"La vraie couleur de la vie", les troubles du spectre autistique racontés de l'intérieur par un Corrézien
Installé depuis 4 ans au Lonzac, Yannick Felix a souffert toute sa vie de troubles du spectre autistique sans le savoir. Il se raconte dans un livre simplement explicatif. Un livre qui a changé son regard et celui des autres.
Il le reconnaît sans ambages : échanger avec autrui n’est pas chose aisée pour lui. Et pourtant, quand il évoque son livre La vraie couleur de la vie (chez Librinova), Yannick Felix est volontiers disert.
Un livre pour mettre au clair les cinquante premières années de sa vie marquées, sans qu’il le sache, par les troubles du spectre autistique (TSA). « Je me sens différent depuis que je suis tout petit, mais je ne savais pas pourquoi, commence-t-il. C’était compliqué, je me suis adapté. »
« Quand j’ai été diagnostiqué, à 54 ans, ç'a été un choc ! On imaginait tout, sauf ça. Mais après, tout s’est illuminé ; Enfin, je mettais un mot sur mes troubles. Cela m’a permis de comprendre beaucoup de choses de mon passé et de mieux gérer les relations humaines. Cela m’a donné des clés pour gérer toutes ces complications. »
50 ans sans diagnosticC’était en avril 2023. Originaire de Nantes, il avait tenu jusqu’alors avec son épouse un magasin d’aménagement d’intérieur, avant de venir s’installer en Corrèze. En 2020, ils avaient repris la supérette du Lonzac. « Des clients non-stop, des bruits, des bavardages, des lumières… Parler pour ne rien dire, c’est compliqué », sourit-il comme on s’excuse.
Je n’ai pas la prétention de donner des conseils, ni d’avoir un diplôme de spécialiste, mais d’expliquer de l’intérieur ce qu’est l’autisme. Si je peux aider des gens, j’aurai gagné mon pari.
Il contacte alors un psychologue psychothérapeute clinicien, à Paris, spécialiste des TSA, de la surdouance et du haut potentiel. « Quand il parlait, ça me parlait ; il me décrivait », se souvient Yannick Felix. Il fait alors des tests, qui indiquent une possibilité d’autisme, confirmée peu après par le parcours complet de diagnostic.
Lui qui a toujours écrit, rédige alors « un petit livre, Désolé, mon empathie va avoir du retard, pour mes proches. Quand j’ai eu le diagnostic, j’ai eu besoin de l’écrire, d’expliquer tout ce que j’avais vécu depuis l’enfance. Ça a coulé tout seul, ils ont compris beaucoup de choses. Ma femme m’a alors conseillé d’écrire un livre pour le grand public. »
Un livre pour comprendre et expliquerAinsi est né La vraie couleur de la vie, « une façon plus neutre de faire comprendre ce qu’est l’autisme ou le non-autisme. Depuis un an, je fais des conférences, je vais où on me demande. Il y a une demande. »
Ce livre est sans doute la plus belle thérapie de ma vie, pour moi, mes proches et les gens qui me côtoient.
« L’autisme est tellement caricaturé, alors qu’au fond, c’est très peu connu. Je n’ai pas la prétention de donner des conseils, ni d’avoir un diplôme de spécialiste, mais d’expliquer de l’intérieur ce qu’est l’autisme. Si je peux aider des gens, j’aurai gagné mon pari. »
Il reprend : « Ce livre est sans doute la plus belle thérapie de ma vie, pour moi, mes proches et les gens qui me côtoient. Au magasin, je peux être brut de pomme, on a même perdu des clients à cause de ça. Aujourd’hui, des gens viennent et leur regard a changé sur moi. C’est le meilleur médicament. »
Lui aussi s’est adapté. À la boutique, une troisième personne a été embauchée pour lui réserver des plages de repos. Et il profite à plein de la Corrèze. « Quand je suis seul, je suis serein. En Corrèze, on peut marcher des heures sans rencontrer personne ! »
La vraie couleur de la vie, de Yannick Felix (125 pages, 15,90 €), Librinova.
Blandine Hutin-Mercier