Le CNCS, à Moulins, habille de merveilleux le château d'Azay-le-Rideau
Depuis le 26 juin et jusqu’au 3 novembre, le Centre national du costume et de la scène (CNCS) expose hors les murs. Le château d’Azay-le-Rideau, dans l'Indre, sert d’écrin à l’exposition "Habiller le merveilleux, costumes de scène", et propose une expérience de visite inédite.
Le Centre des monuments nationaux (une centaine de sites en France), qui assure la conservation et l’animation du château d’Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire) et le Centre national du costume et de la scène (CNCS) s’associent pour présenter une exposition inédite au château d’Azay-le-Rideau.Bâti sur une île de l’Indre, à proximité de la forêt de Chinon, le château accueille une quinzaine de costumes du musée moulinois sur le thème des contes, de la féerie et de la nature, empruntés aux répertoires du ballet, de l’opéra et du théâtre.Les spectacles d’Ondine, d’Isoline, d’Obéron ou encore du mythique Lac des cygnes sont évoqués par ces habits de rois et de reines, de princes et princesses, d’elfes et de fées, créés par de grands peintres, décorateurs et designers.La directrice du CNCS, Delphine Pinasa, assure le commissariat de l’exposition et explique la genèse du projet.
Chercher à se démarquerDelphine Pinasa, directrice du CNCS lors de la visite de la ministre de la culture Rima Abdul Malak au CNCS, en 2023. Photo Corentin Garault Comment est né ce projet ? Nous avions déjà travaillé avec le Centre des monuments nationaux, pour une exposition intitulée Armures, hennins et crinolines, présentée en 2015, au château de Pierrefonds, dans l’Oise. Les châteaux de la Loire cherchent à se démarquer de leurs voisins. Le château d’Azay-le-Rideau, qui organise déjà des visites nocturnes, s’est adressé à nous pour créer un événement. L’idée de travailler sur le conte est venue en lien avec leur espace naturel, l’eau qui entoure le château. Toute l’équipe du château est venue visiter le musée. J’ai sélectionné quatorze costumes. Un scénographe a été retenu. Ondine - la reine © Pascal François D CF 268G-P-1Il s’agit de Simon de Tovar, qui avait déjà travaillé au CNCS, mais aussi au Petit Palais, au Musée d’art moderne de la Ville de Paris…Quels costumes avez-vous choisis de présenter ? Certains costumes de l’exposition Contes de fées [présentée du 7 avril au 4 novembre 2018] seront présentés. Nous avons choisi des costumes de différentes époques, des années 1950, 1970 et 1990, pour montrer l’évolution des styles. Parmi eux, des costumes d’Ondine, spectacle choisi en référence à l’Indre qui entoure le château. Il s’agit d’une robe très fine, avec sa toute petite collerette, portée par Isabelle Adjani en 1974. Certains costumes représentent des personnages fantastiques, proches du merveilleux. Après Isoline, Obéron, le public découvrira des costumes du Lac des cygnes, dans une production de l’Opéra de Paris Bastille, présentée en 1992.
4 à 5.000 visiteurs par jourOù et comment seront présentés ces costumes ? Tous seront exposés à l’intérieur du château, intégrés au parcours de visite, et protégés par des cages de tulle. Car le château accueille pas moins de 4 à 5.000 visiteurs par jour ! La visite débutera par les combles, par une vidéo sur le CNCS, une présentation des ateliers de couture, avec des mannequins, des échantillons de tissus. On explique, en français et en anglais, ce qu’est une fraise, un pourpoint, une culotte… Puis la visite se poursuivra au premier étage, avec un premier costume installé dans une tourelle, pour susciter la curiosité. Dans la chambre de Psyché, des costumes d’Obéron rappelleront les motifs des grandes tapisseries, riches en végétaux. Deux grandes vitrines ont été installées dans la grande salle du château, et d’autres, dans les chambres et antichambres.
Delphine Pinasa et un des costumes qui est présenté à Azay-le-Rideau, un costume extrait d’Isoline, costume de 1958 qui fait penser à la Reine mère dans Blanche Neige.
La scénographie pensée pour le château de la LoireQuelle scénographie ? Elle a été spécialement pensée pour le château et repose sur un équilibre entre les décors meublés du château, qui présente des collections de meubles, tapisseries et tableaux des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles et l’esthétique des costumes présentés. Il y aura des jeux de lumière et de reflets, en écho au miroir d’eau du château, grâce aux socles installés sous les mannequins. Le soir, lors des visites nocturnes, les spectacles dont sont issus les costumes seront évoqués à travers un parcours musical incitant à la rêverie. Au fil de sa déambulation, le visiteur découvrira des extraits de musiques de ballets et d’opéra.Cette exposition se dénote des prêts de pièces qu’on fait régulièrement, car on l’a entièrement conçue nous-mêmes, c’est une vraie création, fruit d’un an de travail. Un catalogue de 64 pages a d’ailleurs été réalisé, aux Éditions du regard. Notre objectif est de faire vivre les collections, et en exposant dans différents lieux, on cherche à s’adresser à un public touristique, étranger. Ces partenariats nous donnent une visibilité supplémentaire.
Delphine Pinasa lors de l'exposition Cabarets !, la nouvelle exposition du CNCS. Photo Corentin Garault Vous misez aussi sur la proximité régionale du site…
Oui, nous ne sommes qu’à trois heures et quart d’Azay en voiture. Et puis, il y a le tourisme à vélo, le long de la Loire. Et l’architecture bourbonnaise n’est pas très éloignée de celle des châteaux de la Loire. Leurs guides conférenciers ont été formés, et des liens ont été noués entre les services de médiation.
Ariane Bouhours
Pratique. Exposition "Habiller le merveilleux, costumes de scène", du 26 juin au 3 novembre 2024. Tarifs (compris dans le billet d’entrée), adultes, 13 €, gratuit pour les moins de 26 ans. Nocturnes : du 10 juillet au 24 août 2024, visite de l’exposition jusqu’à 23 h du mercredi au samedi. Dernier accès au monument : 22 heures.Autres prêts du musée. Des costumes du musée sont actuellement exposés, depuis février et jusqu’à début juillet, au Bard Graduate Center à New York, un lieu qui fait à la fois musée et école, pour une exposition consacrée à Sonia Delaunay, à son travail Art déco. D’autres costumes ont été prêtés au musée de l’Armée, à Paris, pour l’exposition temporaire Duels, l’art du combat, présentée depuis le 24 avril et jusqu’au dimanche 18 août 2024. L’expo revient aux sources historiques du duel pour en explorer les grands principes et les évolutions, jusqu’aux fantasmes de notre imaginaire collectif.Parmi les projets, une exposition au Musée du Louvre, et une autre à Milan, début 2025.