Clap de (presque) fin pour Renaud Lavillenie, qui n'a pas réalisé les minima pour les JO de Paris
Clap de fin ! Avec 5,60 m, sur le sautoir au vent tourbillonnant d’Angers, Renaud Lavillenie n’a pas réalisé les minima pour Paris. Privé de sélection olympique, mais pas de projections d’avenir.
Renaud Lavillenie n’est pas dans la sélection. Lui, le perchiste aux trois JO, médaillé d’or et d’argent, n’ira pas à Paris, ne tentera pas la palme au Stade de France. Bien sûr, il faut rembobiner le film de sa dernière année. Son opération d’une rupture partielle du tendon de l’ischio-jambier gauche, le 14 septembre 2023, ses soins, ses retours à l’entraînement, en compétition. Les épisodes et les rebondissements... Angers venait trop tôt.
Et puis comprendre aussi que les perchistes ne font pas leur cinéma quand ils regardent avec inquiétude la manche à air multicolore qui donne la direction du vent. Elle joua les mutines, ce dimanche, joua avec les nerfs. Quand du vent dépend la perf, quand de celle-ci dépend la sélection...
Échec à 5,72 m« De l’échauffement à la fin, ce fut compliqué. Quand tu es réglé et en forme, tu arrives à t’en sortir. Je l’ai fait par le passé, redisait l’Auvergnat. Mais quand tu es en manque total de repères et que tu as besoin d’au moins des conditions neutres pour te libérer, le moindre petit coup de vent est perturbant. C’est d’autant plus dur sur un concours où la performance a une importance cruciale ».
Élan de 16, perche adaptée au zeff de 5 m 15.4 - du grand classique - Renaud entra en scène à 5,45 m. Une sagesse récompensée d’entrée. À une première barre qu’Anthony Ammirati effaça en deux essais. Puis, suite de la tirade à 5,60 m, où Thibaut Collet dernier par ordre d’apparition et premier Français, s’y reprit à deux fois, quand les deux Envolistes échangèrent les rôles. Avant de se retrouver face à 5,72 m. Avec la même difficulté. Renaud toucha avec les genoux dans la phase montante à sa troisième tentative. Clap de fin. Du concours, dont il sortit avec une médaille de bronze quand Anthony enfilait l’argent, et de la fameuse course aux Jeux.
Une non-sélection qu’il prit avec acceptation, un vrai recul.
« J’aurais 25 ans, je raterai les Jeux de ma vie. Mais je les ai gagnés une fois, presque gagné une deuxième fois. Sur ce sujet, j’ai apprécié les mots de mon ami américain Sam Kendricks après les trials. Ne pas aller aux Jeux n’est pas un drame. Le saut à la perche, l’athlé, ne tourne pas qu’autour des Jeux. Si dans l’absolu ne pas faire les JO me permet de faire deux-trois championnats du monde de plus, je prends. Parce que pour moi, la régularité, la récurrence a toujours été ma motivation et ma source de plaisir. »
Le perchiste afficha d’ailleurs sa « confiance pour la suite ». Prochain tournage : Charléty, dimanche 7 juillet. « Les 5,82 m à Paris, c’est clairement imaginable. C’est un des scénarios que j’ai imaginé ces derniers temps ». Première projection. « L’an prochain, il y a mon All Star, les Europe l’hiver prochain, les Mondiaux à Tokyo qui me font bien envie »...
Francis Laporte
« Vu les conditions difficiles, Renaud (Lavillenie) a fait ce qu’il a pu. Il n’a pas démérité. Car le vent était dégueulasse, surtout dans son cas alors qu’il est à la recherche de repères ; c’est plus difficile pour lui. Bon, on fait un sport où les miracles n’existent pas. Et la vie ne s’arrête pas là. Il sera à un bon niveau d’ici dix jours. Et je pense qu’au fond de lui, il était content car il était dans le match. Il a encore envie de sauter. Quant à Anthony (Ammirati), j’espère qu’il ne sera pas oublié dans la sélection aux Jeux. Il rentre dans les critères : il est vice-champion de France, il est sélectionnable au ranking et puis c’est un espoir. Il peut être compétitif dans un mois. »