En Allemagne, les "objectifs différents" de Renaud Lavillenie

5,65 m à Charléty et 5,75 m raté d’un rien : quel sentiment cela vous laisse-t-il ?

Deux, en fait. La satisfaction d’abord. Les choses vont dans le bon sens, la lésion d’il y a un mois est derrière moi, je retrouve de bonnes aptitudes, de l’engagement, et à 5,75 m je fais de très belles tentatives dont la deuxième. D’où la petite frustration. Mais les conditions étaient loin d’être faciles. Or je ne suis pas actuellement assez fort pour faire une perf si elles ne sont pas neutres ou favorables. Et puis, dans un gros concours avec les meilleurs du monde, je ne suis pas dernier (10e) et je bats les deux Français (Ammirati et Emig) qui vont aux Jeux.

Avez-vous sauté « libéré » ?

Après un mois de juin où j’ai vécu la pression de l’enjeu, je saute désormais sans la même pression. En fait, je saute sans la volonté de prouver quelque chose. Je n’ai plus la pression du résultat brut mais celle que je me mets à moi-même. Les objectifs sont différents.

Qu’avez-vous changé à Paris ?

Les conditions n’étaient pas assez libératrices. Je suis resté dans ce que je sais faire, dans les mêmes repères, le même élan et la même perche, un peu plus petite même. Techniquement, je retrouve de bons standards.

Votre entraînement est-il axé sur la perche ?

Non, plus sur la partie course. Pour retrouver mes aptitudes physiques, je travaille les sensations de pied, le bondissement et la vitesse.

Quel est votre objectif à Rottach-Egern, ce dimanche ?

Revalider mes sauts et améliorer ma meilleure perf de la saison (5,72 m). L’objectif à terme, c’est passer une barre à 5,80 m d’ici la fin de la saison. C’est réellement possible.

Votre programme par la suite ?

Le meeting de Sopot (Pologne), le 21 juillet, puis, après la période des JO, à partir du 14 août, entre 3 et 4 compétitions.

Pendant la période des Jeux serez-vous intervenant ou consultant ?

J’ai eu des propositions. Mais, clairement, le concours de qualification et la finale de la perche seront des moments un peu compliqués pour moi. Regarder sans être acteur. J’ai refusé de les commenter en direct car je ne me sentirais pas à l’aise. Et puis je ne veux pas être au Stade tous les jours. Je me dis autant aller voir d’autres épreuves, d’autres disciplines ; Flo Manadou, j’aimerais bien, mes potes sur le VTT aussi, plus 2-3 trucs en athlé.

Avec Anthony Ammirati, Envol sera représenté aux Jeux. Qu’en pense le président que vous êtes ?

Je suis extrêmement content pour lui. Anthony a fait le choix affectif et personnel, sans aucune raison financière, de venir au club et je lui en suis très reconnaissant.

Lavillenie, Phelut, Ammirati, cela fait trois olympiens…

Les trois athlètes seniors du club, sur un total de 10. C’est une vraie belle récompense. J’espère qu’on va capitaliser là-dessus et continuer d’avancer notre projet. 

Francis Laporte