JO Paris 2024 : plongée dans le monde de Léon Marchand, la nouvelle star de l'équipe de France de natation

Quand on demande à Nicolas Castel, l’entraîneur qui a patiemment façonné Léon Marchand à Toulouse, de décrire le nouveau crack des bassins en trois mots, il lâche du tac au tac : « Humilité, simplicité, efficacité. »

Pour l’efficacité, pas besoin de grandes explications, on a bien compris qu’on n’effaçait pas un record du monde de la légende américaine Michael Phelps sans une certaine dose d’efficience et de talent. Pour le reste, on a pu vérifier de nos yeux, le mois dernier, lors des championnats de France de Chartres, que le grand blond au regard clair avait les pieds bien ancrés sur terre, et le goût du partage. Autographes, selfies, petites attentions et distribution de sourires : Léon Marchand a beau être devenu, en l’espace de deux étés, une vraie vedette de sa discipline, il est à mille lieues du star-system dans le comportement.

Léon, à la base, c’est quelqu’un de réservé. Il n’est pas du genre à se montrer, la lumière ne lui plaît pas. Mais il a appris à s’en accommoder 

« Il est parfaitement aligné entre ce qu’il est et ce qu’il souhaite dégager. Chez lui, rien n’est forcé, tout est naturel », poursuit Nicolas Castel, dont le travail auprès du champion n’est désormais plus quotidien. Depuis 2022, le spécialiste du 4 nages s’entraîne en effet de l’autre côté de l’Atlantique, auprès du très coté Bob Bowman, l’homme derrière les innombrables succès de Phelps. 

« Léon, à la base, c’est quelqu’un de réservé. Il n’est pas du genre à se montrer, la lumière ne lui plaît pas. Mais il a appris à s’en accommoder », glisse Céline Nony, grand reporter au journal L’Équipe. Depuis trois ans, elle est spécifiquement chargée de se mettre dans les pas du prodige tricolore. Et elle aussi a été marquée par sa simplicité et son éducation. « Ce n’est pas simple d’obtenir un rendez-vous, car les demandes ont explosé et son entourage le protège, désormais. Mais une fois qu’on a Léon en face, il est naturel, sans faux-semblant. C’est un jeune homme de 22 ans bien dans sa peau, qui s’éclate. Récemment, il nous a accordé un entretien aux États-Unis avec six autres médias français. Et à la fin, il nous a remerciés d’être venus. Je crois que ça dit quelque chose de lui. »

 C’est un bosseur acharné. J’ai eu la chance de le voir sur une semaine d’entraînement, et il ne s’économise jamais. On dit qu’il a des coulées incroyables, mais il continue de les travailler. Même quand il fait 8.000 m sur une séance, il s’oblige à faire des coulées de 10 m. Personne d’autre ne le fait.

Pourquoi Léon Marchand est-il si fort ? Les gènes y sont sans doute pour quelque chose dans l’affaire, avec des parents, Céline Bonnet et Xavier Marchand, qui furent nageurs internationaux dans les années 90. Mais à écouter ceux qui connaissent le phénomène, on comprend que cela n’explique pas tout, et que l’éthique de travail du Toulousain est rare. « Bien sûr, il a de formidables qualités aquatiques, souligne Nicolas Castel. Mais il est déterminé dans son projet, il sait ce qu’il veut accomplir, et pour cela il est bien entouré, avec un bon cadre familial. »

Céline Nony, la journaliste de L’Équipe, a été bluffée par son volume de travail. « C’est un bosseur acharné, dit-elle. J’ai eu la chance de le voir sur une semaine d’entraînement, et il ne s’économise jamais. On dit qu’il a des coulées incroyables, mais il continue de les travailler. Même quand il fait 8.000 m sur une séance, il s’oblige à faire des coulées de 10 m. Personne d’autre ne le fait. C’est impressionnant de voir à quel point il est engagé dans son entraînement. » 

À 22 ans, Léon Marchand est déjà le nageur français le plus titré aux championnats du monde, avec cinq médailles d’or individuelles. S’il venait à empocher plusieurs breloques à Paris, comme tous les observateurs lui prédisent, alors il entrerait dans une nouvelle dimension, seul au sommet. « Laure Manaudou, à son époque, était sortie du cadre de la natation. Je ne suis pas sûre que ce soit le style de Léon de se laisser embarquer là-dedans, estime Céline Nony. Mais il a tout pour être l’une des grandes stars des Jeux. Trois médailles d’or, c’est dur, mais possible. Et dans l’histoire, seuls deux Français l’ont fait sur une édition : Jean-Claude Killy en 1968 et Paul Masson, un cycliste, en 1896. Ça classe le défi ! »

Romain Léger