L'écho singulier de la voix des 80 parlementaires qui dirent non à Pétain le 10 juillet 1940 à Vichy
Symbolique, la cérémonie en hommage aux quatre-vingts parlementaires qui refusèrent de voter les pleins pouvoirs constituants au maréchal Pétain, le 10 juillet 1940, à l’Opéra de Vichy, l’aura été à bien des égards, ce mercredi.
Trois jours seulement après des élections législatives anticipées qui placent le Nouveau Front populaire comme premier bloc politique et renforcent la présence du Rassemblement national dans l’Hémicycle, le rendez-vous mémoriel se tenait dans cette salle vichyssoise.
Ils dirent "non"Un lieu où, quatre-vingt-quatre ans plus tôt, s’est déroulé un vote qui ouvrit une brèche vers la collaboration avec l’Allemagne nazie. Seulement quatre-vingts parlementaires dirent « non » : cinquante-sept députés et vingt-trois sénateurs.
Si cette période et l’actualité de ces dernières semaines ne sont pas semblables, la « fragilité de la République » a été plusieurs fois soulignée par les parties prenantes de la cérémonie, qui devait être présidée par le président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius, avant la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République, Emmanuel Macron.
« Notre pays est dans une situation politique chaotique. Aujourd’hui, les communes sont plus que jamais des pôles de stabilité, a déclaré le maire de Vichy, Frédéric Aguilera (LR), après les dépôts de gerbes devant la plaque énumérant les noms des opposants. En tant que sentinelles de la République, nous représentons le dernier rempart pour faire barrage au mépris et à la haine de l’autre […]. Nous honorons aujourd’hui ces quatre-vingts parlementaires. Nous honorons ceux qui combattent le populisme. »
Un descendant de Victor Le GorgeuVenue coprésider la cérémonie en tant que secrétaire générale adjointe de l’Association des maires de France, la première édile de Gannat, Véronique Pouzadoux (LR), associait « l’ensemble des maires » à cette commémoration marquée également par la présence d’élus du bassin de Vichy, de la préfète de l’Allier, Pascale Trimbach, des deux sénateurs, du président du conseil départemental, du président du Comité en l’honneur des quatre-vingts parlementaires et des passagers du Massilia, Joseph Bléthon, ainsi qu’un descendant de Victor Le Gorgeu.
Élu à Brest et sénateur du Finistère, l’homme fut démis de ses fonctions de maire en décembre 1941 et entra progressivement dans la clandestinité avant de devenir commissaire régional de la République, rattaché au Général de Gaulle.Philippe Le Gorgeu, petits-fils de Victor Le Gorgeu, l'un des quatre-vingts parlementaires de 1940.
« Il est resté au service de la France et de la République et les autres aussi, témoignait son petit-fils Philippe Le Gorgeu. Ce sont des gens courageux, qui ont résisté aux pressions de l’État français. »
Texte et photos Estelle Dissay