Lancement d'un Festival d'Avignon "plus nécessaire que jamais" dans un contexte politique tendu

Le Festival d'Avignon, qui compte parmi les plus grandes manifestations théâtrales du monde, s'ouvre ce samedi 29 juin. Les 35 pièces du "in" et les 1.600 spectacles proposés en "off" sont programmés jusqu'au 21 juillet.

Le 78 e Festival d'Avignon commence ce samedi 29 juin. Cette importante manifestation de théâtre organisée dans le sud-est de la France se tient cette année dans le contexte tendu des élections législatives.

Cette édition, qui dure jusqu'au 21 juillet, a été avancée en raison des Jeux olympiques de Paris, qui vont réclamer une mobilisation massive des forces de l'ordre, ce qui fait redouter une moindre fréquentation lors des premiers jours du festival "off" — qui n'est pas subventionné et se déroule parallèlement au "in", le festival officiel. Pour son directeur portugais Tiago Rodrigues, le festival, aussi percuté par le calendrier des deux tours des législatives (les dimanches 30 juin et 7 juillet), "est plus nécessaire que jamais", "dans le contexte perturbé de la politique française" après la dissolution de l'Assemblée nationale. Il a souligné qu'il s'agissait d'un événement "démocratique, populaire, républicain, écologiste, féministe, antiraciste" et appelé à faire barrage à l'extrême droite dans les urnes.

Samedi après-midi, festivaliers et touristes commençaient à investir doucement les rues de la ville intra-muros, où quelques compagnies du off, en costumes, distribuaient des invitations pour leur spectacle, tandis que de nombreux plots, grilles de jardins, gouttières et réverbères étaient recouverts d'affiches, a constaté une journaliste de l'AFP. Côté scène, le plus célèbre festival de théâtre au monde — avec celui d’Edimbourg —, fondé en 1947 par Jean Vilar, met à l'honneur cet été la langue espagnole.

C'est d'ailleurs une artiste espagnole, Angélica Liddell, connue pour des spectacles qui dérangent, qui va ouvrir les festivités dans la Cour d'honneur du Palais des papes avec la pièce "Dämon. El funeral de Bergman". Deuxième volet d'une trilogie consacrée à la mort, il s'agit d'une plongée dans l'univers du cinéaste suédois Ingmar Bergman, qui avait imaginé et soigneusement écrit ses propres obsèques après avoir vu les funérailles du pape Jean-Paul II à la télévision, déconseillée aux moins de 16 ans (des scènes pouvant "heurter"). 

Cette année, quelque 35 pièces, dont un tiers mettent en valeur des artistes espagnols ou latino-américains, sont programmées du côté du "in". Plus de 1.600 spectacles sont aussi proposés du côté du "off", plus grand marché de spectacle vivant en France qui ouvre officiellement le 3 juillet (jusqu'au 21), même si près de 25% d'entre eux sont présentés en avant-première à partir du 29.

Avec AFP