Des collégiens d'Uzerche racontent leur fraternité avec les jeunes exilés
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Les élèves de 3e de l’atelier théâtre du collège Gaulcem-Faidit ont joué Viktor à l’auditorium Sophie-Dessus, une pièce écrite et mise en scène par Elodie Chamauret à partir notamment de témoignages de jeunes exilés scolarisés à Treignac.
Viktor pourrait s’appeler Moussa ; son personnage est inspiré en partie de la vie de cet adolescent, exilé arrivé à Treignac après un long et dramatique voyage. Moussa était dans la salle, vendredi soir, lorsque les élèves de 3e du collège Gaulcem Faidit ont raconté l’histoire de Viktor, sous la conduite de la comédienne et metteuse en scène Élodie Chamauret.
Viktor nomade, géant, maigre, musclé, fatigué, bavard, curieux, sympathique. Viktor qui a « franchi la mer dans l’espoir de trouver un monde meilleur ». Viktor, selon les personnages de la pièce - des collégiens comme leurs interprètes - qui « n’était pas si différent de nous. Il était devenu notre ami ».
Moussa, passé par la classe accueil du collège de Treignac, poursuit sa vie et sa formation. Viktor, lui, a dû quitter la France, sous le coup d’une OQTF, réveillant les rêves de liberté et d’avenir de ses copains d’exil, si proches des siens.
Réfléchir à l'exil et à l'avenir« Je voulais que la pièce reste la plus proche possible de leur esthétique de jeunes, qui raconte qu’on ne part pas tous du même point, mais qu’on a quand même les mêmes goûts et les mêmes rêves », résume Élodie Chamauret. « Pour eux, les histoires d’exil sont abstraites et lointaines. Il est important qu’ils en comprennent les tenants et les aboutissants pour, juste, parvenir à briser la glace et se rencontrer. »Dernières répétitions sur la scène de l'auditorium.
Pour créer la pièce, la metteuse en scène a entrelacé à une écriture purement théâtrale, nourrie des mots et des réflexions des collégiens uzerchois, un travail plus documentaire qu’elle avait conduit, l’an dernier, au collège de Treignac : la rencontre entre des élèves de 4e et leurs camarades de la classe accueil.
Il en était ressorti des témoignages sensibles et poignants (dont celui de Moussa), auxquels s’est mêlé également un travail avec des élèves du lycée hôtelier de Treignac sur l’hospitalité et le spectacle Impeccable, proposé par la FAL 19 aux collégiens. « Toutes ces strates-là font qu’on est arrivé à la pièce d’aujourd’hui », apprécie Élodie Chamauret.
Les rêves partagés de la jeunesseSur scène, la quinzaine d’élèves de l’atelier théâtre du collège uzerchois. « Depuis novembre, on les a amenés cinq fois au théâtre, puis le 6 juin au cinéma voir Moi, capitaine, pour qu’ils prennent la mesure du réalisme du théâtre qu’ils allaient interpréter et les sensibiliser au sujet de l’exil, de la douleur de ne pas être accueilli », explique la professeure documentaliste Julie Charles.Les collégiens ont été sensibilisés toute l'année à la question de l'exil et de l'accueil.
« Ils n’ont eu qu’une dizaine de séances de monter la pièce. C’est très court, mais tous ont fait du chemin. Certains ont beaucoup mûri. » Un bon point aussi pour le brevet. « Cela leur sert aussi pour l’oral. Ils ont gagné en confiance en soi. Ils ont travaillé l’enracinement du corps, le langage non verbal, ils ont appris à poser leur voix. »
Vendredi après-midi 14 juin, ils ont joué pour leurs camarades de 4e ; le soir, pour le grand public. Pour la première fois, ils ont rencontré Moussa, « ému de voir des élèves raconter son histoire », avance Julie Charles.
Blandine Hutin-Mercier