise, qu’il a saisi sa chance. Ou plutôt la perche, tendue par un ami.
Lors d’une sortie en vélo, Renaud Lavillenie, que je connais depuis plusieurs années, m’a parlé du All Star Perche qu’il voulait lancer. Il m’a proposé de l’organiser avec lui. J’ai fait le choix de le suivre plutôt que d’accepter des CDI ailleurs.
L’année prochaine, le concours qui remplit la Maison des Sports vivra déjà sa 10e édition.
Le jeune homme travaille alors avec Julien Galland, l’agent de l’ancien recordman du monde du saut à la perche. Ce dernier finit par l’embaucher au sein de la branche française de Golazo, le leader européen de l’évènementiel sportif fondé par l’athlète belge Bob Verbeeck il y a une trentaine d’années. Une société employant plus de 300 collaborateurs à l’international, qui organise plus d’un millier de manifestations et qui fait courir plus d’un million et demi de personnes par an.
L’Auvergnat se voit alors confier une mission, à l’approche des Jeux Olympiques de Rio en 2016 : accompagner les athlètes soutenus par Bridgestone, un des principaux sponsors du mouvement olympique. Une mission renouvelée depuis, à chaque édition des Jeux d’été ou d’hiver. Aujourd’hui, à 32 ans, Romain Vennat est « account director » (directeur de compte). C’est lui qui recrute les sportifs, mène à bien les campagnes de publicité du manufacturier et organise les opérations événementielles auxquelles ils participent.
Des cours à l'ESC ClermontÀ l’horizon Paris 2024, ce sont quatorze athlètes, « potentiellement champions olympiques » et répartis dans quatre pays, dont il a la charge. Parmi eux, Adam Peaty et Gianmarco Tamberi – tous deux sacrés à Tokyo – ou le décathlonien Kevin Mayer.
« Cela recouvre toutes les facettes du marketing sportif, l’organisation des points médias avec les sponsors, l’arrivée au village olympique aux soirées avec les clients… », explique celui qui donne aussi des cours sur la thématique à l’ESC Clermont. Qui bosse également, actuellement, sur le Relais de la flamme et prépare en parallèle les Jeux Paralympiques.
« Le siège de Golazo est à Paris, mais je travaille de chez moi. Je m’organise comme je veux et je voyage depuis Clermont. J’adore la qualité de vie ici », précise le jeune papa. « Je suis attaché à la ville, au Puy-de-Dôme, à la région… Il y a beaucoup de sportifs en Auvergne qui ont la volonté de faire rayonner le territoire. » Ça tombe bien, Romain Vennat est là pour les accompagner.
« Les sportifs portent des valeurs qui sont transposables aux entreprises, très inspirantes pour tous. » Romain Vennat propose des interventions adaptées aux sociétés qui le souhaitent, quelle que soit leur taille.Recordman du monde du décathlon, le Montpelliérain Kevin Mayer collabore étroitement avec Romain Vennat. « Ces prestations ne sont pas réservées aux multinationales. Chaque entreprise peut solliciter un service, en fonction de ses moyens et de sa volonté d’investir dans le sport », martèle le Clermontois, qui veut briser les idées reçues. « Un sportif, même de très haut niveau, n’est pas intouchable. Il y a un décalage entre l’image que la société se fait et la réalité de la vie des athlètes. Ils ne voyagent pas tous en jet. Le sport est un univers précaire. Seule une élite peut en vivre sereinement », insiste Romain Vennat.
« Beaucoup d’athlètes sont livrés à eux-mêmes »Selon lui, si le foot et le rugby ont « des codes différents », les sports olympiques « sont sous perfusion, avec les droits télé » et les fédérations « manquent d’argent ». « Beaucoup d’athlètes sont livrés à eux-mêmes. La France n’est pas une nation de sport. L’État ne met pas assez de moyens », estime l’Auvergnat.
Avec les Jeux de Paris, Romain Vennat découvre un peu plus un monde paralympique « inspirant ». « Ces sportifs gagnent en notoriété, mais là les chiffres sont dérisoires par rapport aux valides. Pourtant, on fait des choses sympas avec eux », dévoile celui pour qui la recette de la réussite, dans son métier, est « de se faire le plus petit possible ». « Sans être agent, je travaille au quotidien avec eux et si je suis trop intrusif, ils fermeront tout. Je dois être disponible tout le temps. Le grand champion est toujours entouré de gens différents, cependant son cercle proche est très resserré. Il est loyal avec ceux qui sont là pour lui. »
L’ancien judoka avoue que « souvent, les boîtes changent d’opinion » après l’intervention d’un sportif. « Moi aussi, j’admire leur capacité à, tous les jours, répéter les mêmes gestes, chercher à faire mieux, à aller de l’avant. Le public ne voit pas leur préparation, leurs sacrifices. Ces gens-là ne sont pas câblés comme nous. »
Les ambassadeurs Bridgestone. Outre Kevin Mayer, Romain Vennat travaille avec Amandine Buchard (judo), Manon Apithy-Brunet (escrime), Pauline Ado (surf), Mandy François-Elie (para-athlé) et Rémi Boullé (para-kayak). À l’international, avec les Italiens Gianmarco Tamberi (athlé), Gregorio Paltrinieri (natation), les Anglais Adam Peaty (natation) et Charlotte Worthington (BMX freestyle), les Allemands Timo Boll (tennis de table) et Malaika Mihambo (athlé), ainsi que les Espagnols Saul Craviotto (kayak) et Ana Peleteiro (athlé).
Sébastien Devaur