JO Paris 2024 - Ninon Chapelle qualifiée pour la finale de la perche : "C'est une consécration, ça fait un bien fou"
Ninon, c'était un drôle de concours...
Oh oui ! On est deux Françaises en finale des Jeux olympiques (avec Marie-Julie Bonnin). Je pense que ça n'est jamais arrivé. En plus, à la maison. Je ne réalise pas. J'ai fini mon concours en étant un peu dégoûtée de ne pas avoir fait plus et, en même temps, j'étais hyper satisfaite de cette entrée dans le concours. Je me suis vraiment servie de la force que le public me donnait pour me lâcher. C'était un peu compliqué pour moi cette saison, puisque j'avais un peu de difficulté à avoir confiance pour sauter, pour me lâcher. Là, ça n'a pas été le cas du tout aujourd'hui. J'ai lâché prise. Je pense que cette ferveur et cette ambiance n'y étaient pas pour rien. À 4,55 m, je manque un peu de repères, donc je n'ai qu'une hâte : retourner sur ce sautoir pour faire mieux. C'était incroyable d'apprendre que ça passe en finale. Que l'on sera vingt. C'est exceptionnel.
À quel moment comprenez-vous que cette finale à vingt est jouable ?
Les coachs nous disent "attendez quand même". Là, vous êtes toutes ex-aequo. Si jamais les filles ratent, ça peut passer. Je me dis : "il en reste sept ou huit à sauter. Il reste des nanas balèzes..." J'avais donné mon maximum. J'avais profité de cette ambiance de fou. C'est très joli pour partir en vacances. En fait, bah non. Je me rends compte que les filles ne passent pas. Au dernier saut, on est toutes avec nos proches qui sont descendus de la tribune. On se dit que l'on est en finale des Jeux olympiques. Je suis frustrée du résultat, mais hyper fière de le faire devant ma famille, devant mon fils. C'était un grand pari que de devenir maman et de tenter cet objectif olympique. J'ai coché deux cases cet été en rentrant en finale des Europe et, là, des Jeux olympiques. J'ai hâte de me laisser porter par cette ambiance.
Peut-être que ce cas de figure a rendu le concours très stressant, oppressant pour certaines.
Justement, vous avez demandé la clappe pour votre dernier saut...
Au deuxième, je sens que tout va bien, que je mets vraiment l'énergie où il faut. Je me dis que la petite clappe peut me permettre d'aller chercher l'engagement en plus. Que ça va être incroyable. C'est la dernière fois que je vis ça parce que je ne serai plus jamais dans un stade comme ça. Ça fait un bien fou, c'est incroyable. Plein, plein de mes copains, de mes proches étaient là. Je suis trop heureuse de pouvoir partager ça avec eux.
Plein de filles habituées à faire 4,70 m n'ont pas passé 4,55 m. Est-ce lié au sautoir ?
Honnêtement, je ne pense pas. Les conditions étaient plutôt bonnes. Je pense que c'est une qualification pour les Jeux olympiques. Peut-être que ce cas de figure a rendu le concours très stressant, oppressant pour certaines. Ça n'a clairement pas été mon cas. Au contraire, ça m'a porté. Ça m'a donné la petite étincelle qu'il me faut en ce moment pour me dépasser. Ça va être difficile d'embarquer 66.000 personnes à toutes les compétitions, mais il faut vraiment se nourrir de ça (rires). Maintenant, la finale va être un vrai kiff.
Savez-vous comment cela va se passer en finale ?
Je n'ai aucune idée. On en parlait avec Katie Moon (la championne olympique en titre, NDLR) tout à l'heure, ce n'est jamais arrivé d'être 20 dans une finale. J'ai déjà fait une finale avec beaucoup de nanas, à Doha, en 2019. On était 17 à avoir passé la barre de qualification à 4,60 m. Ça avait été compliqué d'écrémer. J'avais fait douzième avec 4,70 m. Là, c'est possible que l'on ait des barres très costaudes dès le début. Le but, ça sera d'écrémer (pour que le concours ne dure pas trop longtemps). Il n'y aura pas de calculs à faire, il faudra tout donner. Je ne pensais même pas avoir à dire ça aujourd'hui. Je profite de l'instant parce qu'au vu de la saison, c'est incroyable.
Justement, au vu de votre parcours, elle représente quoi pour vous cette finale olympique ?
C'est... Là, je vais peut-être pleurer. (Elle a les larmes aux yeux) En vrai, c'est un truc de ouf. C'était l'objectif il y a trois ans, je n'ai pas pu aller au bout. C'est une consécration. Vivre ça, coachée par Axel (son mari), avec Oscar dans les tribunes... Pfiou. Incroyable.
Comment se sont passés les premiers instants après la qualification ?
Mes frères et ma mère étaient de ce côté-là. On a attendu. Ils nous disent que ça va passer. La dernière ne passe pas. Incroyable. On ne s'attendait pas à ça. Explosion de joie avec tout le monde. Oscar a tout de suite voulu venir dans mes bras. Vivre ça en famille, c'est fou. Je pense que c'est ça qui nous donne beaucoup d'énergie. Honnêtement, je ne réalise pas encore. J'ai passé vraiment un bon moment sur ce stade. Bien sûr, on veut toujours faire mieux, mais je voulais vraiment mettre un point d'honneur à faire ce championnat et à bien le faire. C'est ce qui s'est passé. Je n'ai pas de mots. Je suis juste trop contente de pouvoir vivre ça et de ne pas partir en vacances tout de suite.
Propos recueillis par Ludovic Aurégan, à Paris