Qui sont "ces amoureux de la pierre" qui restaurent le patrimoine bâti sur l'Agglo Pays d'Issoire ?
Leur travail est souvent discret, parfois spectaculaire, comme à Aulhat-Flat (Puy-de-Dôme) où la brigade du patrimoine bâti de la l’Agglo Pays d’Issoire vient d’achever la restauration d’un pigeonnier rucher du XIVe siècle.
C’est le type de journée qu’ils aiment. Le temps est idéal pour travailler en extérieur, à proximité de la nature, loin du tumulte de la ville. Patiemment, comme ils en ont l’habitude, Émilio Da Costa, Sandrine Janvier, Joseph Michau et Olivier Carles donnent la dernière touche au chantier de restauration du pigeonnier rucher d’Aulhat-Flat, commencé en 2021. À eux quatre, ils forment la brigade du patrimoine bâti de l’Agglo Pays d’Issoire (API).
Travailler avec des matériaux naturels"Lorsqu’on a commencé, le mur était effondré par endroits, très dégradé et décrépi dans l’ensemble. Nous avons utilisé de la chaux naturelle et de la terre de Sienne, des pierres du pays, car on privilégie les matériaux que l’on trouve sur place, ça permet d’être raccord avec le patrimoine local", détaille Émilio Da Costa, le chef d’équipe.Les artisans grattent la chaux utilisée pour refaire les joints du mur.
Construction du XIVeLes années suivantes, à intervalles réguliers, les artisans spécialistes de la maçonnerie et de la taille de pierre ont rejointé les murs, restauré l’ancienne construction du XIVe siècle abritant abeilles et pigeons, et dessiné une fresque sur sa façade. Un travail remarquable confié à des passionnés.
"Nous sommes des amoureux de la pierre et on privilégie avant tout la qualité, je n’échangerais pas ce que je fais aujourd’hui avec ce que je faisais hier."
Tout comme ses trois acolytes désormais employés à l’API. C’est la particularité de cette brigade qui sillonne les petites communes de l’agglo afin de restaurer le patrimoine local (lavoir, fontaine, four à pain, etc.) et, lorsque c’est nécessaire, en bâtir du nouveau.
Un service calibré pour les petites communesLe pigeonnier possède plusieurs niches où les ruches sont logées."Les chantiers que la brigade effectue n’intéressent pas les entreprises, ils sont trop petits", explique Pierre Vendroux, responsable travaux régie à l’API. Autre avantage : des tarifs ajustés aux budgets souvent serrés des municipalités (*). "C’est un service adapté aux communes rurales. En 2021, lorsque l’on a commencé, on se demandait si ça allait marcher. Maintenant, ça fonctionne très bien, le planning est complet jusqu’à fin 2025, mais on garde tout de même du temps au cas où il y ait une urgence", ajoute Jean-Marc Labussière, élu de l’API responsable des brigades vertes et du patrimoine.
L’ancien lavoir de Lana est sorti de l’oubli
L'aménagement de l'espace du pigeonnier rucher n'est pas achevé. La municipalité devrait le faire prochainement. Une trentaine de communes sollicitent régulièrement les compétences des maçons de la brigade. Elles pourraient être plus nombreuses. C’est en tout cas le sentiment d’Émilio Da Costa. "Il y en a certaines qui n’ont pas encore fait appel à nous, ce serait bien d’y aller", suggère le chef d’équipe dont les prochains chantiers vont se situer à Pardines, Chalus et Saint-Floret.
(*) Le tarif à la journée est de 500 € pour les communes de moins de 1.000 habitants et de 750 € pour celles de plus de 1.000 habitants. Les communes doivent fournir les matériaux de construction.
David Allignon