Creuse : les féminines de l’aventure “Donnons des elles au vélo J-1" ont parcouru plus de 200 kilomètres
À quelques minutes du départ, à Saint-Julien-la-Genête, rencontre avec Marie et Marina, qui participaient à l’aventure “Donnons des elles au vélo J-1” après dix jours sur la route du Tour de France.
Le matin du 9 juillet, la veille du passage du Tour en Creuse, dans la salle des fêtes de Saint-Julien-la-Genête, les cyclistes de l’opération “Donnons des elles au vélo J-1” dégustaient le petit-déjeuner à base de gâteau creusois préparé par le comité d’accueil.
Sur la route, entre l’hébergement et le lieu du départ, Marie a pu apercevoir les premiers reliefs du département. « On n’est jamais venu en Creuse, ça va être une grande première. On a pu voir déjà ce matin pendant le transfert que les paysages étaient vallonnés. »
« On redoute un peu l’étape parce que ça va être assez long, 210 kilomètres. Et le dénivelé qui est aussi assez conséquent, plus de 4.300 mètres de dénivelé. » Marina, elle aussi se prépare à une dure journée. « Ça nous fait 10 heures de selle à peu près. C’est une grosse journée de vélo. »
Tous les jours, plusieurs amateurs accompagnent les ambassadrices. Ils sont 70 invités chaque jour sur chaque étape, 35 hommes et 35 femmes. Pour Marie, ces invitations font pleinement partie de la mission d’ambassadrice. « Cela permet d’augmenter un peu la base de pratiquants notamment pour les femmes qui n’oseraient pas forcément se lancer sur une étape. Pour nous, ça nous permet de rencontrer de nouvelles personnes, de discuter, de passer les journées un peu plus facilement et de faire de belles rencontres. »
En revanche, malgré les efforts de l’association pour promouvoir le cyclisme féminin, la parité est difficilement atteignable. « Il faut le dire, on a quand même un petit peu plus d’hommes qui roulent avec nous en général. On a pas mal de femmes qui sont très heureuses de rouler avec nous et celles qui viennent faire des étapes ou des tronçons d’étape, ça représente souvent la plus grosse sortie qu’elles aient effectuée, ou même leur première grosse sortie. En groupe, ça paraît de suite plus facile, ça les encourage à continuer à rouler, ça les booste dans leur pratique, je pense. »
Le peloton "donnons de elles au vélo J-1" sur la 5e étape entre Saint-Jean-de-Maurienne et Saint-Vulbas @ Sylvain Girardot © Sylvain GirardotSi Marie et Marina semblent être amies de longue date, elles se sont en réalité rencontrées il y a quelques mois. « On s’est vues la première fois à un week-end de cohésion d’équipe au mois de février. Ensuite, on a travaillé ensemble par visio dans notre rôle d’ambassadrice pendant les six mois qui sont passés. On se retrouve là avec grand plaisir sur ce Tour de France où on a créé des liens incroyables. C’est une équipe vraiment avec une belle solidarité, une belle fraternité. On prend beaucoup de plaisir à partager ce projet ensemble. C’est une aventure extraordinaire. Là, on a l’impression de se connaître depuis toujours alors qu’en fait, on ne s’est vu que deux ou trois fois dans notre vie. »
"C’est une succession de moments qu’on enregistre et qui resteront gravés toute notre vie."
Au-delà du plaisir de rouler, leur mission d’ambassadrices se fait bien en amont du Tour de France. « Le Tour de France, c’est un petit peu la cerise sur le gâteau. On a eu six mois où on a beaucoup travaillé sur nos étapes. Il a fallu organiser, chercher les hôtels. On a aussi créé des événements pour promouvoir le cyclisme féminin et cherché des subventions parce que c’est un projet associatif qui coûte des sous. »
À la question du plus beau souvenir à mi-parcours, Marine a du mal à trouver une réponse. « Ah, ça, ce n’est pas évident comme question. Il y en a des bons souvenirs… » Avant la réponse de Marina « La côte de San Luca, c’est un bon souvenir, ça ! » Elle acquiesce et raconte cette anecdote : « La côte San Luca en Italie, on l’a fait deux fois sous la chaleur. C’est une côte hyper pentue (2 km à 10 % de moyenne avec un passage à 20 %), où on s’est dit qu’on n’y arriverait pas, finalement, on y est arrivé et on était assez fière de nous. C’est une succession de moments qu’on enregistre et qui resteront gravés toute notre vie. »
Un petit groupe de deux cyclistes et un assistant venus du Mexique parcourent toutes les étapes du Tour avec l’opération J-1. Rencontre avec Isma, qui gère la logistique du groupe sur les trois semaines.Vous venez tous du Mexique ?
Oui, nous sommes la Fuga Team, c’est la deuxième fois que nous faisons les étapes du Tour. L’année dernière, un de nos coureurs l’avait fait avec un ami. Pour cette deuxième année, deux nouveaux coureurs nous ont rejoints. On se débrouille plutôt bien sur le vélo, dans la voiture, pour la nutrition, pour les photos… On s’améliore tous les jours dans tous les domaines?!
Est-ce que vous faites toutes les étapes ?
Oui, bien sûr, on va de Florence jusqu’à Nice. Aujourd’hui, on démarre d’ici et on va jusqu’au Lioran et ensuite, on fait la route jusqu’au départ de la prochaine étape. On ne se repose que quelques heures parce qu’il faut faire les courses et gérer les repas, l’eau et la nutrition sur le vélo, etc.
Donc c’est vous qui faites toute la logistique ?
Oui exactement, on fait tout, tous seuls. On est comme les grosses équipes professionnelles, mais avec seulement quatre personnes?!
Vous allez recommencer l’année prochaine ?
Probablement, oui, on a plusieurs personnes qui sont intéressées pour venir avec nous l’année prochaine. L’important, c’est surtout dans deux ans quand le grand départ du Tour sera en Espagne, à Barcelone, on est vraiment ravi que le Tour parte de là-bas.
Quelle relation avez-vous avec l’organisateur du J-1 ?
L’année dernière, on ne se connaissait pas?! On suivait nous aussi la route du Tour et on s’est croisé vers la sixième étape, il me semble. On les a rejoints parce que c’était vraiment une belle opportunité de rouler dans un gros groupe et on a fini par sympathiser avec eux. On a rencontré toute l’équipe et on a passé des moments très sympas avec eux. On a passé la ligne d’arrivée sur les Champs-Élysées tous ensemble, c’était un moment très fort. Cette année, on les a recontactés et on roule ensemble toutes les étapes.
Le but de l’opération est de soutenir le développement du cyclisme féminin, est-ce que c’est un sujet qui vous tient à cœur ?
Oui, c’est un sujet très important, le peloton féminin a besoin de plus d’exposition médiatique et doit avoir le droit aux mêmes opportunités que les hommes. La voix que l’association porte qui dit que les femmes peuvent faire les mêmes choses qu’un homme est tellement importante… On partage totalement leur philosophie et leurs idées.