Réserve de ciel étoilé, vue sur la Voie lactée... Quand le Limousin vous en met plein les cieux
Dans leur camion aménagé, ils ont aussi bricolé un faux ciel étoilé avec une carte céleste collée au plafond... « Comme ça, on peut continuer d’observer même quand il ne fait pas beau dehors », sourient Laura et Johan.
Ce couple itinérant est tombé si amoureux des cieux de la région qu’ils ont décidé ces derniers mois de réduire leur pérégrinations au Plateau de Millevaches. Réduire, façon de parler. Car ils passent toutes les nuits debout avec le projet doux-rêveur : photographier les cieux aux quatre coins du parc naturel (PNR).
Une tournée photo des spots emblématiquesDepuis l’hiver 2021-2022, le parc naturel bénéficie du très sélectif label Réserve international de ciel étoilé (RICE) pour en attester. Un atout majeur pour les acteurs locaux du tourisme qui en escomptent des effets : « Nos accueils touristiques ont régulièrement des questions au sujet de la RICE, des gîtes ont été réservés au cours de l’année par des clubs d’astronomie d’ailleurs en France... Et pour les Nuits des étoiles, début août, on trouvait du monde en soirée sur le Mont Bessou : des gens qui venaient ici spontanément pour observer », résume Jérémy Truand, conseiller à l’office de tourisme de Haute-Corrèze. Le PNR de son côté a flêché onze “spots” d’observation nocturnes privilégiés, pour tous les publics, et sur tous les versants de la montagne limousine.
« Les gens regardent le coucher de soleil mais s’en vont avant les étoiles, dommage »
Mais la démarche de Laura et Johan est sans doute la première aussi systématique depuis la création de cette dynamique astro sur le Plateau. Ils incarnent bien ces personnes qui sont venues jusqu’ici par la RICE et pour les étoiles. « Nous voulons photographier le ciel en panoramique sur les onze sites recensés à l’heure actuelle. De nuit comme de jour. Pour souligner à quel point notre perception peut changer de l’un à l’autre... Les gens du coins peuvent très bien connaître un endroit de jour, mais ne soupçonnent pas sa richesse la nuit. » Le coup de coeur a eu lieu l’an dernier, lorsque Johan a répondu à une commande du PNR pour trois vidéos promotionnelles.
Réserve de ciel étoilé à Millevaches, qu'est ce que c'est ? (août 2022)
Il conçoit son nouveau projet photo comme le prolongement de ce précédent travail. Et envisage plusieurs déclinaison au service de la RICE, éventuellement dans le cadre du PNR. Avec une dizaine d’années d’animation scientifique derrière lui et des compétences audiovisuelles, il imagine par exemple la création d’audioguides pour les spots d’observation.
Johan a commencé son parcours dans les Pyrénées et l’a poursuivi sur les routes d’un large sud-ouest de la France, avec Les Rendez-vous du Ciel, une association qu’il avait créée pour proposer de l’astronomie itinérante. Cela jusqu’aux années Covid qui ont stopé les rencontres et l’ont contraint à se recycler dans la production d’images avec la création d'une boîte de production "Popcorn et Galaxie". D’où le contact avec le PNR.
Une culture de la nuit à réinventerDepuis, le couple ne tarrit pas d’éloges sur le ciel de Millevaches. « En le voyant, on s’est dit qu’il n’était pas aussi beau dans les Pyrénées, qui était pourtant notre référence... Par contre, on a constaté qu’il y a toute une culture de la nuit à réinventer. Une prise de conscience : des gens qui regardent un coucher de soleil puis s’en vont avant les étoiles, dommage ! C’est comme si vous regardiez le générique d’introduction d’un film et que vous partiez avant le début de celui-ci... »
Si vous restez pour le film, que vous traînez la nuit dans les étoiles, vous y croiserez peut-être ces deux passionnés. Ils ne vous saluent pas d’un “bonjour”, mais toujours d’une “bonne nuit”.
Des observations pour tousC’est gratuit et c’est ouvert toute la nuit… Le ciel étoilé offre un spectacle sans pareil pour peu qu’on se donne la peine de veiller un peu. Plusieurs niveaux d’observation sont possibles, d’une simple contemplation entre amoureux jusqu’au défi photo… Une bonne façon de commencer est de s’initier aux constellations. Elles permettent de s’orienter et offrent matière à rêverie avec toute la mythologie qui leur est attachée. La Grande Ourse est bien sûr la plus simple à trouver mais sachez qu’il y en a 87 autres !La Grande Ourse, visible l'été vers l'Ouest. Photo F.BressyLa Lune est un autre objet céleste évident à découvrir. On observe ses différentes phases à l’œil nu puis ses cratères et ses “mers” avec de bonnes jumelles. Les planètes du système solaire s’invitent aussi régulièrement dans le décor : ce mois-ci mars et Jupiter qui se rapprochent visuellement – un gros point blanc et un petit point rouge lorsqu’on regarde en direction du nord-est.Un quartier de Lune. Photo F.BressyPour les plus mordus, il est possible de s’adonner à l’astrophoto avec un appareil qui permet les poses longues et/ou un logiciel qui combine les prises. À l’exemple de ce “filé” d’étoiles réalisé sur 3 heures et qui trahit la rotation de la Terre dans ce laps de temps.Un filé d'étoiles sur 3 heures. Photo F.BressyEnfin, difficile de ne pas mentionner cette année la possibilité de voir des aurores boréales, jusque chez nous ! Le Soleil est à son pic d’activité décennale et réserve de très belles surprises qu’il faut savoir saisir : les aurores ne se prévoient que quelques heures à l’avance et sont par nature éphémères. Si l’incroyable nuit du 11 mai reste en tête d’autres aurores sont encore apparues début août. Il faut rester à l’affût.
Floris Bressy
floris.bressy@centrefrance.com