Au lendemain du premier tour, la Creuse est-elle vraiment chamboulée ?

Les résultats du premier tour dimanche soir en Creuse sont certes marqués par l’avance écrasante de l’extrême droite. Mais au-delà d’une apparence de chamboule-tout, le territoire n’a pas perdu tous ses ancrages.

Que retenir de ce scrutin dans la Creuse au regard des différents chiffres ? D’abord, que la Creuse ne s’est pas distinguée du national en termes de participation. Ici aussi, on a voté beaucoup plus que de coutume. Bien plus même : avec 70,63 %, le département enregistre un score jamais vu depuis plus de quarante ans.

Une participation record, une Creuse repolitisée

Certaines communes se sont même distinguées avec plus de 80, voire 90 % de participation : c’est à La Villedieu que l’on a le plus voté avec 93 %, comme ce fut le cas d’ailleurs pour les dernières Européennes. Et même le plus faible taux de participation ce dimanche (55,2 % au Mas d’Artige) aurait eu fière allure lors de précédents scrutins.Ici aussi, on a placé le RN en tête mais la vague vient quelque peu se heurter au facteur local. Pour rappel, le 9 juin, seules quinze communes avaient résisté quand elles sont près d’une centaine en ce premier tour des législatives. L’incarnation du territoire à Paris veut bien encore dire quelque chose dans une élection nationale.Certes, l’ancrage local ne se vérifie pas au regard des scores d’un Bartolomé Lenoir, quasi-inconnu sur le territoire et qui bénéficie sans conteste de la vague nationale : s’il se place largement et logiquement en tête dans plusieurs communes du nord-est autour du fief familial de Lépaud (Viersat, Pierrefitte, La Celle-sous-Gouzon, Auge, Bord-Saint-Georges, Lussat…), il devance aussi ses adversaires sur 150 autres communes disséminées à travers tout le territoire.

Droite ou gauche, les anciens fiefs affleurent

Disséminées certes, mais sans toutefois effacer complètement l’ancienne géographie électorale de la Creuse. À l’échelle communale, les deux anciennes circonscriptions affleurent toujours. Ainsi, ces poches de gauche dans l’ouest de la Creuse : dans et autour de Guéret (Lépinas, Maisonnisses, Savennes, Sous-Parsat, Saint-Christophe) comme au pays de Bourganeuf (Saint-Martin-Sainte-Catherine, Saint-Pardoux-Morterolles, Saint-Moreil…) où Catherine Couturier fait ses plus beaux scores.

Législatives : Bartolomé Lenoir devance Catherine Couturier et Valérie Simonet en Creuse

Elle réalise aussi de très belles performances dans le grand sud du département. À Faux-la-Montagne, à La Villedieu, à Gentioux-Pigerolles, à Saint-Martin-Château, la candidate du Nouveau front populaire aurait été élue au premier tour !À l’est, la droite républicaine est toujours enracinée : le bassin d’Auzances comme celui de Chénérailles ont offert à Valérie Simonet ses meilleurs résultats : Bussière-Nouvelle évidemment, Mérinchal, Sermur, Dontreix, Les Mars, Le Compas, Saint-Chabrais et même Le Chauchet où le maire avait pourtant reçu dans sa ferme le candidat de l’Union de l’extrême droite accompagné de Jean Auclair…

Là où la Creuse se distingue

Enfin, si le RN en Creuse fait quasiment le même score qu’au national (33,35 % ici et 33,2 % en France), les deux autres candidates se distinguent du score de leur parti. À la baisse pour la représentante de l’Union de la gauche : 23,47 % pour Catherine Couturier quand le Nouveau front populaire rassemble 28,1 % sur le territoire. À la hausse pour la représentante des LR qui n’ont pas suivi Ciotti : ils pèsent 6,57 % dans l’Hexagone mais 22,12 % dans la seule Creuse de Valérie Simonet. 

Floris Bressy et Séverine Perrier