La Creuse, la destination qui monte pour les vacanciers à vélo
Tour de France oblige, il a beaucoup été question de vélo en Creuse sous l’angle compétition ces dernières semaines, mais le département offre également un parfait terrain de jeu pour les amateurs de vacances itinérantes à vélo.
Et pour cause puisque le département se situe au carrefour de plusieurs véloroutes - La Vagabonde (V87) qui passe à l’est, l’itinéraire Saint-Jacques à vélo depuis Vézelay (V56) à l’ouest, la connexion avec l’Indre à vélo (V49) au nord, et depuis peu la Vélidéale (V93) au sud (lire ci-dessous) - sans oublier son produit-phare : le Tour de la Creuse à vélo. Soit 427 kilomètres de véloroutes balisées, dont 327 pour le Tour de la Creuse, auxquels il faut ajouter 60 boucles locales pour 1.445 km supplémentaires, sans compter les circuits VTT.
Une fréquentation en hausse sensibleUn programme alléchant qui attire de plus en plus. « Nous faisons beaucoup de communication sur le vélo en Creuse depuis quelques années et la fréquentation augmente, on reçoit beaucoup d’appels, notamment sur le Tour de la Creuse. Sur les salons, aujourd’hui, on a presque plus de contacts pour le vélo que pour la randonnée pédestre », souligne Romain Conversin, chargé de communication sports nature à Creuse Tourisme. Chiffres à l’appui : en 2019, les compteurs sur la V56 avaient relevé une moyenne de 4.168 passages, 4.897 en 2021 et 5.548 en 2023 ; idem pour la V87 passée de 2.490 passages en 2019 à 3.821 en 2023. Des courageux aux profils très différents : « Des retraités à vélo électrique qui vont rouler 20 ou 30 kilomètres en s’arrêtant ici et là pour prendre le temps de découvrir la région ; pour d’autres personnes, c’est un défi sportif, d’autres encore voyagent à vélo un peu dans l’esprit des pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle, pour se ressourcer. Il y a aussi les voyageurs au long cours qui ne savent même pas forcément qu’ils sont en Creuse, beaucoup de personnes seules, beaucoup d’Allemands, de Belges et Hollandais qui passent par la Creuse en descendant en Dordogne ou dans le Midi de la France », souligne Guylaine Piquet, qui tient un gîte d’étape pour cyclistes et randonneurs à Champagnat. « Les vélos aussi sont très différents : des modèles à plusieurs milliers d’euros, des vélos anciens, des vélos tout neufs qui sortent de chez Decathlon... L’assistance électrique se développe, ça élargit les publics. »
De plus en plus de personnes me disent aussi qu’elles ne faisaient pas du tout de vélo avant. Après le covid, elles ont eu envie de prendre le temps, de profiter. Celles-là en général, elles disent “C’est dur la Creuse”, mais la récompense est là, dans les paysages et les belles rencontres.
En familleNous avons croisé Julie, Loïc et leurs deux garçons de 10 et 7 ans, Jonah et Armand, à Royère-de-Vassivière, en plein ravitaillement en prévision de la soirée. « On habite en Haute-Loire. On est partis de Bourganeuf, c’est le premier jour de notre premier voyage à vélo, confie Julie, transpirant à grosses gouttes mais tout sourire. Jusque-là, on amenait les vélos en vacances sur le toit de la voiture, cette fois on a décidé de partir dessus. Pour cette première, on cherchait une boucle d’une distance convenable et la Creuse est un département que je voulais découvrir depuis un moment. »
La famille a prévu de parcourir 240 km du Tour de la Creuse, en huit étapes : « 42 pour la plus longue et 20-25 vers la fin. On fait ça dans un esprit détente. On s’est arrêtés deux fois pour demander de l’eau, tout le monde a été très sympa, et le soir on dort en camping », indique Loïc qui a investi dans des sacoches, tandis que Julie tire une carriole qui doit bien peser 25 kilos. Une tente de 4 personnes, des mousses, des matelas autogonflants, deux changes chacun, un vêtement de pluie... L’addition est un peu lourde à emmener à la force des mollets, mais ça fait aussi partie du plaisir. « Et quand on peut partager ça en famille, c’est encore mieux », confie Julie qui, accessoirement, avait bouclé un triathlon le dimanche précédent.
« Le parcours est très bien balisé »Les vététistes aussi peuvent découvrir la Creuse en itinérance vélo, grâce notamment à la Grande traversée de la Creuse, avec deux boucles possibles de 265 à 410 km, et jusqu’à 510 km en empruntant la variante nord. « Chaque année, on fait une randonnée d’une semaine en VTT, fin juillet. Cette année, on a choisi la Creuse », indique Isabelle Genivet, du Cyclo club de la Mandallaz, en Haute-Savoie.
Le groupe a prévu de parcourir 450 km en six étapes, en semi-itinérance. « Une société de taxi récupère nos bagages chaque matin pour les amener à l’hébergement suivant », explique la vététiste qui note qu’« il faut parfois sortir du parcours et faire 10 km pour trouver un hébergement. Et il faut aussi bien préparer le ravitaillement du midi, parce que ça peut être un peu difficile parfois », explique la vététiste qui souligne en revanche que « le parcours est très bien balisé. Les paysages sont très variés, c’est très vert, et on peut voir beaucoup de châteaux, de chapelles, le long du parcours. En VTT, il faut être bien préparé parce que c’est assez technique et difficile », prévient-elle tout de même, avant de conclure : « C’est un endroit où je reviendrais sans problème en vacances. »
Nicolas Barraud