+ 482 euros sur l'année : le coût de la vie étudiante continue d'augmenter à la rentrée
Dans moins de deux semaines, près de 3 millions d’étudiants s’apprêtent à découvrir ou à retrouver les bancs de l’université. Certains appréhendent la reprise, d’autres l’attendent avec impatience. Mais qui dit rentrée, dit également nouvelles dépenses, et pas des moindres. Selon le dernier rapport de l’Union nationale des étudiants de France (Unef), syndicat majoritaire, le coût moyen de la vie pour un étudiant s’élèvera l’an prochain à 1.158,70 euros par mois. Une hausse de 2,25 % par rapport à l’année universitaire précédente, soit 482,16 euros de dépenses supplémentaires à couvrir durant l’année. Autrement dit, un budget alourdi de 40,18 euros chaque mois.
L’inflation, pas la seule responsableSi l’inflation explique en partie cette croissance, elle n’en est toutefois « pas la seule cause », signale Salomé Hocquart, vice-présidente de l’Unef. Dans le viseur du syndicat, le rôle de l’État, « responsable de la plupart des politiques étudiantes » mais également celui des « collectivités territoriales, qui ont un rôle majeur dans les villes ». En sept ans seulement, « depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron en 2017 », le coût de la vie étudiante a connu « une hausse de 27,76 % », alerte l’organisation syndicale.
Parmi les principaux postes de dépenses en augmentation, l’électricité en hausse de « 4,8 % en un an », les loyers « en hausse de 1,08 % » avec un « loyer moyen estimé dans le pays à 560,31 euros » ou encore « une inflation de 0,82 % sur les produits alimentaires en un an ». Mais le contexte inflationniste n’explique pas tout pour l’Unef. Le syndicat relève aussi l’« augmentation de 2,93 % des frais universitaires », fixés à 175 euros à la rentrée, celle de la Contribution de vie étudiante et de campus (Cvec) « de 14 % depuis sa création en 2018 », ou encore « une hausse de 3,5 % des loyers en résidence Crous* ». En somme, une augmentation moyenne de 2,25 % en un an à l’échelle nationale.
Des disparités selon les régionsCe mercredi, l’Unef complète ces statistiques par la publication du « classement des 47 villes universitaires les plus chères pour les étudiants ». Le but de ce nouveau rapport : « apporter plus de précisions pour se situer localement, au-delà des chiffres nationaux » explique Salomé Hocquart. Pour établir une telle classification, son syndicat se base chaque année sur trois critères : « un socle commun à l’échelle du pays (basé sur la moyenne nationale du coût de la vie étudiante), le coût du logement et celui du transport dans chaque ville ».
Si Limoges y occupe par exemple la dernière place avec un « coût de la vie étudiante relativement faible, mais qui a tout de même dépassé le cap symbolique des 1.000 euros par mois », d’autres villes comme Nice accusent une dégradation de leur situation. Selon les calculs de l’Unef, il faudra par exemple débourser 1.300 euros par mois en moyenne pour suivre ses études à Nice et jusqu’à 1.500 à Paris, définitivement indétrônable du haut du tableau. Bien que n’étant pas la plus onéreuse, la ville de Poitiers a elle aussi gagné quelques places au classement en raison, d’« une tension immobilière causée par un manque de logements », explique l’Unef.
En dehors des loyers définis par le secteur privé, le syndicat porte également la responsabilité à « certaines collectivités territoriales qui ne plafonnent pas les prix des locations ». Le syndicat pointe également du doigt les réticences de certaines d’entre elles qui « refusent de céder des terrains pour construire des logements Crous ». Autre enjeu, le coût des transports en commun : « certaines villes comme Montpellier ont fait un gros pas en avant en rendant leur réseau gratuit mais la plupart font encore peu pour les étudiants ». Un appel clair : « on ne peut pas résoudre la crise étudiante sans l’intervention de tous les acteurs », conclut finalement Salomé Hocquart.
Victor Delair