Pourquoi cinq Brivois ont été massacrés en 1944 à Toussieu ?

À l’issue de la cérémonie qui se déroulait à Peyrard (lire ci-dessous), dimanche matin, les participants ont pris la direction de la rue des martyrs de Toussieu, à la sortie de Brives-Charensac pour honorer d’autres mémoires.

Le 12 juillet 1944, il y a exactement 80 ans, entre Brives-Charensac et Toussieu, dans le Rhône, a été scellé un destin tragique.

C’est pourquoi une délégation brivoise (*) emmenée par le maire, Gilles Delabre, a participé vendredi à la cérémonie commémorative à Toussieu, sur les lieux mêmes où cinq jeunes Brivois ont trouvé la mort, durant la Seconde Guerre mondiale.C’est à Toussieu que vingt-huit jeunes hommes, dont cinq Brivois internés à Montluc pour faits de Résistance, ont été abattus.

« Leur lutte consistait en des actions de renseignement, de sabotage ou en des opérations militaires contre les troupes d’occupation allemandes »

Dans La singulière épopée du groupe Lafayette, Lucien Volle évoque les rafles organisées par les miliciens et les Allemands à Blavozy.Un dénommé Parrat, ex GMR (Groupes mobiles de réserve) devenu milicien, réussit à s’évader dans la nuit du 1er au 2 juillet et sert d’indicateur aux miliciens et aux Allemands pour une rafle pendant laquelle 71 jeunes gens seront arrêtés. Auguste Bérard, maquisard du groupe Lafayette évoque les faits en ces termes : « Le dimanche 2 juillet dans l’après-midi, la grande rafle de Blavozy - Pont de Sumène - dirigée par Barrat avait pour but d’arrêter les maquisards brivois. Toutes les personnes de sexe masculin furent conduites à la prison du Puy. Là, André Blondel, Auguste Marcon, Félix Mouleyre et Paul Pugnière furent reconnus par le milicien et incarcérés. Mais Pierre Pradier et moi-même avions pu échapper à la première rafle. Le lundi 3 juillet, nouvelle opération, aux Pandreaux, puis à Brives, mais la Résistance locale avait été prévenue et Pierre Pugnière, le père de Paul, vint avertir mes parents que le milicien nous recherchait. Malheureusement, Pradier fut arrêté à l’hôtel Terminus en voulant aller revoir son jeune frère, arrêté la veille et relâché en début d’après-midi ».Ils sont conduits à la prison de Montluc, à Lyon, réquisitionnée depuis 1943 pour emprisonner Résistants, juifs ou otages civils. C’est là que sévissait le tortionnaire Barbie, Montluc faisant office d’antichambre des exécutions et des déportations.Ces hommes, dont la moyenne d’âge est de vingt ans, sont torturés en prison puis fusillés à La Perrière.

Gisèle Maillet a 27 ans en 1944. Elle est la seule témoin oculaire : « Vers 18 h 30, je me trouvais dans un champ lorsque je vis arriver un convoi d’Allemands armés de mitraillettes. Ils ont fait descendre du camion des hommes en civil enchaînés deux par deux et les firent agenouiller dans le pré. Trois Allemands se placèrent derrière le groupe et tirèrent des rafales de mitraillette. Ils les ont ensuite achevés individuellement d’un coup de revolver », relate-t-elle.Vingt-huit cadavres jonchent le pré vert de Toussieu. Tous ont été enterrés dans la commune, puis exhumés après la Libération pour des obsèques en l’église de Brives-Charensac. 

(*) Elle était composée des adjoints, Jean-Paul Bringer, Bruno Ouillon et Philippe Hugon, ainsi que de la présidente de l’Anacr, Renée Vagiani, les membres actifs des CATM, son président Jean-Jacques Bringold et le représentant d’une famille de deux jeunes fusillés, Paul Dursapt.

Nathalie Courtial