JO Paris 2024 : plus affûté que jamais, Florent Manaudou nage vers sa 4e médaille olympique individuelle
On ne plaisante pas avec ça. Mardi, une certaine Laure Manaudou annonçait sur France 2 que son petit frère Florent pesait 99 kg. Ce n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd et son cadet de quatre ans ne se faisait pas prier, en lui envoyant un message rectificatif lui rappelant que sa balance affichait bien 97,8 kg très exactement. L’erreur est humaine, mais avec le porte-drapeau français de ces JO, on la minimise au maximum. Un perfectionnisme des plus grands champions, visible jusqu’aux imposants traits de son corps, dont la morphologie ne cesse d’évoluer, de manière à coller au mieux, pardon, couler au mieux, à ses ambitions XXL.
« Je peux utiliser ma force naturelle »De ses 94 kilos lors de son titre olympique en 2012, à ses 108 il y a encore quatre mois, jusqu’à son poids à nouveau sous le quintal d’aujourd’hui, l’hyperpuissant Villeurbannais de 33 ans s’amuse autant avec les longues ondulations de sa carcasse que celles des bassins. Mais en s’essayant au handball sous les couleurs d’Aix-en-Provence entre 2016 et 2019, il s’était pourtant brûlé les ailes, à trop vouloir jouer avec ses atouts corpulents. Périostites, inflammations de l’os… La corde commençait à dangereusement tirer ballon en main, au sein d’une discipline sur parquet bien trop exigeante et surtout inadaptée à son gabarit des plus massifs. La leçon retenue, le trentenaire était naturellement revenu dans les bassins, là où « je peux utiliser ma force naturelle mieux que d’autres », dixit l’intéressé.
« Un corps exceptionnel »Fort d’une maturité atteinte dans la connaissance physiologique et d’un régime sec ces derniers mois, voilà le trentenaire tutoyant le pic de bonnes ondes tant recherché par les athlètes, au meilleur des moments. « Il n’a jamais été aussi en forme, dans sa tête ou physiquement. Être plus léger lui permet de mieux finir ses courses », constatait son entraîneur Quentin Coton, lors de son stage préparatoire à Vichy, mi-juillet. Son collègue Éric Dernoncourt, Conseiller technique national (CTN) à la Fédération française, confirme : « Il a un corps exceptionnel et surtout qu’il maîtrise à 100 %. Je pense que sur ces Jeux, il est arrivé à son prime physiquement. Dès sa première coulée sur 50 m, il rentre avec une telle force dans l’eau et il arrive à en remettre à chaque mouvement de bras grâce à sa puissance sur le haut du corps… C’est impressionnant. »
Nageur le plus haut perché (1,99 m) hier parmi les seize au départ des demi-finales du 50 m nage libre olympique, culminant à 1,89 m de moyenne, Florent Manaudou, propulsé par son troisième temps (21”54) des séries, s’est hissé par la toute petite porte en finale. Avec le dernier chrono qualificatif (21”64), deux places derrière l’autre futur finaliste français, Maxime Grousset (finalement forfait pour se concentrer sur le 100 m papillon).
« J'ai plus confiance en moi que mes adversaires »En zone d’interview, où les journalistes respectent bizarrement très bien les distances de sécurité devant ce monstre de muscles, il affichait clairement son soulagement, tout en maintenant intacte son habituelle confiance en lui : « J’ai eu moins d’énergie ce (jeudi) soir que ce matin. Ce n’est pas fou, mais je ne vais surtout pas cracher sur cette quatrième finale olympique de suite. Ça reste un 50 m, c’est très serré. Je suis déjà passé en souffrant et j’ai déjà aussi craqué... J’ai plus confiance en moi que mes adversaires ont confiance en eux car ils ont moins d’expérience et je n’aurai rien à perdre ou à gagner de plus. Ça fait 30 ans que je nage, et le faire devant un tel public, ça me fait forcément garder le smile et savourer ! »
Affûté et affamé, le « gorille » des bassins rôde toujours…
À Paris La Défense Arena, Florent Leybros