Qui sont ces "bonhommes verts", indispensables à la sérénité du festival d'Aurillac ?

Trois sweats verts au cœur des lumières du parc Hélitas, à la tombée de la nuit. Une démarche calme, Cécile, Margaux et Jérôme s’arrêtent à l’accueil. « Tout va bien?? » La question revient en boucle. Ils font tous les trois parties du dispositif "Aurillac écoute", l’équipe de médiation pour le Festival de théâtre de rue.

Et la nouveauté cette année, c’est l’intervention de l’association Freeform, spécialisée dans la prévention des risques. Ils se sont alliés aux équipes municipales pour former des trios de maraudes complémentaires. Alors qu’ils passent devant le bar d’un collectif, Jérôme, qui travaille pour la mairie, demande si des voisins se sont plaints des nuisances alors que les deux jeunes filles, Cécile et Margaux, donnent des éthylotests, ou proposent de la mise à disposition de préservatifs.

Une nouvelle vision de la médiation est arrivée cette année

, remarque Jérôme.

Pendant qu’ils se dirigent vers le centre-ville, une autre équipe est au camping de la Ponétie. L’itinéraire est tracé aux alentours de 21 heures, autour d’un café, lorsque l’équipe de nuit prend le relais. « Hélitas, hôtel de ville, parc de la fraternité, centre-ville. » Le moment redouté ce soir, c’est la fermeture des collectifs à 3 heures du matin. « Hier, c’était presque dangereux pour nous, aujourd’hui, il y aura un dispositif plus costaud. C’est Aurillac, on s’adapte. »

Mais pour l’instant, l’atmosphère est détendue. Chacun tend l’oreille, attentif aux moindres détails. « Je vois quelqu’un qui roule avec un billet, je m’approche pour distribuer du matériel propre et stérilisé. On donne quelque chose pour entamer la conversation. » Les interactions sont fluides. Les festivaliers dans l’ensemble reconnaissant envers les « petits bonhommes verts. »

Mais « Aurillac Écoute » a reçu plus de 400 appels sur le numéro vert mis en place depuis lundi, du chien perdu à la voiture mal garée. « Inédit, ce soir, ce sont des voisins qui dérangent le collectif », s’amuse Samuel qui tient le téléphone. Tous ces contentieux ne peuvent trouver un accord. « Parfois, on est un peu impuissants, pour les problèmes de stationnements par exemple, on ne peut pas tout le temps tout régler. » C’est-ce que remarquent Scarlett* et Oscar*, qui habitent rue Aristide Briand. « Bien sûr, on appelle, on nous écoute, mais les voitures restent garées devant chez nous. »

Freeform mise sur une équipe qui connait les milieux festivaliers de l'intérieur. L’équipe est consciente de ne pas détenir de formule magique pour un festival sans accrocs. « Mais un Aurillacois en colère, il suffit parfois de s’intéresser à son souci pour apaiser des situations », explique Éric. C’est ce qui vient d’arriver à Samuel au téléphone. « Une dame m’appelle parce que les festivaliers urinent devant chez elle. Cinq minutes plus tard, elle raccroche en rigolant, c’est réglé. »

Freeform mise alors aussi sur un recrutement de médiateurs qui connaissent les milieux festivaliers. Lenny, qui est aujourd’hui dans l’équipe de jour, travaille avec Freeform depuis un an. Et c'est une habituée des scènes technos.

 Je pouvais vivre ma passion tout en aidant à rendre la fête plus sûre. 

Elle participe à une approche qui ne cherche pas à prendre de haut. « Ce que j’ai aimé, c’est de chercher cette complicité entre résidents et festivaliers. » 

(*) Prénoms modifiés.

Mona Bru