JO Paris 2024 : "Teddy, c’est un boute-en-train", portrait de Riner vu par d'anciens camarades de l'équipe de France
Ils ont eu leurs heures de gloire. Ils ont été médaillés aux championnats de France chez les lourds (à neuf reprises de 2007 à 2016 pour Matthieu Thorel), médaillé mondial en seniors (bronze en 2010 en -100 kg pour Thierry Fabre) ou encore vice-champion d’Europe juniors (en 2006 en -60 kg pour Achraf Fikri). Ils ont tous arrêté leur carrière alors que leur ancien camarade, Teddy Riner, 35 ans, va briguer une troisième médaille d’or olympique individuelle chez les lourds aux Jeux. Quels sont ses secrets?? Tentative de réponse…
Il aurait été bon dans une autre discipline…Première anecdote : Matthieu Thorel est persuadé que Teddy Riner aurait brillé dans tous les sports. « Il a un gabarit hors norme (2,04 m, 140 kg en poids de forme, NDLR) mais il est hyper athlétique, note le Corrézien qui s’est essayé au rugby au CA Brive. Il est mobile et bien coordonné. En judo, il est puissant comme un poids lourd mais agile comme un léger. En fait, il aurait pu être fort dans n’importe quel sport ». D’ailleurs, les deux poids lourds de l’équipe de France aimaient bien jouer… au foot. « Il se débrouille vraiment bien », confie le fan du Paris Saint-Germain.
Personne ne le faisait tomberTeddy Riner a opté pour le judo où il a rapidement collectionné les distinctions. À 18 ans, il était déjà champion d’Europe et du monde seniors?! À l’Insep, les anciens ont vu débarquer un phénomène qui a rapidement mis tout le monde d’accord. « Normalement, il faut un temps d’adaptation de plusieurs années quand tu arrives dans cette usine à champions, note Thierry Fabre, sept ans plus âgé que Riner. Avec Teddy, c’est devenu compliqué de le prendre au bout de 3-4 mois. Un an après son arrivée, plus personne n’avait envie de l’affronter car ça faisait mal ». « Si tu n’es pas prêt, tu passes un sale quart d’heure », confirme Matthieu Thorel.
Les deux Limousins n’ont pas honte de l’avouer : malgré leur carrière internationale, ils ne sont pas parvenus souvent à faire tomber l’un des plus grands judokas de tous les temps. « Cela se compte sur les doigts d’une main et encore je suis assez prétentieux, confie Thierry Fabre, médaillé mondial en -100 kg. Je me souviendrai toujours la fois où on bastonnait pour préparer les championnats du monde 2010. J’ai marqué et quand il s’est relevé, dans son regard il y a eu un truc du genre : “t’es prêt, t’es dans le coup” ».
Matthieu Thorel, lui, prenait la foudre quand il malmenait la légende : « Si tu le faisais chuter, t’étais sûr de prendre quatre à cinq ippons derrière ».
Il peut se lâcher en privéAujourd’hui, Teddy Riner, icône du sport français, est une personnalité publique. Il s’entraîne peu à l’Insep, gère sa préparation avec son propre staff et fait face à des centaines de sollicitations. « Il est plus médiatique que des stars du foot, témoigne Matthieu Thorel, qui a connu des stages au Japon en petit comité avec lui. Sa vie n’est pas celle d’une personne lambda, d’ailleurs, je ne suis pas sûr d’en vouloir. J’ai fait face à des scènes où les demandes de photos ou d’autographes c’était trop ». « Malgré sa dimension, qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer, il est resté humble et respectueux », ajoute Thierry Fabre. Et drôle, surtout. « C’est un boute-en-train, rigole Matthieu Thorel. Il sait relâcher la pression parfois ».
Achraf Fikri l’a connu lors des sélections internationales jeunes. Avec Ugo Legrand et Cyrille Maret, ils faisaient partie de la génération médaillée aux championnats d’Europe et du monde juniors en 2006. « On était une famille, se souvient le Limougeaud. Dans son corps d’adulte impressionnant, Teddy était encore un enfant. Il était marrant, blagueur. »
Jean-Claude Senaud, ancien DTN originaire de Corrèze, a vu grandir toutes les stars du judo français
Avec cette génération, Riner, pas encore majeur, était un leader bienveillant et attentionné. « Il était venu me voir avant une compétition décisive pour une sélection, il m’avait dit : si tu veux faire partie de l’aventure, tu dois gagner », se souvient Achraf Fikri, finalement lauréat du Tournoi de France. Petite confidence : « Il aimait bien fêter ses médailles. C’est un ambianceur. C’est un Antillais qui aime bien danser ». On souhaite en savoir plus, nos trois interlocuteurs rigolent en chœur : « On a des anecdotes sympas mais on ne peut pas les dévoiler en public ». Secret défense?!
Kevin Cao Kevin.cao@centrefrance.com