190 salariés, plus de 800.000 € de chiffre d'affaires : 7 ans après, quel bilan pour Territoire zéro chômeur à Thiers ?
À Thiers, les tout premiers CDI de l’expérimentation Territoire zéro chômeur ont été signés le 1er mai 2017.
Sept ans après, ce n’est pas une mais quatre entreprises à but d’emploi (EBE) qui ont été créées, et qui salarient aujourd’hui environ 190 personnes. Actypoles, Inserfac-EBE, la Ferme de Lucien et Thiers Entreprise portent des activités aussi variées que la gestion des cimetières, la récupération des encombrants, le reconditionnement informatique, la couture ou encore le maraîchage et l’élevage de poulets bio pour la restauration collective.
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À elles quatre, ces sociétés ont généré plus de 800.000 € de chiffre d’affaires en 2023. Auquel s’ajoutent les 600.000 € de celui de la société publique locale (SPL) Gaïa, créée elle aussi dans le cadre du dispositif.
Des effets sur la réussite scolaire des enfantsAu-delà des chiffres, il y a tout un bassin qui réduit son chômage, de la richesse injectée dans l’économie locale, des activités utiles à la population et surtout des vies chamboulées, sorties bien souvent de la misère pour retrouver confiance et dignité.
Tel un effet papillon, ce cercle vertueux a des répercussions étonnamment larges. "On s’est aperçu que le fait d’agir sur les parents a des effets sur les enfants, contre le décrochage scolaire et en faveur de la réussite aux examens", rapporte Laure Descoubès, directrice de la SPL Gaïa. "Quand les parents travaillent, cela met un rythme dans une famille, et le soir, on se raconte ce qu’on a fait. Les enfants entrent dans une dynamique, cela leur donne une nouvelle vision." Pour bien analyser ce phénomène, un doctorant en sociologie a commencé une thèse fin 2023.
Encore environ 80 personnes à embaucherAujourd’hui, environ 80 habitants sont encore éligibles pour entrer dans une entreprise à but d’emploi. Mais dans cette attente, ces personnes "sorties des radars" sont accompagnées par la SPL Gaïa. "Il arrive qu’elles trouvent un emploi sans passer par une EBE", souligne Laure Descoubès. En amont, donc, de l’essence même du dispositif.
En sept ans, quelques salariés des EBE en sont sortis pour créer leur activité ou être embauchés sur le marché du travail classique. Mais c’est une minorité, à peine 5 %. La plupart sont restés. Ce qui confirme le rôle de ces EBE : il ne s’agit pas d’insertion, de tremplin vers autre chose. Ce sont des "entreprises refuges" pour tous ceux qui connaissent de tels obstacles à l’emploi qu’ils ne trouveraient jamais leur place ailleurs.
Alice Chevrier