Tour de France : le ton monte entre Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard
Toujours souriant, voire espiègle, le Slovène a arboré un visage fermé au moment d’évoquer ses attaques, agacé d’être sous surveillance de l’équipe néerlandaise Visma, qui va jusqu’à refuser de coopérer avec lui lorsqu’elle peut creuser l’écart sur le reste des favoris. « Je crois que chez Visma, ils ne regardaient que moi et ont sous-estimé les autres. Je crois qu’il pourrait y avoir un retour de bâton plus tard », a asséné le double vainqueur du Tour en 2020 et 2021.
Au long des 199 km de boucle serpentant entre les pieds de vigne autour de Troyes, “Pogi” s’est montré offensif, multipliant les attaques lorsqu’il posait les roues sur les chemins de gravel disséminés sur le parcours. Mais la formation du tenant du titre Jonas Vingegaard a à chaque fois cherché à temporiser, même lorsque les deux géants ont pris quelques longueurs d’avance sur le reste du peloton en compagnie de Remco Evenepoel. « Ça peut leur coûter » Le Belge ne s’est pas fait prier pour relayer Pogacar, mais quand les deux hommes se sont tournés vers le Danois, celui-ci a fait signe avec un sérieux d’épicier qu’il ne passerait pas pour les aider à creuser l’écart. « On aurait repris du temps et un peu consolidé le podium », a déploré Pogacar, avant de se montrer menaçant : « Ce n’est pas ce que veut Visma, je crois. Ils mettent vraiment l’accent sur moi, ils vont me suivre jusqu’au bout du Tour, mais ça peut leur coûter ». « S’ils disent avant la course de rouler défensivement, il faut l’accepter. Mais à ce moment-là, c’était un peu bizarre, on était les trois grands favoris devant », a jugé Evenepoel, semblant plutôt en accord avec le maillot jaune. À 22 km de l’arrivée, Pogacar a planté une nouvelle banderille, mais les frelons de la Visma sont revenus sur lui grâce à un énorme relais de Christophe Laporte. Le Slovène s’est donc retrouvé seul avec Vingegaard, rentré en compagnie de son lieutenant Matteo Jorgenson. Les deux coureurs ont à nouveau refusé de relayer l’épouvantail de cette Grande boucle. « Jonas et moi pouvions prendre de l’avance sur les autres favoris du général et assurer déjà nos places sur le podium », a regretté le leader de l’équipe UAE. « C’est sûr que je m’en souviendrai », a tonné un Tadej Pogacar ombrageux, alors que le peloton arrivera dans les Pyrénées samedi, après un crochet par les monts du Cantal. « Chacun fait sa course, je n’ai rien contre. Mais moi, j’aime courir avec le cœur, aujourd’hui c’était une journée pour ça », a expliqué le vainqueur du Giro, en quête d’un doublé historique. « Mieux d’attendre » Prudent et pragmatique, “Vingo” s’est lui montré ravi de ne pas avoir perdu du terrain sur son meilleur ennemi, avec qui la rivalité était jusque-là bon enfant. « Bien sûr, d’une certaine façon, ça aurait été mieux de rouler parce que Primoz (Roglic) et Remco (Evenepoel) n’étaient pas là mais notre but était de ne pas perdre de temps, c’est peut-être mieux d’attendre dans ces cas-là », a estimé le Danois. « Je pense qu’ils ont peur de moi, ils ne pensent qu’à ma roue, et pas à Remco, Primoz ou aux autres », s’est énervé Pogacar, qui compte 1’15’’ d’avance sur Vingegaard, 3e. Et le Danois a paru confirmer cette impression après la ligne d’arrivée, se disant « très soulagé » face à un Tadej Pogacar qui « était le plus fort sur les secteurs de gravel ». L’antagonisme grandit donc entre les deux hommes, opposés depuis maintenant trois ans sur les routes quand le mois de juillet arrive, dans une opposition de style fascinante entre un coureur total, capable d’accélérer à plus de 80 km de l’arrivée hier, et un cycliste méthodique ne laissant aucun aspect de la course au hasard. AFP