L'ambitieux plan de la métropole de Clermont pour l'accès à l'eau potable : 150 millions d'euros investis en 20 ans
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Pour que l’eau potable coule toujours dans les robinets, la métropole de Clermont-Ferrand va accélérer ses investissements, dans les vingt prochaines années. L’effort sera conséquent -150 millions d'euros- et synonyme de hausse de la facture d’eau pour les usagers.
La métropole de Clermont-Ferrand privée d’eau potable ? Si le caniculaire été 2023 a apporté quelques sueurs froides, le scénario catastrophe épargne pour l’heure le territoire. Mais au fil des sécheresses répétées, l’équilibre est de plus en plus fragile.
La métropole veut donc prendre les devants : pour améliorer la performance de ses équipements et la qualité de l’eau tout en sécurisant la ressource, ses élus ont adopté, vendredi en conseil, un ambitieux « schéma directeur d'adduction d’eau potable » pour les dix communes dont elle gère l’eau potable (Beaumont, Ceyrat, Clermont-Ferrand, Cournon, Durtol, Orcines, Pérignat-lès-Sarliève, Royat et Saint-Genès-Champanelle).
Un schéma directeur, mais pourquoi ?Parce que l’approvisionnement en eau potable est loin d’être garanti à l’avenir. « Les projections nous montrent qu’à l’horizon 2045, nous serons en déficit de quantité d’eau disponible », explique même Christophe Vial, vice-président de Clermont Auvergne Métropole en charge du cycle de l’eau.
Ce déficit, qui tient compte d’une baisse attendue de 2 % de la consommation chaque année, est évalué à 14.000 m3 d’eau par jour. Or la consommation actuelle d’eau potable sur les dix communes de la métropole concernées s’élève… à 35.000 m3 par jour. En situation de crise, il manquerait donc près de la moitié des besoins.
Pour ne pas en arriver là, la métropole travaille donc depuis 2020 à l’élaboration d'un schéma directeur d'adduction d’eau potable. « L’objectif est d’avoir une feuille de route pour les vingt prochaines années afin d’assurer la fourniture en eau potable de l’ensemble des usages, en quantité comme en qualité », résume l’élu.
Cette feuille de route « n’est pas figée dans le marbre » et pourra bien sûr évoluer en fonction des besoins, mais un premier chiffre est livré : ce schéma représente 150 millions d’euros d’investissements sur vingt ans, dont 124 millions dans les dix prochaines années.
Quels seront les investissements ?L’enjeu est donc de pallier le déficit attendu de 14.000 m3 par jour. Plusieurs axes d’actions ont été définis. Le principal (100 millions d’euros) porte sur le renouvellement des réseaux afin d’éliminer les fuites. L’amélioration du taux de rendement (de 81 % aujourd’hui à 85 % dans vingt ans) permettrait un premier gain quotidien de 4.000 m3.
Deuxième grande mesure : l’optimisation et la sécurisation des ressources actuelles. Ici, il s’agit notamment de les interconnecter afin de pouvoir prélever davantage dans l’une d’elles, en fonction de leurs niveaux de remplissage. Un gain de 6.000 m3/jour est espéré.
Enfin, le dernier axe du schéma porte, pour 4.000 m3/jour, sur « l’utilisation potentielle de ressources en sommeil ». Concrètement, la métropole va bientôt pouvoir s’alimenter dans le maar d’Enval à Orcines ; cette nouvelle ressource va lui permettre de mettre en sommeil trois autres points de captage, toujours à Orcines. « Mais s’il y a urgence, en situation de crise et avec l’autorisation de l’Agence régionale de santé, nous pourrons nous reconnecter à ces ressources », décrypte Christophe Vial.
Autres points importants intégrés à ce schéma directeur : une étude va être lancée quant à la réutilisation d’eaux usées, le réseau d’eau potable doit être interconnecté avec celui d’autres territoires (Basse Limagne et région d’Issoire).
Quel impact sur la facture des usagers ?Le renouvellement des compteurs doit permettre, à terme, aux usagers de suivre leur consommation en direct (comme pour l’électricité avec Linky). Mais parce que les investissements de l’eau doivent être légalement financés par les recettes de l’eau, il faut aussi s’attendre, dès 2025, à une légère hausse de la facture.
Cette augmentation de 5 centimes par m3 va porter le tarif de l’eau potable dans les dix communes de 2,10 € TTC/m3 à 2,15 €. « Sur une facture type de 120 m3, cela représente 6 € à l’année. Ça nous semble soutenable et on reste en dessous de la moyenne nationale », considère Christophe Vial, mettant en parallèle les enjeux mais aussi la mise en place d’une « allocation eau » par la métropole. « Avec cette allocation, on dit que la facture d’eau ne peut pas dépasser 2,5 % des revenus d’un foyer bénéficiaire de la CAF. La métropole prend en charge la différence. »
La hausse des tarifs fait débatÀ l'heure des débats en conseil ce vendredi, l’intérêt de ce schéma directeur a été salué par l'ensemble des élus métropolitains. En commentaires, Charles Dubreuil (Générations et apparentés) demandait toutefois à « remettre au débat la tarification progressive de l’eau » et Vincent Soulignac (EELV) glissait qu’en plus des trois grandes solutions proposées pour résorber le déficit d’eau attendu, « une solution autrement efficace serait de récupérer l’eau actuellement embouteillée par une multinationale à proximité de notre métropole. Ce volume est conséquent, de l’ordre de 5.000 m3/jour. »
Et à l’heure du vote, seul le groupe Clermont en Commun – France Insoumise s’est abstenu, Fatima Chennouf-Terrasse déplorant « une nouvelle augmentation des tarifs de l’eau ». « Vous n’avez pas le monopole du cœur de la solidarité, lui répondait Christophe Vial. Vous osez dire que les tarifs explosent, mais nous sommes en dessous du tarif national ! » Et de revenir sur la mise en place de l’allocation eau qui doit « concerner plus de 22.000 habitants sur la métropole, pour des montants allant de 10 à 140 euros par an. Vous osez dire qu’on n’a rien fait ? C’est une honte. »
Arthur Cesbron