Aérodrome de Moulins-Montbeugny : l'Agglo entre dans "une phase active de négociations avec la CCI"
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Les élus de Moulins Communauté ont formulé, en conseil communautaire, trois solutions possibles pour la gestion de l’aérodrome de Moulins-Montbeugny. Trois, et pas une de plus. La balle est désormais dans le camp de la Chambre de commerce et d'industrie de l'Allier.
Quel montage financier pour conserver et développer l’activité de l’aérodrome, indispensable à l'attractivité économique et touristique du territoire?? Mercredi soir, en conseil communautaire, les élus ont autorisé à l’unanimité le président LR Pierre-André Périssol à entrer dans une phase de négociation active avec la CCI, sur une base claire.Après des réunions de travail menées depuis 2021, le 19 avril 2023, le président de la CCI, Jean-Claude Pérot et le président de l’Agglo avaient acté le principe d’une démarche commune afin de maintenir et développer l’outil, avec un co-financement à définir. Six temps de travail ont depuis été organisés.Le vice-président à l’économie Philippe Boismenu a rappelé les enjeux : un enjeu de territoire, car il s'agit de maintenir un équipement primordial pour le développement économique. L’aérodrome propose des services comme une offre de deux carburants, un "cluster d’entreprises du secteur de l’aéronautique", comme Aéro Maintenance Auvergne, installée depuis 2021, et qui envisage une extension de locaux, la société Wagner, de maintenance électronique, qui s’installera dans les prochaines semaines ; Voliris, spécialisée dans les dirigeables ; un projet avancé d‘une unité de construction et assemblage d’ULM.
L'aérodrome de Moulins veut redécoller
Aérodrome de Moulins-Montbeugny : des travaux sont nécessaires, à court et moyen terme. Photo Corentin GaraultLe deuxième enjeu est financier, eu égard aux investissements nécessaires à court et moyen termes. Ceux-ci ont été chiffrés. Les investissements de maintien, pour 1,3 millions d’euros, comprennent la tour de contrôle, de 15 à 30.000 € ; la réfection de la bande de roulement de la piste, dans 5 à 10 ans selon l’usure, pour 600.000 à 1 million d’euros ; les balises lumineuses de pistes, pour 40.000 € ; un instrument de guidage visuel, 100.000 €… Sans compter les investissements de développement : réhabilitation de l’aérogare, identique depuis sa construction au début des années 1980 avec une nouvelle offre de restauration et une crèche d’environ 12 places. Ce projet a été chiffré par un architecte à 2,4 millions d’euros, hors désamiantage, aménagements extérieurs et relooking de la tour.La première partie du parc photovoltaïque génère une recette de 80.000 € par an (travaux en cours), selon la convention signée avec Engie pour trente ans. Le deuxième, à venir, sur 19 hectares, doit générer 142.000 €, soit un total de 223.000 €. Des recettes convoitées par les deux parties...
La proposition de la CCI…Le 14 mai, la CCI a adressé un courrier à l’Agglo proposant une cession à Moulins co à l’euro symbolique des 68 ha de la plateforme aéronautique et de ses équipements, incluant principalement une partie de la phase 2 du parc photovoltaïque, environ 13 hectares, et 2 ha de la phase 1, soit 15 ha de panneaux, représentant à terme une recette annuelle estimée à 112.500 €.
Mais, a estimé Philippe Boismenu :
Cette proposition de la CCI n’est pas conforme aux engagements pris en avril 2023, et n’est pas financièrement acceptable avec une seule ressource annuelle de 112.500 €, ne couvrant même pas le déficit annuel de fonctionnement
Celui-ci s'élève à 144.000 € en 2023.
… Et les trois solutions de l’AggloL’Agglo veut permettre le maintien de l’outil et son développement, sur la base de trois options possibles de gestion :- la CCI garde la totalité des recettes photovoltaïques, mais doit s’engager à assurer un fonctionnement de l’aérodrome avec un service Afis (ces agents assurent la sécurité du trafic à partir de la tour de contrôle) 7 jours sur 7. Elle s’engage à réaliser des investissements de maintien nécessaires et pourra bénéficier d’un soutien de l’Agglo de manière directe ou indirecte pour les investissements de développement.- L’Agglo prend en charge, via un prestataire, la gestion de l’aérodrome ainsi que les investissements. Mais il lui faut alors la totalité des recettes du photovoltaique.- La CCI et l’Agglo constituent un outil commun, s’engageant aux mêmes services et bénéficiant des deux sources de recettes photovoltaïques."Comment est-on arrivé là ?", s’est interrogé Jean-Michel Bourgeot (PS). "Quelle est la gestion de ce site ? Nous avons connu il y a encore une quinzaine d’années, trois agents Afis. À ce jour, cette sécurité n’est même plus assurée lorsque le seul agent est absent. Il n’est plus possible d’atterrir de nuit. Comment l’exécutif de la CCI a-t-il pu laisser tomber cet outil important pour notre développement économique, alors que ses missions principales sont d’accompagner les entreprises à toutes les étapes de leur développement ? Évidemment, il faut trouver une solution afin de permettre le maintien de cette base !""Avec sa proposition, la CCI veut le beurre et l’argent du beurre", a réagi Cécile de Breuvand (Majorité, Moulins). "Nos trois propositions sont, elles, raisonnables pour tout le monde".
Les convoitées recettes des panneaux photovoltaïques"L’aérodrome est important pour l’activité économique du territoire », a rappelé Pierre-André Périssol, "on a des entreprises dont les directions sont ailleurs en Europe et dont les dirigeants viennent en utilisant l’aérodrome. Si on n’agit pas, on n’aura plus d’aérodrome, on a déjà une baisse du service rendu, car l’agent Afis n’est pas remplacé pendant ses congés. Les recettes photovoltaïques doivent aller à celui qui permet le maintien de l’activité".Laëtitia Planche, du groupe démocrate et écologiste, a constaté :
"Cet équipement structurant est indispensable, il faut pouvoir le sauver, mais je note que c’est un organisme public qui vient aider un opérateur privé qui n’a pas su faire face à ses responsabilités".
Ariane Bouhours